Tirer des leçons de la crise pour rebondir
Les 18 et 19 novembre derniers se déroulait depuis Saint-Quentin la convention d’affaires Robomeetings. Une 4e édition 100% digital, ponctuée de conférences abordant les problématiques actuelles des entreprises. La première à avoir ouvert le bal : "Optimisme et esprit d’entreprise, clés du rebond post-Covid", avec comme intervenant Philippe Bloch, fondateur de Colombus café.
«On pense tous que le XXIe siècle a démarré il y a 20 ans, mais ma conviction, c’est qu’il a débuté pour les Français le 15 mars dernier, quand le président de la République décide de sacrifier l’économie pour sauver des vies. Les Américains avaient l’habitude de décrire ce siècle de ‘VUCA’, pour ‘volatilité’, ‘incertitude’, ‘complexité’ et ‘ambiguïté’. Nous sommes encore dans le monde d’entre-deux, nous ne savons pas vraiment ce que sera le monde d’après, mais il sera ce que nous voulons en faire.» Des réflexions qui ont inspiré le dernier ouvrage de Philippe Bloch paru en juillet dernier, Ce sera mieux après… sauf si on est trop cons ! Un avertissement pour inciter à retenir les leçons de la crise et à repenser son existence à l’aune de ces derniers mois. «On parle beaucoup de la crise, mais sa caractéristique, c’est que lorsqu’elle cesse, les choses reviennent à la normale. Et ici ce ne sera pas le cas, je préfère employer le terme ‘catastrophe’, dont l’étymologie signifie ‘tourner’, rien ne sera plus jamais comme avant», note Philippe Bloch.
Vision et prise de risques
Jamais une épidémie n’avait touché l’ensemble de la population mondiale de façon simultanée et jamais elle n’avait été aussi médiatisée : «Les entrepreneurs doivent être des émetteurs de bonnes nouvelles. Si nous le faisons pas, qui le fera ? s’interroge-t-il. Nos salariés attendent que l’on porte une vision, un espoir, une résilience, même si c’est plus difficile aujourd’hui et qu’il faut se mobiliser tous les jours pour avancer.» Pas évident dans un contexte ambiant anxiogène, associé à de fortes contraintes sanitaires, de continuer pour un dirigeant à prendre des risques. «Malgré la situation actuelle, il n’y a jamais eu autant de créations d’entreprise, rappelle Philippe Bloch. L’entrepreneur français résiste, il est présent et continue à y croire. La peur est totalement légitime, nous vivons une époque angoissante, et c’est un enjeu majeur en France, seul pays au monde à avoir inscrit dans sa Constitution le principe de précaution. Avoir peur de tout n’est pas le bon scénario, le virus est une forme de vie, on ne peut pas se terrer en attendant, sans aucune forme d’initiative.»
Pour Philippe Bloch, il faut sortir de cette ornière par l’audace, une audace impulsée par les entrepreneurs, dont le métier est de prendre des risques. «Surprotéger affaiblit et entreprendre aguerrit, c’est ma conviction profonde. Il faut certes protéger les plus faibles, mais les plus robustes doivent repartir au combat, rien ne sera simple pour autant», estime-t-il. Avec une inconnue de taille : va-t-on retenir les leçons de ce temps suspendu, imposé par les deux périodes de confinement, qui a permis de réfléchir sur le sens de sa vie et de ses actions, pour revoir ses priorités ? «Une chose est sûre : tout le monde a découvert que l’on pouvait travailler autrement, les formats vont s’hybrider, nos vies vont s’équilibrer différemment, prédit Philippe Bloch. Tout nous ramène à la montée en puissance de la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises, nous allons repenser nos fondamentaux. C’est aussi une chance formidable pour les territoires.»
“Les entrepreneurs doivent être des émetteurs de bonnes nouvelles”
Faire de la contrainte une force
Comment dans ce climat rester optimiste ? «La France est un pays pessimiste, nous avons un problème avec le bonheur, mais c’est dans l’adversité que se révèlent nos ressources et nos capacités. J’ai tiré plusieurs enseignements de mes expériences passées : lorsqu’on n’a plus d’argent, ce qui est le cas pour à peu près tout le monde en ce moment, l’imagination prend le pouvoir. La contrainte amène le talent à condition de penser autrement. On n’apprend jamais de ses succès…», assure Philippe Bloch.
La crise aura également été un accélérateur de tendances, la digitalisation en est l’exemple le plus frappant, avec comme défi pour les commerçants et entreprises de «remettre de l’émotion dans le digital et maintenir la relation sociale». Pour Philippe Bloch, ce sont les plus rapides qui réussiront demain, ceux qui miseront sur l’innovation de rupture, les soft kills, et qui répondront pleinement aux attentes de leurs clients en leur simplifiant, rapidement, la vie.