UE-Mercosur: un accord "correct" pour l'agriculture française, selon l'ex-directeur de l'OMC

L'ancien chef de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, a déclaré mercredi que le projet d'accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur, massivement refusé à l'Assemblée nationale française dans un vote symbolique...

Des CRS en position lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale à Strasbourg contre l'accord UE-Mercosur, le 26 novembre © Frederick FLORIN
Des CRS en position lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale à Strasbourg contre l'accord UE-Mercosur, le 26 novembre © Frederick FLORIN

L'ancien chef de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, a déclaré mercredi que le projet d'accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur, massivement refusé à l'Assemblée nationale française dans un vote symbolique mardi, était un "accord correct pour l'agriculture française".

"C'est plutôt un bon accord pour les Européens et même un accord correct pour l'agriculture française", a-t-il assuré au micro de la télévision française BFM Business, estimant que les industries des vins spiritueux et du fromage avaient à y "gagner", mais que demeurait un "problème" circonscrit à la filière bovine. 

"Il ne faut pas laisser les Chinois occuper complètement l'Amérique latine", a lâché l'ancien directeur général de l'OMC et ex-commissaire européen pour le commerce, qui a exprimé des réserves sur la faculté de la France à réunir une minorité de blocage à Bruxelles pour empêcher l'entrée en vigueur du texte. 

Les contours de l'accord de l'Union européenne avec des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay), ont été arrêtés en 2019, mais certains pays de l'UE, dont la France et la Pologne, s'y opposent, craignant qu'il affecte leurs secteurs agricoles. 

"Le problème de la Pologne, ce n'est pas le Mercosur, c'est l'Ukraine", a jugé M. Lamy.

Des agriculteurs polonais ont organisé samedi le blocage d'un important poste frontalier avec l'Ukraine, pays dont les exportations agricoles sont soutenues par des politiques européennes dans le cadre de la guerre entre Kiev et Moscou. 

"Il peut y avoir des positions tactiques, donc je ne suis pas sûr que la position de la Pologne ne cède pas", a ajouté l'ancien chef de cabinet de Jacques Delors. 

Interrogé sur la portée des annonces de Donald Trump promettant des hausses de droits de douane contre la Chine, le Mexique et le Canada, Pascal Lamy n'y croit "pas beaucoup" et a relativisé les effets de ces promesses sur le commerce mondial.

"Même si on commence dans cette direction, Wall Street est assez puissant sur le président des États-Unis pour lui faire comprendre que ça ne fait pas beaucoup de sens", a-t-il évalué.

Une augmentation des taxes douanières aux Etats-Unis aurait toutefois "un impact sur l'économie mondiale, plutôt sur l'inflation", a jugé M. Lamy,  mais "ne va pas faire un incendie pour peu que les membres de l'OMC se comportent conformément aux engagements qu'ils ont pris les uns vis à vis des autres."

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