Territoires d'industrie : dans le sud de l'Oise, les premières réflexions sont lancées

Officiellement lancé fin mars dans le sud l'Oise*, le dispositif de l’État « Territoires d'industrie » permet de redynamiser l'industrie sur un territoire. Et dans cette réindustrialisation, un cercle vertueux se crée autour de nombreux pans de l'économie. Engagés dans ce sens, les intercommunalités et les industriels réunis ont commencé cette grande réflexion. Le premier thème : la formation.

(c)Adobestock
(c)Adobestock

C'est un grand sujet dans cette quête de la réindustrialisation. La formation est essentielle au développement économique d'un territoire, représentant le socle des compétences. Car la formation permet, in fine, de former les talents de demain et de permettre aux industries d'embaucher des profils particuliers... tant recherchés depuis plusieurs années, encore plus dans cette société évoluant post-covid. Si aujourd'hui les industriels font face à des pénuries de matériaux - engendrées par la crise de la Covid-19 et empirant avec la guerre en Ukraine - la pénurie de recrutement reste le sujet majeur : les industriels étant résilients face aux crises, ils sont désarmés face au manque de main d’œuvre.

Alors cette première réunion sur le thème de la formation a réuni une quarantaine de personnes issues du monde de l'industrie, de la formation ainsi que des collectivités locales, dans les locaux de Proméo à Senlis, le 7 juillet. Cette dernière est le moyen de faire rencontrer ces différents mondes dans l'optique d'évoquer les problématiques, les bonnes dynamiques, de se questionner sur l'avenir mais aussi sur les futurs partenariats possibles... toujours dans l'idée de faire progresser le territoire avec ses bases déjà solides.

Et Proméo à Senlis symbolise ces bases de la formation sur le territoire du sud de l'Oise, d'autres acteurs forts de la formations et lycées étant également implantés. « À la base, nous avons été présents sur le territoire pour répondre aux besoins des industriels du bassin, rappelle Nathalie Stourm, directrice du site Proméo à Senlis, qui a participé à cette première étape. Et cet objectif continue : rendre service aux entreprises. »

Objectif 1: renforcer les liens entreprises/ formations

Avec 92 collaborateurs permanents, 876 jeunes en formations, 3 000 salariés formés par an... ce centre de formation est une force sur le territoire qui propose l'alternance, une voie d'excellence tant pour les jeunes que pour les entreprises. Dans cette dynamique, une première question principale de cette matinée d'échanges a été posée : "Quelles actions mettre en place pour renforcer les liens sur le territoire ?" . « À terme, l'objectif est de faire rencontrer les acteurs pour se rassembler sur le même chemin, résume Constantin Féron-Catourgidès, membre du bureau du conseil de développement de l'Agglomération Creil Sud Oise et pilote de Territoires d'industrie du sud de l'Oise. Trouver des problématiques communes pour des réponses communes. »

Pour répondre à cette problématique de recrutement - commune des industriels et des centres de formations (qui ont aussi du mal à trouver des candidats) – un lien plus fort entre écoles/ entreprises est une piste de réflexion. Connaître les profils spécifiques des industriels, celles qui recherchent des jeunes à former et celles qui recrutent pour dresser un panorama très précis des besoins.

Dans le même sens, les industriels ont aussi émis un besoin de compétences à l'instant T, ponctuelles, tournées vers les hard skills, difficiles à trouver. Si les centres de formation ont conscience de ce besoin, un industriel présent lors de cette réunion à pousser la réflexion : « Faudrait-il un accompagnement sur-mesure des centres de formation et un engagement réel des entreprises, notamment dans la raison d'être de l'entreprise ? » Une vague positive oscille tout de même chez les industriels. « De nouveaux métiers vont apparaître et l'apprentissage a le vent en poupe, il faut en tirer profit », réagit un autre dirigeant.

Objectif 2 : changer l'image de l'industrie

Si le problème de recrutement persiste, la mauvaise image du monde industriel l'est davantage. Ignorance et méconnaissance des nouvelles façons de travailler, des métiers sous évalués intellectuellement... l'industrie pâtit d'un manque d'enthousiasme, surtout chez les jeunes. « Pour les parents, être mécanicien n'est pas une voie d'excellence pour leurs enfants », témoigne dans la salle un directeur de lycée. Pourtant, c'est une voie professionnelle qui recrute. Alors, comment faire ? À l'heure de la réindustrialisation de la France, les entreprises s'accordent à penser que l’État a aussi un rôle à jouer, notamment dans la mise en avant de ces filières professionnelles dans la formation initiale. « Les industriels ont pris le train en marche, c'est une action volontariste avec des investissements, raisonne un dirigeant dans le domaine de la logistique. Ce déficit d'image et de communication et de la mise en valeur des diplômes sont un frein et il faut agir sur ce point. » Car réindustrialiser sans compétences et sans même valoriser les métiers industriels, les entreprises auront de la peine à se développer comme elles le souhaiteraient.

Cependant, l'objectif est d'agir localement. « On peut communiquer localement, note Constantin Féron-Catourgidès. L'objectif est d'avoir une réponse forte et de créer un cercle et des liens forts pour palier cette mauvaise image. » Déjà évoquée en mars dernier, lors du lancement Territoires d'industrie, l'idée de le création d'une école de production sur le territoire - à l'instar de celle de Compiègne, O'Tech Oise – est toujours en réflexion.

Le renouveau de l'industrie

Et dans cette boucle vertueuse, changer l'image des métiers interfère avec le renforcement des liens écoles/ entreprises, notamment avec celui de l'accompagnement sur-mesure des entreprises et l'engagement réel de celles-ci, et, donc, d'une nouvelle approche des centres de formation. « Nous faisons face aussi à une nouvelle génération avec des nouvelles volontés (ou non-volontés ?), continue le dirigeant dans le domaine de la logistique. Les jeunes sont en recherche d'un sens plus que d'un métier mais pas seulement puisque qu'il y a aussi une nouvelle dynamique de vie des salariés. Alors il faut aussi attirer par ce que nous sommes et nous faisons, comme la RSE, le bien-être au travail, etc. »

Parce que le monde industriel a changé tant dans ces pratiques des métiers, plus modernes, que dans sa raison d'être. L'industrie du futur est déjà enclenchée, reste maintenant à rassembler l'ensemble des acteurs pour impulser cette dynamique nouvelle. Mais aussi mettre en avant la diversité des métiers liés à la robotique, tant utilisée dans les usines. Par exemple, le lycée Marie Curie à Nogent-sur-Oise propose une licence robotique depuis 2012, en formation initiale, continue et en apprentissage... reflétant ainsi ces nouveaux besoins et ce cercle vertueux sur le territoire.

*Territoires d'industrie dans le sud de l'Oise rassemble Creil Sud Oise, l'Aire Cantilienne, les Pays d'Oise et d'Halatte, le Pays du Valois, le Liancourtois, Senlis Sud Oise et bientôt le Clermontois.