Transmission

Transmission intrafamiliale : l’urgence est de mise pour le Family Business Network Grand Est

Avec près de 50 % d’entreprises familiales à transmettre dans les dix prochaines années, c’est tout un pan de l’économie des territoires qui est en sursis ! L’urgence de la transmission de ce modèle d’entreprise, à l’instar des autres, est bien présente. Reste encore et toujours à convaincre de sa nécessaire préparation et anticipation de la part des dirigeants. Cette urgence, le Family Business Network Grand Est se l’est fait sienne.

© Emmanuel Varrier. Dominique Mauffrey, président de l’antenne Grand Est du Family Business Network, Sophie Unfricht, sa déléguée régionale et Jacques Bachmann, membre du FBN militent sur l’urgence de l’anticipation en matière de transmission intrafamiliale.
© Emmanuel Varrier. Dominique Mauffrey, président de l’antenne Grand Est du Family Business Network, Sophie Unfricht, sa déléguée régionale et Jacques Bachmann, membre du FBN militent sur l’urgence de l’anticipation en matière de transmission intrafamiliale.

La moitié des entreprises familiales sont à transmettre dans les dix prochaines années du fait du vieillissement de leurs dirigeants ! Petit problème, la grande majorité (près de 60 %) n’ont rien fait pour préparer leur succession et assurer ainsi la pérennité de leur entreprise.

«Une transmission mal préparée peut entraîner la vente de l’entreprise à des fonds d’investissements, des groupes étrangers avec un risque de délocalisation, de pertes d’emploi et de disparition des savoir-faire. Une entreprise familiale se doit d’être ancrée dans son territoire.» Pour Dominique Mauffrey, président du groupe vosgien de transport éponyme et président de l’antenne Grand Est du Family Business Network, l’urgence de la transmission d’entreprise est tout simplement vital pour la survie économique de bon nombre de territoires et notamment ruraux.

Dans l’Hexagone, les entreprises familiales représentent 71 % du tissu entrepreneurial et génèrent 69 % des emplois et 70 % du PIB.

«Ce sont bien les entreprises qui font vivre les territoires mais en France, le taux de transmission intrafamiliale est compris entre 14 % et 22 % tandis qu’en Allemagne, ce taux atteint les 65 % et l’Italie affiche les 90 %.»

Pérenniser l’entreprise sur son territoire

L’acculturation a cette nécessaire préparation s’additionne au fait que «rien n’est vraiment fait pour faire connaître cette urgence. D’une manière générale dans l’écosystème économique et entrepreneurial. On parle beaucoup de création d’entreprises mais très peu de transmission», constate Jacques Bachmann, le fondateur d’Actibac-Noremat et membre du Family Business Work.

La donne n’est pas nouvelle de cette urgence de la transmission d’entreprise mais force est de constater que les choses avancent peu ! Cette urgence, le FBN se l’est fait sienne pour son modèle d’entreprise.

«Une entreprise familiale n’a pas du tout le même schéma qu’une entreprise boursière. Sa croissance est au service de sa pérennité et elle se doit de rester dans ses territoires», assurent les deux membres du FBN.

Dans ses six antennes régionales (Grand Est, Grand Ouest, Sud Ouest, Méditerranée, Rhône-Alpes et Auvergne, Nord) les quelque 2 300 membres français de ce réseau fondé en 1989 et présent dans 65 pays affichant près de 20 000 membres, sont invités à participer à des événements pour partager leurs expériences, se former à cette nécessité de préparation de leur transmission.

«Il y a un manque d’anticipation notable des chefs d’entreprise. Le danger, c’est le changement de génération. Il faut la préparer ! Les jeunes seront héritiers mais pas forcément dirigeants car certains ne souhaitent pas être opérationnel mais être actionnaires est une responsabilité qui demande une formation et une implication régulière», continue Jacques Bachmann.

«Au FBN, nous favorisons ce partage d’expériences et nos différents programmes permettent des rencontres entre des jeunes actionnaires et des discussions avec des dirigeants déjà en place», explique Sophie Unfricht, la déléguée régionale Grand Est du FBN.

Reste encore à convaincre de cette nécessaire anticipation. La durée moyenne du processus de transmission intrafamiliale est comprise entre cinq et dix ans !

Pacte Dutreil : toujours intact, jusqu’à quand ? 
«Sans le Pacte Dutreil, il n’y aurait quasiment plus de transmission d’entreprises en France !» Dixit Dominique Mauffrey et Jacques Bachmann. Ces deux entrepreneurs membres du FBN en sont convaincus, cet outil quasi incontournable dans l’univers entrepreneurial permet, encore, la transmission d’entreprise dans l’Hexagone grâce notamment à une exonération partielle des droits de donation. Le dispositif est souvent dans la ligne de mire du législateur. Près d’une quarantaine d’amendements ont été déposés au projet de loi de finances 2025 visant à durcir ses conditions d’application avant la démission du gouvernement Barnier. Au final, le dispositif n’a pas été modifié. Jusqu’à quand ?