Ukraine: lancement à Paris d'une "coalition artillerie"

Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu devait lancer jeudi à Paris une "coalition artillerie" visant à renforcer les capacités de Kiev face à la Russie, une cérémonie à laquelle...

Des obus de 155 mm pour des canons d'artillerie français César utilisés par les forces armées ukrainiennes, le 4 avril 2023 à Tarbes © Lionel BONAVENTURE
Des obus de 155 mm pour des canons d'artillerie français César utilisés par les forces armées ukrainiennes, le 4 avril 2023 à Tarbes © Lionel BONAVENTURE

Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu devait lancer jeudi à Paris une "coalition artillerie" visant à renforcer les capacités de Kiev face à la Russie, une cérémonie à laquelle son homologue ukrainien assistera par visioconférence.

Cette coalition, pilotée par la France et les Etats-Unis, est l'un des volets du groupe de contact pour la défense de l'Ukraine dit groupe de Ramstein, réunissant plus de 50 pays.

L'atelier auquel participent 23 nations "vise à fédérer les efforts pour aider --dans le court et le long terme-- l'Ukraine à disposer d'une force d'artillerie adaptée aux besoins de la contre-offensive et de son armée de demain", a indiqué le ministère français des Armées.

Le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov, longtemps annoncé présent, a annulé au dernier moment sa venue en France "pour des raisons de sécurité", a fait savoir Paris dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Le grand enjeu pour l'Ukraine c'est d'achever sa transition d'un matériel soviétique vers un matériel occidental", estime le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand. Les canons datant de l'ère soviétique sont adaptés à des obus de 122 mm, alors que les systèmes occidentaux utilisent des obus de 155 mm.

Pour armer les canons, l'Union européenne s'est donné pour objectif de fournir à l'Ukraine un million de munitions d'ici le printemps 2024. Mais seuls 300.000 obus ont été livrés à ce jour, selon des parlementaires européens.

Côté français, M Lecornu s'est félicité jeudi d'un triplement des livraisons de munitions à l'Ukraine, passées de 1.000 unités par mois à 2.000 durant la première année de guerre, et qui devraient grimper à 3.000 obus à partir de janvier. 

"Pour quelles raisons? Economie de guerre", a-t-il précisé sur la radio publique France Inter. "On est en train de remettre la main sur des stocks de poudre. On recycle des poudres sur des munitions qui n'ont pas été utilisées".

Ces quantités ne suffisent toutefois que pour quelques jours de combat, selon des experts.

Le ministre a aussi annoncé la livraison d'une cinquantaine de missiles sol-air A2SM par mois à partir de janvier, durant toute l'année. De moyenne portée, ils seront capables de s'adapter sur des avions "de classe soviétique" comme des Mig et des Sukhoï, que l'Ukraine utilise, a-t-il assuré.

En outre, "la France a la capacité de produire en 2024 et début 2025 78 Caesar fléchés pour l'Ukraine", selon le ministère. Six d'entre eux, payés par Kiev, seront livrés "dans les prochaines semaines", les 72 autres devant trouver des financements collectifs.

En décembre, le ministère ukrainien de la Défense avait déclaré qu'il était "très important pour l'Ukraine de renforcer sa puissance de feu grâce à la fourniture de systèmes d'artillerie par les alliés", précisant être intéressé par l'acquisition de davantage de Caesar.

Front gelé

La France lui en a déjà cédé ou vendu 30 unités. 

Le Danemark a également fourni 19 exemplaires d'une version blindée à huit roues. Monté sur camion, le Caesar peut tirer des obus de 155 mm à 40 kilomètres de distance.

Le président français Emmanuel Macron a réitéré mardi son soutien à Kiev, dont la contre-offensive militaire n'a pas donné les résultats escomptés. Il a également annoncé qu'il se rendrait en février en Ukraine, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre en février 2022.

La France est "en train de finaliser un accord" de sécurité avec Kiev du type de celui conclu vendredi entre le Royaume-uni et l'Ukraine sur dix ans, a-t-il ajouté, annonçant notamment de nouvelles livraisons d'une "quarantaine" de missiles (longue portée) Scalp.

Samedi, lors de sa première visite en Ukraine, le nouveau ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait évoqué la possibilité de "renforcer la capacité ukrainienne de produire sur son sol" les armes dont elle a besoin.

Près de deux ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, le front est quasiment gelé depuis de nombreux mois.

L'Ukraine, visée presque chaque nuit par des drones et des missiles lancés par Moscou, a également exprimé le besoin de renforcer sa défense antiaérienne.

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