Trafic d'influence autour du PSG: l'ancien vice-président macroniste de l'Assemblée Hugues Renson mis en examen

Des billets dans le carré VIP du PSG contre des interventions en vue de décisions favorables de l'administration ? L'ancien vice-président macroniste de l'Assemblée Hugues Renson a été mis en examen jeudi à Paris dans un dossier de trafic d'influence...

Le vice-président de l'Assemblée nationale, Hugues Renson, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 20 juin 2022 © Geoffroy VAN DER HASSELT
Le vice-président de l'Assemblée nationale, Hugues Renson, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 20 juin 2022 © Geoffroy VAN DER HASSELT

Des billets dans le carré VIP du PSG contre des interventions en vue de décisions favorables de l'administration ? L'ancien vice-président macroniste de l'Assemblée Hugues Renson a été mis en examen jeudi à Paris dans un dossier de trafic d'influence autour du club de football de la capitale.

M. Renson, 46 ans, député de Paris de 2017 à 2022, et actuellement secrétaire général d'EDF Hydro selon sa bio personnelle, a été entendu toute la journée jeudi par un juge d'instruction financier parisien, qui l'a également placé sous contrôle judiciaire, selon une source proche du dossier à l'AFP.

"Hugues Renson conteste. Il n’a commis aucun acte illégal dans le cadre de ses missions", a indiqué à l’AFP son avocat Me Mario Stasi.

Selon les éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance, M. Renson est mis en cause pour avoir, en tant qu'élu, obtenu des places pour des matches du club, des avantages pour sa famille ou sollicité un emploi au PSG.

En échange, toujours selon cette source, celui qui avait créé un groupe informel de députés amis du PSG serait soupçonné d'avoir utilisé son "influence réelle ou supposée" pour obtenir pour le club détenu par le Qatar "des décisions favorables d'une autorité ou administration publique", s'agissant d'une salle de sport pour une filiale judo du PSG, du centre d'entraînement du club, de visa pour un personnel etc.

Dans cette enquête à tiroirs ouverte à l'été 2021, plusieurs protagonistes, anciens policiers, personnalités du club ou lobbyistes, sont soupçonnés de s'être rendus des services mutuels en échange d'avantages, provenant parfois du PSG, d'autres fois bénéficiant au club.

Depuis septembre 2022, le magistrat instructeur a mis en examen Jean-Martial Ribes, ex-directeur de la communication du club, Malik Naït-Liman, ancien référent supporters du club et ex-policier des services de renseignement, des policiers et le lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane.

Le nom de M. Renson, ainsi que de celui d'une ex-conseillère (2012-2019) de la cellule sport de l'Elysée, Charlotte Casasoprana, sont apparus dans cette enquête plus récemment, grâce à l'exploitation du téléphone de M. Ribes.

Ils avaient été entendus en audition libre en mai.

Nasser t'invite

Selon des échanges téléphoniques dont l'AFP a eu connaissance, M. Renson aurait contacté les ministres de l'Intérieur Christophe Castaner, en fonction entre 2018 et 2020, ou Gérald Darmanin (2020-2024), après des demandes de M. Ribes.

Entendu comme témoin en mai, un des ex-collaborateurs de M. Renson à l'Assemblée entre 2017 et 2020 a évalué à "une vingtaine" le nombre de places offertes par le PSG au député au sein du "Carré", le très chic et très prestigieux espace des environ 200 invités de marque du club.

D'après les messages obtenus par les enquêteurs sur le téléphone de M. Renson, le chiffre pourrait atteindre une trentaine entre 2017 et 2021.

"Nasser" Al-Khelaïfi, partie civile dans ce dossier et patron qatari du PSG, "t'invite au match", écrit par exemple M. Ribes en avril 2021, deux jours avant un important quart de finale de Ligue des champions à Paris.

Interrogé sur des interventions précises de M. Renson en faveur du club parisien, l'ex-attaché parlementaire a minimisé : "On en a tellement vu passer et fait passer que je n'en ai pas de souvenir précis". 

Une autre ex-collaboratrice a elle indiqué fin avril que les invitations "étaient liées à (la) fonction" de M. Renson et n'étaient "pas des cadeaux" mais une démarche "assez fréquente" pour des élus.

Il allait parfois au Parc "avec des amis députés", a-t-elle souligné.

Quid des interventions pour des demandes "privées", par exemple pour l'ex-dircom du PSG ? Hugues Renson "est intervenu comme un député envers un administré", a répondu cette ex-collaboratrice.

Le nom de M. Renson apparaît aussi dans l'enquête sur des soupçons de faveur fiscale accordée au club parisien lors du transfert de l'attaquant brésilien Neymar en 2017, traité depuis début 2024 dans une procédure distincte.

La justice se demande si l'ex-vice-président de l'Assemblée nationale a tenté d'obtenir du gouvernement des avantages fiscaux pour le PSG lors du transfert pour 222 millions d'euros (le plus cher de l'histoire) de la superstar dans la capitale.

Selon une source proche du dossier, M. Renson n'a pas été interrogé jeudi sur ce volet de l'enquête.

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