Tioxide réduira ses activités calaisiennes des deux tiers
Le géant américain de la chimie Huntsmann-Tioxide a décidé au début du mois dernier de fermer sa production de dioxyde de titane de son site calaisien. Une grève d'une semaine a suivi cette annonce. Depuis, c'est l'expectative pour les salariés et les élus du territoire qui pourrait perdre 170 emplois.
C’est une zone d’activité économique dédiée à l’industrie, dont l’actualité est plus souvent tournée vers la présence d’un millier de migrants sur son sol. Il y a quelques jours, le groupe Huntsman Tioxide a annoncé vouloir arrêter sa production d’oxyde de titane destinée à l’industrie de la peinture industrielle. Concrètement, les deux tiers de son activité vont cesser d’ici l’été. Les syndicats avaient pourtant alerté : les stocks se vidaient, les commandes de matières disparaissaient… La rumeur enflait, jusqu’à ce que la direction texane d’Huntsman Tioxide annonce, par un communiqué du 6 février, “un plan de réduction de ses capacités de production de dioxyde de titane de 100 000 tonnes, représentant 13 % des capacités d’Huntsman en Europe. Le plan générera approximativement un gain de 35 millions de dollars par an. Ayant apprécié les différentes options, Huntsman propose de fermer ces opérations sur le site de Calais“. Le géant américain indique également : “Cette annonce (d’arrêt de la production) s’ajoute au plan annoncé en décembre 2014. La réduction des coûts annuels attendue avoisine 130 millions de dollars et sera terminée d’ici l’été 2016.” Après avoir annoncé le licenciement d’une centaine de personnes, l’entreprise pourrait cependant aller plus loin selon des sources syndicales
Des aides publiques et un chantier au conditionnel. La direction du groupe se refuse à toute communication avec la presse. Une visioconférence entre la direction (à Austin, Texas) et les élus du territoire s’est déroulée dernièrement sans que rien ne filtre de ces échanges. Au comité d’entreprise, nulle information concernant un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), procédure logique dans ce cas de figure, n’a été divulguée, au grand dam des salariés. Le groupe avait bénéficié d’une avance remboursable (500 000 euros sur trois ans en cours de remboursement) de la communauté d’agglomération du Calaisis pour développer son projet de production d’engrais. Des investissements sont attendus et le Conseil régional a également mis au pot. Cette annonce perturbe d’autant plus les pouvoirs publics que la réalisation d’un nouvel “émissaire en mer” (canalisation-exutoire pour les rejets) est aussi au programme des pouvoirs publics. “Si on ne le fait pas, on condamne à mort Tioxide ou un éventuel repreneur“, déplore Yann Capet, député de Calais. Cet investissement de 16,5 millions d’euros est en partie pris en charge par la Région (13,2 millions d’euros), Tioxide y affectant un budget de 3,3 millions d’euros. Cette installation fait indirectement partie du projet Calais port 2015 qui vise à doubler les capacités du port. C’est un nouveau coup dur pour le Calaisis après une éclaircie en 2014 sur le front le l’emploi. Le chômage avait en effet commencé à reculer.