Taïwan appelle Pékin à "faire face à la réalité" après la présidentielle
Taïwan a exhorté dimanche la Chine à "faire face à la réalité" après l'élection aux fonctions de président du souverainiste Lai Ching-te, tandis que Pékin avertissait que toute initiative en faveur de...
Taïwan a exhorté dimanche la Chine à "faire face à la réalité" après l'élection aux fonctions de président du souverainiste Lai Ching-te, tandis que Pékin avertissait que toute initiative en faveur de l'indépendance de cette île serait "sévèrement punie".
Les électeurs ont rejeté au cours de la présidentielle de samedi les appels répétés du puissant voisin à ne pas voter pour M. Lai, offrant une confortable victoire à un homme que le Parti communiste chinois considère comme un dangereux séparatiste.
Le lendemain, le ministère taïwanais des Affaires étrangères a demandé dans un communiqué à la Chine de "respecter le résultat de l'élection, faire face à la réalité et renoncer à réprimer Taïwan" qui, pour son nouveau président, est de facto un territoire indépendant.
Pékin, qui n'a jamais renoncé à l'usage de la force pour ramener cette île dans son giron, a à cet égard dès samedi soir fait savoir que l'issue de ce scrutin ne changeait rien à "l'inévitable tendance vers la réunification de la Chine", s'engageant à "s'oppos(er) fermement aux activités séparatistes visant à l'indépendance de Taïwan ainsi qu'à l'ingérence étrangère".
Taïwan n'est pas "un pays", martèle Pékin
"Si quiconque sur l'île de Taïwan a l'intention d'aller vers l'indépendance, il (...) tentera de diviser le territoire chinois et sera assurément sévèrement puni par l'Histoire et la loi", a même mis en garde dimanche Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise.
"C'est une impasse", a-t-il ajouté, s'exprimant devant la presse au Caire.
Pour le ministre, "quels que soient les résultats de l'élection, ils ne peuvent pas changer le fait fondamental qu'il n'y a qu'une seule Chine et que Taïwan en fait partie".
"Taïwan n'a jamais été un pays. Cela ne l'a pas été dans le passé et cela ne le sera certainement pas à l'avenir", a encore dit Wang Yi.
- Félicitations occidentales -
Affirmant avoir reçu les félicitations de "plus de 50 pays dont 12 alliés diplomatiques", le ministère taïwanais des Affaires étrangères a dénoncé les "commentaires absurdes et erronés" des autorités chinoises.
A Washington le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a salué Lai Ching-te ainsi que les Taïwanais pour leur "solide système démocratique".
Un message qui "envoie un signal profondément erroné aux forces séparatistes en faveur de +l'indépendance de Taïwan+", a aussitôt commenté Pékin.
"Nous ne soutenons pas l'indépendance", a quant à lui tempéré le président Joe Biden.
Le déroulement de la présidentielle a également donné lieu à des éloges de la part de l'Allemagne qui juge par ailleurs que "le statu quo (à Taïwan) ne peut être modifié que de manière pacifique et concertée" et de la France qui réclame le "respect du statu quo par toutes les parties".
Dès dimanche, une délégation américaine informelle composée de l'ancien conseiller à la Sécurité nationale Stephen Hadley, de l'ex-secrétaire d'Etat adjoint James Steinberg et de la présidente de l'Institut américain à Taïwan Laura Rosenberger est attendue à Taïwan.
Elle doit rencontrer lundi "une série de personnalités politiques de premier plan et transmettre les félicitations du peuple américain à Taïwan pour le succès des élections", selon cet Institut.
Du côté de la démocratie
Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs dans les relations entre la Chine et les États-Unis, qui, certes, ne reconnaissent pas cette île comme un État et considèrent la République populaire de Chine comme le seul gouvernement légitime mais lui apportent une aide militaire importante.
Au terme d'une campagne marquée par une forte pression diplomatique et militaire de la Chine, le vice-président taïwanais sortant Lai Ching-te, 64 ans, a remporté samedi la présidentielle à un tour avec 40,1% des voix. Il prendra ses fonctions le 20 mai, aux côtés de sa vice-présidente, Hsiao Bi-khim, une ancienne représentante de Taipei à Washington.
Issu du Parti démocrate progressiste (DPP) comme celle qu'il remplace, Tsai Ing-wen - qui ne pouvait se représenter après deux mandats -, Lai Ching-te a promis de "protéger Taïwan des menaces et des intimidations continuelles de la Chine".
Celui qui, par le passé, s'était défini comme "un artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan", a depuis adouci son discours : désormais, à l'instar de Tsai Ing-wen, il a une position plus nuancée, affirmant qu'un processus d'indépendance n'est pas nécessaire car l'île a, selon lui, de facto ce statut.
"Nous disons à la communauté internationale qu'entre la démocratie et l'autoritarisme, nous serons du côté de la démocratie", a lancé le président élu face à ses partisans, promettant toutefois de "poursuivre les échanges et la coopération avec la Chine", le premier partenaire commercial de Taïwan, un territoire de 23 millions d'habitants situé à 180 kilomètres des côtes chinoises.
Un conflit dans le détroit les séparant serait désastreux pour l'économie mondiale : l'île produit en effet 70% des semi-conducteurs de la planète et plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde y transitent.
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