TPE/PME : forte progression des pertes d’emploi chez les entrepreneurs

Selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, publié par l’association patronale GSC et le cabinet Altares, spécialisé dans l’information sur les entreprises, près de 19 000 chefs d’entreprise ont été privés d’emploi, ce premier semestre. Un chiffre en nette hausse.

Près de 19 000 chefs d’entreprise ont été privés d’emploi, ce premier semestre.
Près de 19 000 chefs d’entreprise ont été privés d’emploi, ce premier semestre.

Le contexte économique fragilise les dirigeants d’entreprise. D’après les résultats de l’enquête, il ressort que 18 519 chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle durant les six premiers mois de l’année, ce qui représente une hausse de 28,9 % par rapport à la même période de 2021. «Après avoir connu des seuils historiquement bas ces deux dernières années, les chiffres du premier semestre 2022 renouent progressivement avec les niveaux d’avant crise», déclare Anthony Streicher, président de l’association GSC. Cependant, les dirigeants ne sont pas tous impactés de la même manière. Les seniors sont davantage concernés avec un âge médian de 46,7 ans. Le nombre de chefs d’entreprise de plus de 50 ans ayant vu leur activité disparaître s’élève à 4 152, en hausse de 37,2 %. Mais les entrepreneurs âgés de 31 à 40 ans sont les plus affectés avec 4 511 pertes d’emploi, soit une hausse de 47,8 % sur un an


Les patrons de petites entreprises très fragilisés

Selon les chiffres de l’étude, les trois quarts des défaillances concernent de très petites structures, de moins de trois salariés. Dans le détail, 88 % des entreprises ayant baissé le rideau sont des TPE ne déclarant pas plus de 500 000 euros de chiffre d’affaires. Les pertes d’emploi ont moins touché, en revanche, les patrons de PME de 20 à 49 salariés (- 13 %) et celles comptant plus de 50 salariés (- 16,3 %). S’agissant du statut juridique, l’essentiel des pertes d’activité se concentre sur les gérants de SARL : 7 755 ont été touchés, de janvier à juin, près de 20 % de plus qu’à la même période de 2021. Côté secteurs, parmi les plus impactés, figurent notamment la construction qui concentre près d’un quart des liquidations judiciaires. Les pertes d’activité chez les entrepreneurs de ce secteur évoluent pourtant moins rapidement que la moyenne nationale (+ 11 %). La situation est très nettement dégradée pour les entrepreneurs dont la profession implique un contact direct avec les clients, comme le secteur de l’hébergement/restauration et des débits de boisson. Ce dernier, qui a connu le plus de difficultés avec la crise sanitaire, enregistre 2 092 pertes d’emploi de ses responsables, en hausse de 60,8 %. «Les aides de l’Etat ont permis de faire face à la crise, mais les difficultés de pouvoir d’achat des Français ont des conséquences fortes sur la consommation», indique l’Observatoire. Dans le commerce, 3 815 entrepreneurs ont perdu leur activité professionnelle soit une hausse de 32,8 %. Les patrons du commerce de détail étant particulièrement impactés. Avec 730 pertes d’emploi de dirigeants, le secteur des services aux particuliers est également en souffrance en raison de la baisse des dépenses des ménages (+ 36,2 % par rapport au premier semestre 2021). Enfin, dans les activités du BtoB, qui semblent mieux résister selon l’Observatoire, le plus fort impact a été enregistré dans le secteur transport et logistique où 773 patrons ont mis la clé sous la porte (+ 39,3 %). Dans son dernier Baromètre national des entreprises, réalisé avec l’institut d’études Xerfi , le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce pointait effectivement les activités les plus fragilisées par la crise sanitaire et maintenues grâce au soutien de l’État, comme les plus concernées par les ouvertures de procédures collectives, ce premier semestre, dont l’hébergement /restauration, et les services et commerces de proximité les plus affectés par les liquidations judiciaires.


Les Hauts-de-France, région la plus impactée

Et la situation s’est dégradée sur l’ensemble de l’Hexagone. Le nombre le plus important de défaillances a été constaté en Ile-de-France. Dans cette région, qui pèse économiquement, 3 697 entrepreneurs ont baissé le rideau, mais la progression, de 10,2%, se situe nettement en deçà de la moyenne nationale. Dans les Hauts-de-France, région la plus fragilisée, l’augmentation des pertes d’emploi atteint 63,4% sur un an : 1 420 chefs d’entreprise se sont retrouvés en situation de «chômage», contre 869 sur les six premiers mois de 2021. En Bourgogne-Franche-Comté, la hausse s’établit à 43,5 %. La Normandie, la Bretagne et l’Occitanie connaissent toutes trois une augmentation des pertes d’activité supérieure à 30 %. Seule la Corse est épargnée , qui affiche une baisse de 1,4 %. Cette remontée des défaillances d’entreprise s’explique par plusieurs facteurs de vulnérabilité : reprise de l’inflation, conséquences de la guerre en Ukraine, répercussions de la crise sanitaire... Dans ce contexte économique compliqué, Anthony Streicher appelle les entrepreneurs à faire preuve de vigilance. Sans anticipation, il n’exclut pas que «les situations dramatiques se multiplient.»

AB et B.L