Transdev se positionne sur l'exploitation des TER
En vue de l'ouverture à la concurrences des lignes ferroviaires régionales, la Région Hauts-de-France a lancé un appel d'offres portant sur trois lots de son réseau ferré. L'opérateur de mobilité Transdev est candidat. Dans une récente conférence de presse, le directeur régional Vincent Destot a présenté ses ambitions, inspiré du modèle allemand.
D'ici 2023, l'ouverture à la
concurrence des lignes ferroviaires régionales sera obligatoire sur
tout le territoire français. Le conseil régional des
Hauts-de-France a délibéré il y a déjà plus d'un an sur la mise
en concurrence de trois lots du réseau ferré régional : le
secteur Saint-Pol-sur-Ternoise (partant d'Arras et se prolongeant jusqu'à
Lille), le secteur Picardie et le secteur Paris-Beauvais.
L'ensemble représente près de 760 km
de lignes (30% de la longueur du réseau) et 4,9 millions de
trains.km TER annuels (22,2% de l'offre).
Bien qu'il soit toujours dans l'attente
du cahier des charges, l'opérateur de mobilité français Transdev
s'est porté candidat à l'appel d'offres. Il a présenté, lors d'une
conférence de presse fin mars, ses premières ambitions. «Nous
savons que ce sera une démarche longue, avec beaucoup d'échanges et
d'allers-retours, mais nous resterons force de proposition et nous
étudierons toutes les données mises à disposition par la Région
et la SNCF», affirme Vincent Destot, directeur régional de
Transdev Hauts-de-France.
Un opérateur déjà connu dans les
Hauts-de-France
Force est d'avouer que cette filiale de
la Caisse des dépôts a bien des raisons de s'imposer. Déjà
présent dans 1 800 communes via cinq modes de transport,
Transdev a une connaissance accrue du territoire régional au
travers de ses filiales de réseaux urbains «Tadao» à Lens,
«DK'Bus» à Dunkerque, «Corolis» à Beauvais ou encore «Pastel»
à Saint-Quentin.
Plus encore, l'opérateur a déjà
l'expérience de l'exploitation ferroviaire, notamment en Rhône-Alpes, où la fréquentation du
Rhônexpress a augmenté de 34% depuis que Transdev est aux rênes.
C'est cependant en tirant des leçons
de son expérience en Allemagne, de par un réseau d'une typologie
semblable à celui des Hauts-de-France, que Transdev souhaite opérer
dans la région.
Présent dans 18 pays, Transdev est le
deuxième acteur ferroviaire d'Allemagne après l'opérateur
historique Deutsche Bahn. «En Allemagne, l'ouverture du rail
régional à la concurrence date de 1994. Le but est d'observer ce
qui s'y passe depuis plus de 20 ans pour anticiper ce qu'il va se
passer chez nous», continue de Directeur régional.
Selon le candidat à l'appel d'offres,
une ouverture à la concurrence du marché ferroviaire recentre la
satisfaction client au cœur du métier d'exploitant ferroviaire.
Pour améliorer la qualité du service, Transdev prévoit de se
concentrer sur la proximité, la revitalisation des petites gares et
la complémentarité des modes de transport. «En améliorant nos
services, nous espérons redonner le goût du train à nos
utilisateurs quotidiens et donc contribuer à l'accélération de la
transition écologique», projette Vincent Destot.
Un œil attentif sur les voisins
allemands
Reste à connaître le modèle
économique qui pourrait être appliqué. A titre d'exemple, il
existe en Allemagne deux types de contrats : le «montant
net» où l'opérateur perçoit l'argent de la billetterie, ou
le «montant global», où la société organisatrice rémunère
l'opérateur pour sa prestation. «La deuxième option est
préférable car les revenus sont plus stables», témoigne
Christian Glück, directeur commercial de Transdev en Allemagne,
présent à la réunion par visio. «Ces contrats sont d'une durée
de 10 à 15 ans. Ils incluent la maintenance des véhicules et le
système de billetterie. Cependant , la voirie et la signalétique
ne sont jamais à la charge de l'opérateur ce qui peut expliquer
certains retards, pour répondre aux questions sur la ponctualité de
nos trains», continue-t-il.
En Allemagne, Transdev a ses propres ateliers de maintenance. Transdev Hauts-de-France souhaiterait également construire les siens pour procéder à une «maintenance proactive». Une chose est sûre : le candidat retenu par la Région pour l'exploitation de ses voies héritera des trains actuellement en circulation. Un matériel en grande partie récemment renouvelé.
«Nous voudrions que la transition soit la plus fluide possible pour que l'utilisateur ne s'en rende pas compte», avance Vincent Destot.
Côté salariés, «nous comptons également améliorer les conditions de travail des cheminots avec une meilleure rémunération, de nouvelles responsabilités et une nouvelle organisation, un management de proximité… L'objectif est de garder les employés motivés pour que cela se ressente sur l'expérience client».
Le cahier des charges devrait être rendu par la Région d'ici la fin du mois...