Transport maritime : l’ENSM modernise ses formations
Au Havre, l’École Nationale Supérieure Maritime (ENSM) fait évoluer son diplôme d’ingénieur pour former des futurs officiers de marine polyvalents et armés face aux évolutions technologiques.
Alors que l’explosion du commerce transcontinental crée des tensions sur le marché du travail dans la marine marchande, l’École Nationale Supérieure Maritime accompagne le mouvement et cherche à prendre un temps d’avance. Cet établissement, dont les origines remontent à Colbert, veut en effet refondre ses enseignements, notamment sur son cycle ingénieur, afin d’intégrer de nouvelles compétences. Déjà l’un des seuls instituts au monde à proposer une formation polyvalente, intégrant la compétence conduite et la compétence technique de propulsion, l’École nationale veut anticiper l’avenir et préparer ses diplômés aux évolutions attendues des métiers de la marine.
Polyvalence et compétence
« Il y a la question de la transition énergétique, pointe François Lambert, le directeur de l’école. Nous devons faire en sorte que nos élèves ne soient pas désemparés face à un moteur GNL ou hydrogène par exemple. Ou qu’ils sachent gérer une propulsion à voile. » Des compétences informatiques renforcées sont aussi nécessaires. L’automatisation des navires est croissante. Avec elle, les risques de cybercriminalité sont de plus en plus présents. « Demain le piratage d’un navire, commencera forcément par une cyberattaque », poursuit le directeur général de l’ENSM. Un appui plus important sur le management devrait aussi être intégré dans le cursus.
De quoi renforcer la polyvalence des diplômés de l’ENSM, louée des armateurs, notamment sur la place havraise, où l’école accueille 400 de ses 1200 étudiants. « Aujourd’hui, tous nos élèves sont recrutés avant même de sortir de l’école, se félicite Guillaume de Beauregard, le directeur du site. Ils débutent leur carrière avec un salaire confortable et peuvent aisément la faire évoluer lorsqu’ils décident de poser le sac à terre ». « On cherche à sortir de l’image d’Epinal de la marine marchande, poursuit François Lambert. Il y a l’aventure, les voyages, mais pas seulement. On peut aussi faire du côtier et du 7 j / 7j (7 en mer, puis 7 à terre, ndlr). Pas seulement du 3 mois – 3 mois. »
Attirer les candidats
La refonte du cursus devrait aussi apporter des facilités pratiques aux élèves. Actuellement le cycle ingénieur prévoit 2 ans et demi à l’école de Marseille, puis autant au Havre. Mais ces mois passés au Havre sont entrecoupés de stages en mer. Une rationalisation du temps passé au Havre est donc à l’étude. De quoi, aussi, mieux profiter de la vie étudiante qui fourmille et se développe autour des Docks et un campus en cœur de ville qui attire de plus en plus...
En tout cas, les candidats sont là. S’il est encore tôt pour mesurer les effets des changements engagés par l’école, les portes ouvertes ont affiché complet. De quoi réjouir les dirigeants de l’ENSM qui se félicitent aussi de l’évolution des profils. « Nous avons des élèves vraiment très motivés, pour qui, entrer dans la marine marchande est vraiment un rêve », assure Muriel Mironneau, directrice de la communication de l’école. L’approche technologique du métier, avec la présence de deux simulateurs grandeur nature au sein de l’établissement, attire, bien au-delà des enfants de marins. Les femmes sont aussi de plus en plus présentes, bien que toujours sous représentées. « Nous n’avons que 16 % de femmes dans nos effectifs étudiants. C’est en progrès, mais encore peu, constate François Lambert. Pourtant, cela ne pose aucune difficulté pour devenir officier de marine. »
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre