Start‑up cherchent investisseurs particuliers
Investir dans une start‑up, une nouvelle mode ? Différents dispositifs se développent qui permettent aux entrepreneurs de trouver des financements et à des particuliers, de tenter leur chance...
On ne gagne pas à tous les coups, mais de plus en plus de particuliers se laissent séduire par l’idée d’investir dans une start-up. Car les possibilités se multiplient. Du 23 au 27 novembre, lors de la Semaine des Business Angels, organisée pour la dixième année consécutive, l’association France Angels a fait connaître ses activités. L’association, qui regroupe quelques 4 500 investisseurs privés au sein de 78 réseaux sur le territoire, estime avoir engagé 22 millions d’euros, dans environ 180 entreprises, au cours du premier semestre 2015. Une activité supérieure aux prévisions, après une légère baisse l’an dernier. Et aujourd’hui, d’après le baromètre de septembre dernier proposé par l’association, une majorité des Business Angels interrogés (56%) estiment que l’environnement économique et financier est effectivement favorable à l’investissement dans les start-up.
Le réseau qui, au cours des cinq dernières années, a financé près de 1 500 entreprises pour un montant global de 200 millions d’euros, constitue l’une des voies possibles pour le financement des start-up, présentées le 19 novembre lors d’une table ronde organisée à Paris par l’AJPME (Association des journalistes spécialisés dans les PME). “Nous avons un double rôle”, précise Tanguy de la Fouchardière président de France Angels. En effet, ces investisseurs, le plus souvent eux-mêmes des entrepreneurs, ajoutent à leur contribution financière – qui peut démarrer à quelques milliers d’euros – un accompagnement à l’entreprise, qui peut durer plusieurs années. Par ailleurs, sur le plan du financement strict, “nous avons un effet de levier”, estime Tanguy de la Fouchardière. Les Business Angels interviennent, en effet, dans les premières phases du financement des start-up, dès les premiers tours de table, pour des montants de l’ordre de 350 000 euros.
Autre – nouvelle – possibilité pour les particuliers souhaitant investir dans une start-up, les plates-formes comme Anaxago, qui se développent en France. Constatant un boom du financement participatif aux Etats-Unis, les fondateurs de la plate-forme décident de transposer, il y a deux ans, le principe en France en se posant en intermédiaire entre des investisseurs privés et des entrepreneurs à la recherche de capitaux. Aujourd’hui, Anaxago compte 53 000 inscrits, dont 10% environ sont actifs. Moyenne d’âge des investisseurs : 42 ans environ. En 2015, ils ont investi un total de 18 millions d’euros dans des projets dans des domaines divers, comme la santé, le biotech ou l’immobilier. “De jeunes actifs se disent : je vais investir. Avec les success stories, comme celle de Xavier Niel, cela a entraîné un changement de mentalité dans les nouvelles générations”, constate Joachim Dupont, président d’Anaxago.
Les circuits privés et bpifrance. Aux côtés de ces circuits où investisseurs et entrepreneurs sont rapprochés, les autres acteurs du financement, capitauxinvestisseurs en tête, continuent d’investir dans les start-up, comme Truffle Capital. Pour Bernard- Louis Roques, son directeur général, aujourd’hui “le marché du capital-risque français n’est pas négligeable par rapport aux autres pays européens, mais ce n’est pas suffisant. (…) Il y a une nécessité de développer ce secteur”. Parmi les risques qu’il souligne, celui des start-up qui trouvent un financement en vendant leur société aux Etats-Unis. Quant aux marchés boursiers européens, “ils ne sont pas opérants pour les entreprises dans le domaine de la technologie”, ajoute Bernard-Louis Roques.
A Bercy, le financement des start-up constitue un enjeu bien identifié : les start-up, bien que minoritaires, contribuent très largement à la création nette d’emplois dans l’économie, d’après l’Insee. Selon une source proche du cabinet Macron, en matière de financement des start-up, la dynamique est plutôt bien enclenchée. Restent toutefois des points noirs, notamment pour le financement des “cleantech” et des start-up industrielles : les possibilités de financement auprès du marché boursier, encore trop restreintes ; ou encore le manque d’enthousiasme des grandes entreprises à racheter des startup, contrairement à leurs homologues américaines. Quant au capital-risque, “depuis quelques années, l’investissement public est très fort, presque un peu trop”, commente le fonctionnaire, soucieux de ne pas “ faire concurrence publique à un secteur privé”. bpifrance, la banque publique d’investissement, intervient dans le financement de start-up.
Anne DAUBREE