Série d'été "Au fil de l'eau"

Sur les traces d’Hector Malot

Inspiré de son roman En famille, un parcours familial et didactique mène petits et grands à la découverte d’un paysage resté authentique dans un espace naturel sensible préservé. Un vrai ressourcement au marais des Cavins de Bourdon.


Un panorama exceptionnel.
Un panorama exceptionnel.

Tout trésor naturel se mérite. Il en est de même pour le marais du Cavins de Bourdon. Première surprise, après s’être garé sur le parking, il fait emprunter un chemin de contre-halage le long de la Somme. Il a sans soute été aménagé pour permettre aux éleveurs d’aller voir leur troupeaux après sa canalisation.

Le pays de la chasse et de la pêche

En ce début juillet et d’après-midi, des pêcheurs sont installés tranquillement au bord du fleuve. Du côté gauche, des marais et étangs privés, alimentés par la vieille Somme commencent à apparaitre. Des huttes de chasse trônent. À droite du fleuve, s'étendent les marais de Bourdon. L’insolite clocher de l’église de la commune, coiffé d’une flèche de style gothique ornée de crochets sur les arêtes, se distingue entre les arbres.

Pour y parvenir, il faut longer une partie du chemin de contre-halage.

Il nous faut parcourir encore quelques centaines de mètres pour parvenir au marais. Les 22 hectares sont propriétés du Conseil départemental et une boucle de 3 km a été aménagée qui a été rendue possible grâce à l’aménagement de sept passerelles. La boucle a été inspirée par le roman En famille d’Hector Malot, paru en 1893 et largement inspiré de la venue de l’auteur dans la région de Flixecourt. Un panneau d’accueil lui rend hommage. « Il a découvert ces paysages uniques en se rendant en train à Boulogne-sur-Mer pour voir sa tante, explique Sébastien Sireau, assistant de conservation du patrimoine à la Communauté de communes Nièvre et Somme. C’est en voyant les marais qu’il a eu l’idée d’un nouveau roman. »

Une belle histoire qui finie bien

En voilà la trame : Perrine, métisse et orpheline, qui se rend à pied de Paris à Maraucourt (le nom de Flixecourt a été changé). Son grand-père, Vulfran Padavoine, aveugle à cause d’une cataracte, est un riche et tyrannique industriel du textile. Il a refusé l’union de son fils avec une indienne. Elle commence à travailler sous pseudonyme comme ouvrière dans une de ses usines. Elle gagne sa confiance et devient sa secrétaire personnelle. En recherchant son fils, il apprend que ce dernier est mort puis devine qu’Aurélie est en réalité sa petite fille. Il recouvre la vue grâce à une opération et fait le bien autour de lui.

« Un chapitre du roman évoque la difficulté pour Perrine d’être hébergée dans une grande chambre avec d’autres jeunes filles. Un jour, elle se promène dans les marais. Elle observe les oiseaux et a un coup de foudre pour l’ile avec une hutte de chasse. Elle va y vivre un peu comme un Robinson Crusoé. Elle va manger des plantes, des baies sauvages, des œufs de sarcelles… », raconte Sébastien Sireau.

Marcher sur l’eau

Pour écrire ce livre, le dernier de sa collection jeunesse, Hector Malot va s’inspirer des usines Saint-Frères de Flixecourt. « Il avait échangé à ce sujet avec l’écrivain Jules Verne qui vivait à Amiens et un ingénieur de l’entreprise, poursuit Sébastien Sireau. Il a séjourné sur place. Il est descendu trois jours à l'Hôtel de Paris. C’est un roman qui se lit facilement. Il est bourré de jeux de mots. C’est aussi un roman social engagé. Jusque dans les années soixante, des textes d’Hector Malot étaient régulièrement étudiés dans les collèges et les lycées. »


Alors qu’il nous narre l’histoire de ce roman pas comme les autres, le marais du Cavins, caressé par le soleil, brille de mille feux. Il suffit de franchir la première passerelle pour parvenir sur une ile. La une hutte de chasse est devenue pédagogique. « C’est comme si on marchait sur l’eau. Il n’y a pas besoin de bateau pour se rendre sur cette ile. C’est beau, paisible. Le panorama est superbe », ne peut s’empêcher de souligner à juste raison le guide.

Selon lui, ces étangs auraient été creusés par l’homme à des fins de loisirs : pêche et chasse à la hutte dès le XIXème siècle. Tourefois, leurs noms viendraient de « terrain en dépression » ou « fossé ». Devenu propriété du Département, cet espace naturel sensible préservé est un havre de biodiversité pour la faune (canards souchet, sarcelles d’hiver, oies cendrées, foulques, une quarantaine d’espèces de libellules…) mais aussi pour la flore (nénuphars blanc qui prouve que l’eau est de bonne qualité, iris des marais, saules, fougères..). Il peut être découvert et redécouvert en toute liberté à toutes les saisons…