Travaux publics : un besoin de visibilité pour continuer les transitions
Dans un climat conjoncturel beaucoup moins délicat que leurs cousins du bâtiment, les professionnels des travaux publics affichent une feuille de route bien établie rythmée par deux mots d’ordre : la transition écologique et l’innovation. Reste que sa mise en œuvre ne pourra être réellement efficiente qu’avec une réelle visibilité. Cette visibilité passe notamment par une amélioration de l’ingénierie des donneurs d’ordre publics et un respect de délais de paiement.
Pour le moment tout va bien ou presque, du moins d’un point de vue statistiques conjoncturels! «Depuis le mois de janvier, en cumulé, nos carnets de commandes sont en hausse de près de 15 %. Clairement, nous ne sommes pas touchés comme nos confrères du bâtiment. La construction neuve et les chantiers TP qui en découlent ne représentent qu’entre 10 et 15 % de notre chiffre d’affaires.» Pas du genre à «crier au loup quand cela n’est pas nécessaire" Thierry Ledrich, réélu président de la Fédération des travaux publics de Lorraine le 17 novembre dernier demeure pragmatique. Les carnets de commandes sont remplis pour un peu plus de quatre mois en moyenne (source ; CERC (Cellule économique régionale de la construction) pour le premier semestre 2023) et les tendances générales du secteur se veulent positives.
«En septembre dernier, la production des travaux publics a progressé de 4,1 % sur un an et affiche une hausse de + 7,8 % au troisième trimestre 2023», peut-on lire dans la dernière note conjoncturelle de la Fédération nationale des travaux publics. «Si l’activité n’accélère pas au cours du trimestre (- 0,2 % comparé au premier trimestre), elle gagne cependant en constance par rapport à un début d’année qui manquait d’une orientation claire.»
Besoin en infrastructures
La Lorraine apparaît être dans la moyenne de cette tendance positive. «Il est impossible de prédire aujourd’hui ce qu’il en sera à la fin du premier trimestre 2024», tempère Thierry Ledrich. Une vigilance de mise car plusieurs voyants laissent présager certaines inquiétudes. En première ligne, et presque comme toujours, les délais de paiement. «Ils explosent littéralement et ce qui met en péril nos entreprises et leur trésorerie déjà impactée par les effets post-Covid.» Le tout avec une visibilité loin d’être optimale en termes de mise en chantiers de la part des donneurs d’ordre publics.
«Il faut une plus grande transparence de la commande publique et une ingénierie plus efficace additionné à plus de simplicité administrative pour une meilleure efficacité.» A31bis (dont la réponse se fait toujours attendre) en passant par les infrastructures ferroviaires du sud lorrain, autant d’interrogations aujourd’hui pour les professionnels des TP. «Le besoin en infrastructures est criant et il est fort de constater que l’on oppose toujours la route au ferroviaire. Sur ces sujets, nous avons toujours l’impression d’enfoncer des portes ouvertes.»
Peser encore plus fort pour des prises de décision nécessaires en lien avec les autres organisations professionnelles, c’est l’un des vecteurs de la feuille de route de Thierry Ledrich pour son nouveau mandat. Au même titre, dans un autre volet, que l’intensification des synergie entre les organismes de formation et les potentiels candidats «pour contribuer à une image flatteuse des TP à travers une meilleure connaissance des métiers et des opportunités de carrière.» À l’instar d’autres secteurs du BTP, les travaux publics font partie des métiers en hypertension. Avoir des chantiers en perspective, c’est bien, avoir les femmes et les hommes pour les réaliser, c’est mieux…