Synagogue incendiée: rassemblements à Paris et Rouen contre l'antisémitisme, l'homme tué identifié

Quelques centaines de personnes se sont réunies vendredi soir à Paris et à Rouen pour dénoncer l'antisémitisme après qu'un homme, finalement abattu par la police et identifié, a mis le feu dans la matinée...

La police et les pompiers près de la synagogue de Rouen, le 17 mai 2024 © LOU BENOIST
La police et les pompiers près de la synagogue de Rouen, le 17 mai 2024 © LOU BENOIST

Quelques centaines de personnes se sont réunies vendredi soir à Paris et à Rouen pour dénoncer l'antisémitisme après qu'un homme, finalement abattu par la police et identifié, a mis le feu dans la matinée à une synagogue de la ville normande.

A Paris, place de la République, entre 200 et 300 personnes ont répondu à l'appel de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) afin d'exprimer leur "refus de la haine des juifs".

Dans la cité normande, environ 300 personnes se sont rassemblées devant l'hôtel de ville en présence du maire Nicolas Mayer-Rossignol.

"S'attaquer à une synagogue, c'est s'attaquer aux juifs (...) s'attaquer à la République", a-t-il déclaré.

Selon plusieurs sources, un homme a mis le feu vendredi matin à la synagogue de Rouen avant d'être abattu par les forces de l'ordre.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'est rendu à Rouen dans l'après-midi, a dénoncé "un acte antisémite" qui "nous touche tous profondément", perpétré par un homme armé d'"un couteau extrêmement important".

Il s'agit d'un homme de 24 ans de nationalité algérienne, sans antécédent judiciaire mais en situation irrégulière, a précisé le procureur de Rouen, Frédéric Teillet dans un communiqué.

L'individu était inscrit au fichier des personnes recherchées depuis "quelques semaines", avait détaillé plus tôt M. Darmanin. Il avait sollicité en 2022 un titre de séjour pour "étranger malade", qui lui avait été refusé et avait été débouté de son recours "fin janvier" 2024.

C'était "un individu particulièrement dangereux, particulièrement violent", a-t-il insisté, même s'il n'était connu "ni des fichiers de renseignement pour radicalisation, c'est-à-dire qu'il n’était pas fiché S, ni des services de police".

"S'il avait été interpellé, on aurait mis cette personne en centre de rétention administrative pour une expulsion vers son pays d'origine", a-t-il affirmé lors d'un point-presse.

Sorti de garde à vue après son audition, le policier de 25 ans qui l'a abattu a été "extrêmement courageux" et sera "décoré", a promis le ministre. "Il a fait usage de son arme administrative et je veux dire qu'il a eu raison de le faire". 

Un seul départ de feu

Voisin de la synagogue, Hadi, 18 ans, s'est réveillé "en sursaut" ce matin. "J'ai entendu quatre coups de feu, je me suis précipité au balcon. Il y avait un homme par terre et les policiers tentaient de le réanimer."

Le procureur confirme que le policier a fait usage de son arme "dans les conditions permises".

Alors que de la fumée s'échappe encore de la synagogue, l'individu "saute du toit et se dirige en courant vers un policier en le menaçant du couteau qu'il porte, le bras toujours levé vers lui", a indiqué M. Teillet.

Après des sommations "restées sans effet", le policier menacé "aurait fait usage de son arme à cinq reprises, touchant l'individu quatre fois", selon le magistrat. 

"L'autopsie confirme que l'auteur présumé de l'incendie est décédé des suites d'un choc thoracique liés aux tirs du policier", a indiqué le procureur.

Une perquisition réalisée chez l'oncle et la tante qui hébergeaient cet homme "n'a pas apporté d'élément de nature à éclairer la motivation de l'intéressé", selon la même source.

L'expert incendie a lui constaté "un seul départ de feu", à proximité de la table où est lue la Torah.   

Deux enquêtes sont ouvertes, l'une pour "incendie volontaire" visant un lieu de culte et "violences volontaires" sur les policiers et les pompiers et l'autre sur les circonstances du décès de l'individu armé et confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), d'après le parquet.

Grand miracle

A l'intérieur de la synagogue, la présidente de la communauté juive de Rouen Natacha Ben Haïm a constaté les "énormes dégâts" causés par l'incendie. "Je peux vous dire que c'est terrible."

Les murs près de l'estrade de lecture de la Torah sont noircis par la fumée mais "on a eu un grand miracle, les livres de la Torah, les livres sacrés (...) n'ont pas été touchés", souffle Mme Ben Haïm.

"La communauté est bouleversée", a confié le rabbin Chmouel Lubecki, s'inquiétant de l'augmentation d'actes antisémites en France.

"Tenter de brûler une synagogue, c'est vouloir intimider tous les Juifs", a affirmé pour sa part sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi.

Le Conseil français du culte musulman, ex-instance de dialogue entre l'exécutif et les musulmans de France, a affirmé condamner sur X "avec la plus grande vigueur l'attaque abjecte dirigée contre la synagogue de Rouen", exprimant "son soutien total et sa pleine solidarité". 

M. Darmanin avait demandé mi-avril aux préfets de renforcer la sécurité devant les lieux de culte juifs ainsi que devant les écoles confessionnelles. Des consignes renouvelées vendredi. 

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