Stratégie

Tergnier : une seconde vie pour le Technicentre Industriel Picardie

À Tergnier, l’heure du changement a sonné pour le Technicentre Industriel Picardie. Le site, auparavant spécialisé dans la maintenance de wagons et dans la remise au potentiel d’essieux de fret, est en pleine mutation. Ses activités se diversifient et un nouveau centre essieu 4.0 va voir le jour.

Aujourd’hui, les 275 salariés du Technicentre Industriel Picardie réalisent la maintenance de voitures et non plus due wagons. ©Aletheia Press/ L.Péron
Aujourd’hui, les 275 salariés du Technicentre Industriel Picardie réalisent la maintenance de voitures et non plus due wagons. ©Aletheia Press/ L.Péron

La vie d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Les salariés du Technicentre Industriel Picardie peuvent en témoigner. Il y a cinq ans, leur site basé à Tergnier a bien failli fermer ses portes. En cause : des installations obsolètes, des standards industriels loin d’être atteints et un business en perdition. « Quand je suis arrivé il y a cinq ans, le site de Tergnier, spécialisé dans le fret ferroviaire, semblait condamné, introduit Fanch Capitaine, l’actuel directeur du Technicentre Industriel Picardie. Aujourd’hui, le site est à nouveau sur de bons rails. » Preuve en est, à Tergnier, l’entreprise cherche à recruter. 

Du wagon de fret à la voiture de voyageurs

Pour remettre le site sur de bons rails, Fanch Capitaine et ses salariés ont dû être méthodiques. « La première chose que j’ai faite, en reprenant les rênes du site de Tergnier, c’est de remettre un peu d’ordre dans l’atteinte des standards industriels, assure le directeur. L’idée, à travers la re-formation de nos agents, était de replacer l’excellence opérationnelle au cœur de nos deux métiers que sont la maintenance de matériel roulant et la remise au potentiel d’essieux. » Au bout de deux ans, une fois les standards atteints, encore fallait-il trouver les marchés, car la maintenance de wagons et la remise au potentiel d’essieux de fret continuaient leurs décroissances.

« Il y a deux ans, une opportunité s’est offerte à nous. Dans le cadre du plan de relance, le retour des trains de nuit est décidé par le gouvernement. À ce moment-là, nous savons que les technicentres industriels vont être sollicités pour de la maintenance », affirme Fanch Capitaine. Le Technicentre Industriel Picardie, auparavant spécialisé dans le fret ferroviaire, forme ses salariés et modifie ses outils, pour être en capacité d’accueillir ces trains d’un nouveau genre. Sept millions d’euros ont été engagés, en deux ans, pour ce changement de cap.

Ainsi, à Tergnier, les salariés passent de la maintenance de wagons de fret, à de la maintenance de voitures de voyageurs. « Pour nous, cela a été un véritable défi industriel. Nous sommes passés d’activités de chaudronnerie/ soudure à de l’électronique et de la pose de moquette, entre autres… », témoigne le directeur du site.

Au-delà d’être nécessaire, le virage qu’a pris le Technicentre Industriel Picardie est réussi. L’année suivante, le site de Tergnier a été sélectionné pour réaliser la maintenance de trains intercités. « La première année, les salariés ont réalisé la maintenance de neuf voitures, l’année suivante, nous sommes montés à une vingtaine, et cette année, ce sont cinquante voitures que nous allons entretenir », précise-t-il encore. Côté maintenance, le site de Tergnier se porte mieux.


Un centre essieu flambant neuf

Mais le Technicentre Industriel Picardie va également reprendre des couleurs du côté de son activité de remise au potentiel de pièces. En effet, 50 millions d’euros viennent d’être engagés pour la construction d’un centre essieu flambant neuf de 14 500 m² sur le site de Tergnier. « Notre outil actuel date de 1973, il est obsolète, affirme Fanch Capitaine. Si nous voulions que notre activité de remise au potentiel de pièces redémarre, tout comme notre activité de maintenance ferroviaire, nous n’avions pas d’autre choix que d’investir pour moderniser l’outil. » Si SNCF voyageur a engagé une telle somme, c’est pour construire un centre essieu du futur, équipé d’outils 4.0 et pouvant traiter tous types d’essieu, pas uniquement ceux des wagons de fret.

Les travaux du centre essieu 4.0 vont de bon train. ©Aletheia Press/ L.Péron

À l’intérieur de ce bijou de technologie, le flux sera réorganisé, les tâches à moindre valeur ajoutée seront automatisées et la transitique sera réalisée par des AGV…. Grâce à ces avancées, le centre pourra sortir un essieu toutes les douze minutes.« Actuellement, nos salariés traitent 3 500 essieux par an. Lors de la première année de fonctionnement du nouvel outil, ils devraient en remettre 7 000 au potentiel », partage le directeur du Tenchicentre Industriel Picardie.

Le nouveau bâtiment sera également moins consommateur. Sur le toit seront installés 3 000 m² de panneaux photovoltaïques. « Nous ne gardons que deux machines de l’ancien centre essieu, le reste va être renouvelé. Une fois, le nouveau bâtiment en fonctionnement, l’ancien sera détruit », conclut Fanch Capitaine. Sur le site de 30 hectares du Technicentre Industriel de Picardie, la transformation est imminente. Le site prépare sa seconde vie.