Thierry Iung, président du Medef de Meuse : «L’idée est de créer du lien»
À l’heure où les indicateurs commencent à se dégrader en Meuse, rencontre avec Thierry Iung, le président du Medef 55, élu il y a tout juste un an, pour faire le point sur ses sujets de préoccupation.
Les Tablettes Lorraines : Comment se porte l’économie meusienne ?
Thierry Iung : La situation commence à se tendre, on sent un ralentissement de l’activité avec le recours au chômage partiel en nette progression. Jusqu’à fin septembre, les indicateurs étaient plutôt bons. Si les carnets de commandes restent majoritairement encore remplis, on craint une baisse sensible pour les prochains mois. D’une manière générale, 2023 a été une bonne année pour une majorité d’entreprises, mais le premier semestre 2024 s’annonce plus difficile sachant qu’il y a un effet croisé avec les dettes contractées pendant la Covid avec le remboursement du PGE, et l’étalement des cotisations. Les augmentations de l’énergie et du coût des matières premières pèsent également, tout comme la situation difficile du bâtiment qui a des incidences sur la baisse des emplois industriels. Dernière information concernant les défaillances d’entreprise, elles sont reparties à la hausse, selon le tribunal de commerce.
Dans ce contexte incertain, le manque d’attractivité de la Meuse ne joue pas en faveur de son économie. Quel constat dressez-vous ?
Je voudrais évoquer le manque d’attractivité du territoire pour attirer de nouvelles entreprises car sans les entreprises, on n’attirera pas de nouveaux candidats qu’ils soient cadres ou non. Et là, on n’est pas les meilleurs de la classe puisqu’en termes de fiscalité locale, on vit dans un département plutôt élevé par rapport à d’autres territoires voisins. Sur la partie salarié et cadres, Meuse Attractivité a mis à disposition un système de conciergerie qui a le mérite d’exister, mais je n’ai aucun retour sur l’efficacité de ce dispositif. Ce problème général de difficulté à recruter est exacerbé en Meuse aussi en raison du faible taux de chômage (en dessous de 7 %). Le vivier est donc limité.
Malgré tout, la Meuse a des arguments avec le soutien économique et financier du GIP objectif Meuse (en lien avec le laboratoire souterrain de Bure). Est-ce que les entreprises bénéficient d’une dynamique ?
C’est incontestablement un plus. Cette enveloppe de 28 millions d’euros est importante, mais elle n’est pas distribuée au seul développement économique des entreprises créatrices d’emplois. La part réservée aux entreprises reste insuffisante. Il y a eu par ailleurs de belles réalisations avec EDF qui a investi sur le territoire et créé des bâtiments de référence. Mais force est de constater que l’accès au marché des donneurs d’ordre est compliqué. Pour moi, certains acteurs comme l’Andra joue le jeu avec des appels d’offre accessibles aux entreprises du territoire. Ce n’est pas le cas pour EDF. Et pourtant, nous entrepreneurs, on a fait des efforts pour se qualifier, se regrouper via des groupements d’intérêt économique (GIE). Pour quels résultats ? Aucun.
Quelles sont vos priorités pour 2024 ?
2023 a été marquée par un gros renouvellement des 80 mandats du Medef en Meuse. On va maintenant se concentrer sur les rencontres thématiques sous forme de petits-déjeuners et «d’after work». L’idée est de créer du lien entre les adhérents mais aussi avec les institutions et services de l’État. C’est essentiel, notamment dans les périodes plus difficiles, ce qui sera le cas en 2024.
Propos recueillis par AM