Syndicats, patronat et gouvernement conviennent d'un nouvel agenda social

Elisabeth Borne a salué l'agenda social "ambitieux" et "dense" établi avec les partenaires sociaux lors d'une réunion mercredi à Matignon, que...

La Première ministre Elisabeth Borne et le ministre du Travail Olivier Dussopt à Matignon, le 12 juillet 2023 à Paris © Bertrand GUAY
La Première ministre Elisabeth Borne et le ministre du Travail Olivier Dussopt à Matignon, le 12 juillet 2023 à Paris © Bertrand GUAY

Elisabeth Borne a salué l'agenda social "ambitieux" et "dense" établi avec les partenaires sociaux lors d'une réunion mercredi à Matignon, que ces derniers ont jugée "utile".

La rencontre, dans un format inédit depuis mars 2021, visait à jeter les bases du nouveau "pacte de la vie au travail" voulu par le président Emmanuel Macron, après la douloureuse crise des retraites.

A la sortie du rendez-vous d'environ deux heures avec les représentants des cinq organisations syndicales représentatives (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et des trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P), la Première ministre a qualifié les échanges de "très constructifs". 

Marylise Léon (CFDT) a évoqué "une réunion utile qui permet d'avoir quelques actes posés": "Il y aura bien l'ouverture d'une négociation, ou de plusieurs" sur l'emploi des seniors, les parcours professionnels, la pénibilité, les reconversions professionnelles et le compte épargne temps universel. 

"La réunion d'aujourd'hui (mercredi) marque l'échec consternant des 100 jours annoncés par le président de la République", a tranché Sophie Binet (CGT), jugeant les réponses de Mme Borne en "décalage total avec les besoins".

Elle a toutefois relevé un "frémissement d'autonomie" de la Première ministre "face au patronat", celle-ci ayant accédé à la demande des syndicats d'engager ces discussions dans un cadre tripartite (syndicats-patronat-gouvernement), avec l'envoi d'un document d'orientation préalable aux négociations, suivant l'article L1 du code du Travail.

Ce qu'a confirmé Mme Borne, en précisant que ces lettres laisseraient "toute leur marge de dialogue aux partenaires sociaux", auxquels elle a de nouveau promis une "transposition fidèle" des accords qu'ils pourraient trouver entre eux.

Printemps 2024

La dernière réunion multilatérale à Matignon avec les huit partenaires sociaux remonte à mars 2021. Début avril, en pleine crise des retraites, les syndicats avaient été reçus ensemble par Mme Borne, écourtant la réunion après avoir demandé le retrait de la réforme.

La Première ministre a introduit la réunion en félicitant la nouvelle secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, élue le 21 juin, et Patrick Martin, qui remplacera Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du Medef le 17 juillet.

La réunion, qui intervient au moment où la perspective d'un remaniement occupe les esprits, permet à Mme Borne de se projeter au moins jusqu'à l'automne. La Première ministre a assuré que ces rumeurs ne l'avaient pas empêchée, avec les syndicats et le patronat, "d'avoir acté ce (mercredi) matin un agenda social".

Les participants ne sont pas partis d'une page blanche: ils s'appuyaient sur la feuille de route issue des discussions menées en juin par les syndicats et le patronat.

Le patron de FO, Frédéric Souillot, a évoqué une "journée normale dans le cadre de la négociation collective", et celui de la CFE-CGC, François Hommeril, une "réunion fort utile" qui "va dans le sens de renouer les fils du dialogue social".

C'est "une journée importante, c'est la reprise du dialogue social", a salué le président de la CFTC, Cyril Chabanier, pour qui les négociations doivent aboutir "pour le printemps 2024". Il a aussi insisté sur le pouvoir d'achat, "le sujet principal du moment" à ses yeux .

- Trappes à bas salaires - 

Pour Patrick Martin, cette réunion "répond tout à fait aux attentes, à la philosophie et aux propositions qu’a faites le Medef depuis plusieurs mois". Défavorable à des négociations tripartites, il a cependant concédé qu'il "s'adapterait".

Le président de la CPME, François Asselin, a évoqué un "agenda ambitieux" sur lesquels il devrait être possible d'aboutir au "printemps".

En dehors de cet agenda social, les partenaires sociaux et le gouvernement sont convenus de discuter des "trappes à bas salaires", la Première ministre s'engageant à un "diagnostic" sur le sujet.

Ils ont évoqué aussi la conditionnalité des aides aux entreprises et la révision des ordonnances révisant le code du travail de 2017, demandées par les syndicats mais contestées par le patronat, sans obtenir de réponse du gouvernement.

Sur l'assurance chômage, dont les règles expirent le 31 décembre, Matignon prévoit toujours d'envoyer le document de cadrage aux partenaires sociaux "pour la fin juillet".

Mais, comme pour les précédentes négociations sur ce thème, il est probable que la discussion entre les partenaires sociaux tourne court, et que le gouvernement reprenne in fine la main.

FO et la CGT ont redit leur opposition à la réforme des retraites, qui figurera au menu d'une nouvelle intersyndicale le 25 août, selon M. Souillot. 

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