Susanne Svensdotter, un moteur pour l’aviation et l’égalité

De la Suède à l’Angleterre avant d’atterrir au Creusot, Susanne Svensdotter a consacré sa carrière aux turbomachines. Elle travaille aujourd’hui sur le projet Avionéo. En parallèle, elle s’applique à combattre les inégalités dans son secteur.

Susanne Svensdotter travaille à concevoir un moteur d’avion nouvelle génération tout autant qu’elle s’implique pour que la jeune génération dépasse les limites qu’on lui impose. (@Sonia Blanc)
Susanne Svensdotter travaille à concevoir un moteur d’avion nouvelle génération tout autant qu’elle s’implique pour que la jeune génération dépasse les limites qu’on lui impose. (@Sonia Blanc)

De la Suède à l’Angleterre avant d’atterrir en Bourgogne, Susanne Svensdotter a consacré sa carrière aux turbomachines. Installée dans l’Hexagone depuis plusieurs années, la Suédoise a rejoint Avionéo en 2022 pour s’occuper du développement de son avion. L’entreprise dijonnaise ambitionne en effet de créer des taxis volants, des JETs eVTOL, avions électriques intelligents. La jeune pousse conçoit l’ensemble de son avion et en particulier son moteur électrique et son générateur d’électricité. « On peut faire du hightech à la campagne ! » souligne-t-elle avec amusement.

Dix de travail

Mais la directrice recherche et développement d’Avionéo s’apprête à voler de ses propres ailes. « Nous allons créer une entreprise sœur dédiée à la conception de ce générateur, une turbomachine », détaille le cinquantenaire, installée à Montceau-les-Mines. Pour Susanne Svensdotter, le défi consiste à améliorer le rendement de son générateur mais aussi à concevoir une technologie permettant de bruler plusieurs types de carburants, y compris l’hydrogène, sans changer les particularités physiques du moteur. Avec cette future société, que Susanne Svensdotter espère finaliser en 2025, l’ingénieure entend répondre à d’autres applications avant de dépasser la réglementation et la législation imposées aux objets volants. « Il faudra au moins dix ans avant d’avoir quelque chose qui puisse voler ! » Lauréate d’une bourse BPI en 2024, la cinquantenaire recherche de nouveaux financements tout autant que des profils motivés à l’accompagner.

L’aventure Aioneo n’est qu’une étape supplémentaire dans carrière déjà bien remplie de Susanne Svensdotter. Tout commence par une grande école de génie mécanique dans sa Suède natale. Suivra une thèse dédiée à l’énergie avec une spécialisation dans les turbomachines. Après son doctorat, direction l’Angleterre pour réaliser un post-doctorat à Londres et se spécialiser encore en s’orientant vers les moteurs d’avion. « L’université, l’Imperial College, collaborait avec Rolls Royce pour ses moteurs d’avion. A la fin de mon parcours, j’ai été invitée à rejoindre cette entreprise » explique Susanne Svensdotter.

Tiraillée entre la France et la Suède

Même si elle s’épanouissait dans cet environnement et son travail, dans les recherches qu’elle menait à l’échelle européenne, elle décide, après quatre ans, de quitter son poste. « J’étais en couple avec un Français et j’étais tiraillée à chaque vacance entre la France et la Suède », se souvient Susanne Svensdotter. Elle finit donc par poser ses valises dans l’Hexagone en 2007. Son CV déposé en ligne, Thermodyn installé au Creusot, équipementier de l’industrie pétrolière notamment, la contacte. Elle devient ingénieur en R&D pour travailler sur l’amélioration des process ou encore réaliser des audits internes.

Après 15 ans de bons et loyaux services, Susanne Svensdotter ressent une envie d’autre chose. « A 51 ans, j’ai repris mes études pour faire un MBA. Je ne savais pas ce que je voulais faire si ce n’est que je voulais retourner dans l’aviation. » Désireuse d’associer de nouvelles compétences financières ou encore de gestion d’entreprise à son parcours, elle ne s’imagine plus simplement dans la R&D. C’est sa rencontre avec « Monsieur Charles », président d’Avionéo, qui a dessiné la suite de son parcours…

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert

Faire tomber les barrières

Susanne Svensdotter s’emploie à faire tomber les barrières que rencontrent les femmes dans le monde du travail. « Dans ma vie professionnelle, j’ai vu les hommes évoluer dans leur carrière tandis que les femmes stagnaient. Cette situation interroge et on voit qu’il reste encore à faire pour l’égalité, mais pas seulement pour les femmes. » Membre de nombreuses associations en France mais aussi en Angleterre, elle est marraine de « Elles Bougent » entre autres.