Tribunal de commerce de Beauvais : anticiper les effets de la crise
Le tribunal de commerce Beauvais continue de mettre le cap vers les entreprises en difficulté et entend prévoir les effets de la crise. Il fait appel à la collaboration des chefs d’entreprise.
L’année 2015 n’a pas été l’année de la reconstruction pour les entreprises du Beauvaisis. Alors que 2014 a été signe d’une dynamique globale, 2015 est juste le signe d’une crise qui dure : le secteur du BTP est toujours en souffrance et la trésorerie des entreprises est toujours tendue. « Nous espérons que 2016 soit moins tourmentée que 2015 », a souhaité le Procureur général. Le nombre de la création d’entreprise est tout de même un indicateur de la bonne dynamique locale : pour les sociétés, elle est passée de 632 en 2013 à 673 en 2014 et à 747 en 2015. Par ailleurs, le résultat global de l’état actuel des sociétés est à relativiser avec le nombre de radiations qui, quant à lui, a augmenté : 529 en 2013, 343 en 2014 et 541 en 2015.
Pour les commerçants, la situation reste stable, avec aucune évolution et une baisse significative par rapport à 2013 : le nombre d’immatriculations s’élève à 239 en 2013, à 103 en 2014 et de 100 en 2015. « Le nombre de radiation des commerçants montre le contexte est positif », constate le Procureur général. On enregistre en effet 2017 radiations en 2013,160 en 2014 et 194 en 2015. L’augmentation de l’entreprenariat (aucun enregistrement en 2014 contre 381 en 2015 et 11 radiations seulement en 2015) contextualise également la situation globale : les porteurs de projet préfèrent davantage commercer par l’entreprenariat que de créer tout de suite leur société.
Selon François Delhaye, président du tribunal de commerce, « le nombre d’emploi menacé est encourageant ». On enregistre 451 emplois menacés en 2013, 841 en 2014 et 381 en 2015. Le nombre de salariés à l’ouverture de procédure de liquidations s’élève à 381 soit 66% des dossiers.
Continuer les actions
Le tribunal de commerce de Beauvais continue donc le cap fixé depuis quelques années : anticiper les effets de la crise et repérer le plus tôt possible des entreprises en difficulté. François Delhaye n’insistera jamais assez : « Au total, 107 entretiens de prévention ont été mis en place en 2015 avec les chefs d’entreprise, 67 rendez-vous ont été donnés avec le Président et 24 sanctions ont été prononcées. Je rappelle que ces entretiens sont primordiaux et permettent de mettre en relation les patrons avec les professionnels du droit. Mais ce dispositif nécessite que le chef d’entreprise accepte de venir nous voir avant que les problèmes n’arrivent. Il faut que les chefs d’entreprise communiquent leurs problèmes, cela éviterait certains problèmes impossibles à résoudre quand ils sont pris trop tard malgré nos sollicitations. » Comment y remédier ? Le président propose « d’élargir l’offre de formation dans la gestion d’entreprise mais surtout dans la tenue d’un tableau de bord ».
Pour aider les entreprises, le Procureur général a annoncé « traquer les entreprises du BTP venant de la région parisienne qui travaillent dans l’Oise avec des salariés non déclarés, ce qui représente une menace pour les entreprises isariennes ». Pour pallier tous ces problèmes, le tribunal de commerce de Beauvais agit : il va mettre en place un livret pour donner des informations clés aux chefs d’entreprises.