"Tueur de DRH": Gabriel Fortin condamné à nouveau à la peine maximale
Gabriel Fortin, surnommé le "tueur de DRH", a été une nouvelle fois condamné, en appel mardi à Grenoble, à la réclusion criminelle à perpétuité pour trois assassinats et une tentative d'assassinat au terme d'un procès où...
Gabriel Fortin, surnommé le "tueur de DRH", a été une nouvelle fois condamné, en appel mardi à Grenoble, à la réclusion criminelle à perpétuité pour trois assassinats et une tentative d'assassinat au terme d'un procès où il a refusé jusqu'à la fin de comparaître.
Après un court délibéré, la cour d'assises de l'Isère a estimé que l'accusé était en proie à des troubles psychiques au moment des faits, commis en janvier 2021, mais a décidé de ne pas appliquer de minoration de peine. Le verdict a été prononcé devant un box vide, l'accusé refusant de se présenter devant la cour, comme depuis le début du procès.
La réclusion est, comme en première instance, assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
Ce verdict est exactement conforme aux réquisitions de l'avocat général, qui avait mis en avant dans la matinée l'"extrême dangerosité" de l'accusé et un "risque évident de récidive", et à celui de première instance.
Il a été accueilli avec "soulagement" par les parties civiles. "Il va finir ses jours en prison, il ne sortira plus jamais. Moi j’en ai pris pour perpétuité, jusqu’à la fin de mes jours, et comme je l’ai dit en première instance, ça reste pas cher payé pour moi", a réagi Jean-Luc Pasquion, veuf de l'une des victimes, peu après le verdict.
"On est toujours déçu quand on n’est pas entendu mais ça n’est pas une totale surprise compte tenu de l’ambiance, de l’audience, de l’absence de notre client", a déclaré de son côté Me André Buffard, l'un des deux avocats de Fortin.
Dans sa plaidoirie plus tôt dans l'après-midi, il avait présenté son client comme "quelqu'un que tout le monde a envie de haïr" mais qui ne devrait pas être jugé de la même façon qu'une personne "normale". En écartant l'atténuation de peine, ce verdict "va contre l'esprit du texte", a-t-il estimé.
Il est désormais "très possible, vraisemblable" que Fortin fasse un pourvoi en cassation, comme il en a la possibilité pendant cinq jours, a-t-il ajouté.
Expertises psychiatriques
Le parcours meurtrier en janvier 2021 de Fortin, 49 ans, avait plongé le pays dans l'émoi et la stupéfaction.
Trois de ses victimes avaient été associées à ses licenciements et la quatrième travaillait dans une agence Pôle emploi de Valence qu'il avait fréquentée. L'enquête avait rapidement établi que son passage à l'acte avait été minutieusement préparé et que Fortin avait potentiellement dans le viseur plusieurs autres personnes contre lesquelles il avait accumulé divers griefs.
La question de l'altération du discernement et la "dangerosité" de Fortin étaient au cœur de ce long procès, ouvert le 13 mai, et qui a aussi été marqué par son absence quasi-totale dans le box des accusés. Répétant n'avoir "rien à dire", il n'y aura fait que de brèves apparitions ponctuées d'esclandres visant à se faire expulser.
Les parties civiles ont fustigé un "mur de silence inexplicable" témoignant de la "lâcheté" de l'accusé et visant probablement à "faire souffrir à nouveau les familles", moins d'un an après le procès de première instance tenu à Valence en juin 2023.
"Nous sommes face à une paranoïa de combat, la plus dangereuse", avait souligné l'avocat général dans son réquisitoire. L'ex-ingénieur se caractérise par "une absence totale d'empathie envers les victimes", une "dangerosité criminologique" et un "refus catégorique de toute démarche de soins", avait-il lancé.
L'avocat général est revenu sur les deux expertises psychiatriques conduites sur l'accusé, dont la plus récente a conclu à une altération de son discernement au moment des faits. Il avait émis le souhait que cet élément, s'il devait être retenu par la cour, "n'entraîne aucune minoration de la peine".
Non seulement Gabriel Fortin n'a pas expliqué et encore moins regretté son geste, mais il refuse de se soumettre à des soins, ce qui le rend encore plus dangereux, ont argué les avocats des parties civiles, exposant le traumatisme et la "peur" toujours vivaces des victimes et de leurs proches.
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