Hôtellerie

Umih 80 : « C’est aussi à nous de nous réinventer »

Début novembre, l’Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie (Umih) 80 tenait son Assemblée générale à Ailly-sur-Noye. L’occasion d’évoquer l’impact de la crise sanitaire sur un secteur en profonde mutation.

Christophe Duprez, président de l’Umih 80 et Christopher Terleski. (c)Aletheia Press/DLP
Christophe Duprez, président de l’Umih 80 et Christopher Terleski. (c)Aletheia Press/DLP

« Unissons-nous pour faire face à l’évolution de nos métiers ! », lance Christophe Duprez, président de l’Umih 80 en guise d’introduction à l’Assemblée générale de sa structure, le 8 novembre dernier à Ailly-sur-Noye. « La reprise est là, mais nous devons faire face à des problèmes importants de recrutement », poursuit celui qui achèvera son mandat à la fin de l’année.

Augmentation des salaires de 9%, treizième mois, un week-end par mois non travaillé… le président de l’Umih 80 a évoqué les pistes pour attirer des salariés dans un secteur qui a vu 150 000 professionnels quitter ses rangs à l’occasion de la crise sanitaire. « Nous devons être acteurs du changement, c’est aussi à nous de nous réinventer, d’être plus attractifs », souligne-t-il.

Trouver des solutions

Pour accompagner ces évolutions, deux initiatives ont été présentées : Approlocal et Humando. La première, créée il y a huit ans par la Chambre d’agriculture et le département de la Somme, met en lien producteurs et restaurateurs. 

« Nous vous garantissons les prix les plus justes et un contact direct avec le producteur ce qui offre notamment la possibilité d’ajuster vos besoins, détaille Céline Rivet en charge du dispositif pour la Somme, avant d’ajouter : C’est un site très simple où vous pouvez commander en quelques clics des fruits, légumes, de la viande ou de l’épicerie. » Aujourd’hui initiative régionale, Approlocal, qui compte 200 fournisseurs, dont 100 dans la Somme, a enregistré en 2019 quelque 10 000 commandes pour 1,9 million d’euros.

Autre projet mis en avant : l’ouverture à Abbeville en février 2020 d’Humando, agence d’intérim spécialisée dans l’insertion. « Nous avons identifié le secteur de la baie de Somme comme prometteur, notre objectif est de vous accompagner dès la prochaine saison dans vos besoins de recrutement », souligne Clarisse Herbert, directrice d’agence. 

En partenariat avec Interfor, Humando a imaginé la formation d’un groupe de huit personnes éloignées de l’emploi au titre de serveur en restauration. « Nous restons l’employeur, nous gérons toute la partie administrative et nous vous facturons la prestation », souligne-t-elle.

L’Umih 80 comptait, en 2020, 354 adhérents. (c)Aletheia Press/ DLP

Être innovant

Pour réfléchir à l’avenir, l’Umih 80 a également invité Christopher Terleski, Directeur général de CHR Conseils & Solutions, cabinet de conseils à destination de l’hôtellerie restauration. « Si vous êtes là, cela veut dire que vous avez survécu à une crise comme nous n’en avions pas connu depuis les deux guerres mondiales, lance-t-il. Aujourd’hui, l’enjeu est de vous réorganiser, de retrouver et de consolider votre trésorerie, hors PGE. »

Afin de gagner en compétitivité, Christopher Terleski a aussi pointé plusieurs axes d’amélioration : « La qualité, la gestion et la visibilité sont aujourd’hui les ingrédients indispensables pour faire progresser vos établissements : la qualité de votre offre, de votre accueil, de votre service, la gestion de votre entreprise et de votre personnel, mais aussi votre visibilité sur le Web sont des points essentiels », martèle-t-il.

L’État au rendez-vous

Fabrice Neveu, sous-préfet en charge de la relance dans la Somme a rappelé que l’ensemble du secteur a bénéficié de 1,1 milliard d’euros d’aides, dont 560 millions sous la forme de PGE. Des prêts garantis par l’État qui devraient être prolongés jusqu’en juin 2022, si la Commission européenne donne son accord. 

Outre le PGE, 15% du milliard versé a été utilisé pour indemniser le chômage partiel et 15% a abondé le fond de solidarité. « Certains professionnels ont réussi à s’en sortir grâce à la vente à emporter, enregistrant une baisse de leur chiffre d’affaires de 10%, d’autre ont vu leur résultat baisser de 50% », note Fabrice Neveu. Si la reprise est au rendez-vous notamment sur la côte picarde, le tourisme de mémoire, qui dépend à 85% des visiteurs étrangers, rencontre, lui, plus de difficultés.