SPL dans l’attente de soutiens financiers, Chênelet en plein développement !

L’entreprise Scierie et Palettes du Littoral (SPL) vit des heures difficiles depuis sa mise en redressement judiciaire en juin dernier. Elle a annoncé une cinquantaine de contrats non renouvelés et neuf licenciements. Son dirigeant, François Marty, s’interroge sur le soutien territorial qui lui fait défaut, tout en exposant les autres activités florissantes du groupe.

Paille et terre constituent les murs, coffrés avec du bois.
Paille et terre constituent les murs, coffrés avec du bois.

 

Ecoconstructions à Landrethun-le-Nord.

Ecoconstructions à Landrethun-le-Nord.

A Audruicq, l’entreprise d’insertion sociale SPL montre l’exemple depuis près de deux décennies en termes d’économie solidaire et de création de valeur durable. Spécialisée dans l’utilisation du bois pour palettes, pour la construction et pour le chauffage, la société dirigée par François Marty – un ancien du cabinet ministériel au développement durable de Guy Hascoet – a longtemps cultivé les paradoxes. Malgré une allure postsoixante- huitarde, son patron n’en est pas moins adhérent au Medef et cultive des amitiés partout. Pragmatique, il utilise l’argent public pour réinsérer des personnes éloignées de l’emploi ou que la crise a rejetées. “Si on me reproche les aides et la concurrence déloyale, je dis à mes concurrents : OK, embauchez mes gars aux conditions du marché… C’est un faux problème ! Si les entreprises embauchaient également les gens en difficulté, il n’y aurait pas de structures d’insertion comme nous !” SPL est une belle PME qui emploie 220 personnes, avec une grande majorité des emplois en partie financés par des exonérations de charge. Son activité est également financée au titre des actions d’insertion qu’elle prodigue aux demandeurs d’emploi des territoires. Mais les subsides de l’Etat baissent d’année en année. Pour autant, SPL a facturé en 2011 pour près de 9 millions d’euros. Sa croissance des trois dernières années approche 20%. Mais la crise de croissance ne suffit pas à expliquer le redressement judiciaire du 30 juin. Le marché du bois connaît des soubresauts avec des prix qui se sont effondrés récemment. La concurrence des bois d’Europe centrale nuit à SPL qui se fournit, elle, en circuit court.

Dans l’attente du soutien public. Il y a un peu plus d’un an, SPL accueillait l’exécutif de Cap Calaisis qui assurait qu’un soutien financier lui serait accordé. A travers le Plan local pour l’intégration économique, une subvention de 100 000 euros devait suivre. En vain. “Le Plie disait qu’il ne finançait pas les entreprises mais n’oubliait jamais de comptabiliser les personnes qui y étaient réinsérées ! Et nous, c’est 150 par an”, s’insurge-t-il. Et Audruicq n’est pas dans le périmètre géographique du Plie. En mai dernier, Pascal Devaux, directeur général des services de Cap Calaisis, indiquait pourtant qu’une entreprise comme SPL était éligible à ce financement mais le président du Plie de l’époque, Jean-Claude Dubus, a rejeté le dossier de SPL qui semble toujours sur une voie de garage. Côté Europe, l’entreprise est inéligible à certains financements comme le Fonds social européen. Et François Marty de s’interroger : “C’est à se demander si ce territoire n’a pas un problème plus profond qu’on ne pense : 3 000 personnes sont passées par SPL depuis 20 ans ; notre utilité ne fait pas débat. Le président du conseil général des Ardennes vient s’inspirer de ce que nous faisons ici !” En sus d’Audruicq, SPL réside également à Landrethun-le-Nord, berceau de l’installation, il y a 35 ans, d’une communauté catholique et d’esprit frondeurs qui débutaient une histoire sociale et économique communautaire et ouverte. Le Chênelet était né alors autour de l’insertion par le travail des pauvres.

Paille et terre constituent les murs, coffrés avec du bois.

Paille et terre constituent les murs, coffrés avec du bois.

De la palette à l’écoconstruction. Au Chênelet, les initiatives vont par contre bon train dans la construction : 46 salariés en 2011, une dizaine d’embauches prévues cette année. Avec, en perspective, l’appartenance à un “réseau national collaboratif ” de 17 structures. Les problématiques foncières et d’écoconstruction rassemblent ainsi de grands noms tels que GDF, le Crédit agricole, Schneider… Le Grand-Paris s’intéresse aussi à ce dynamisme entrepreneurial et social : l’entreprise reçoit le prix de la fondation Schwab. Et les projets fleurissent : “on a 150 maisons commandées en France : 4 à Merville, 4 à Dunkerque, 9 à Sin-le- Noble. Et puis à Anceny et Marseille” énumère-t-il. Le 29 septembre, Chênelet fera visiter ses écoconstructions. L’occasion pour les acteurs du territoire calaisien de se rendre compte concrètement des réalisations du groupe Chênelet et de se rappeler de SPL…