Sous pression de Darmanin, LR soigne sa droite au son du "Connemara"

Avec son entrée en scène au son des "Lacs du Connemara" de Michel Sardou, le patron de LR Eric Ciotti a donné le ton dimanche de sa rentrée politique dans les Alpes-Maritimes: soigner l'électorat de droite face à la concurrence de Gérald Darmanin en...

Le président de LR Eric Ciotti lors de sa rentrée politique au Cannet, dans les Alpes-Maritimes, le 27 août 2023 © NICOLAS TUCAT
Le président de LR Eric Ciotti lors de sa rentrée politique au Cannet, dans les Alpes-Maritimes, le 27 août 2023 © NICOLAS TUCAT

Avec son entrée en scène au son des "Lacs du Connemara" de Michel Sardou, le patron de LR Eric Ciotti a donné le ton dimanche de sa rentrée politique dans les Alpes-Maritimes: soigner l'électorat de droite face à la concurrence de Gérald Darmanin en demandant notamment un référendum à Emmanuel Macron sur l'immigration.

L'autre message porté par le numéro un des Républicains était celui de l'unité, avec la présence à ses côtés des principaux ténors de LR: Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Olivier Marleix, ou Rachida Dati.  

Une manière de rassembler les troupes avant les débats de la rentrée au Parlement sur l'immigration et le budget et, surtout, après les divisions qui ont secoué la soixantaine de députés LR sur la réforme des retraites.

Les dirigeants de droite se sont retrouvés devant près de 2.000 personnes qui s'éventaient avec les moyens du bord dans la salle du Cannet où la maire LR Michèle Tabarot a accueilli les militants que les averses ont privé d'un rassemblement initialement en plein air, sur les hauteurs de Nice.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, M. Ciotti s'est félicité que son parti "ait fait revenir l'eau dont nous avons besoin après trois mois de sécheresse". Humour peut-être aussi lorsque les militants ont repris debout le tube de Michel Sardou, drapeaux tricolores à la main, réponse à la polémique estivale provoquée par la chanteuse Julie Armanet qui avait confié être "dégoûtée" par cette chanson "de droite".

Le patron de LR s'est au contraire dit convaincu que la droite était "l'alternative" en vue de la présidentielle de 2027, dénonçant tour à tour la "débâcle" actuelle des hôpitaux, des écoles, des finances publiques et de "l'ordre républicain", et surtout les "ravages" de l'immigration. 

Très à droite sur le régalien et libéral sur l'économie, M. Ciotti a assuré qu'il demanderait à Emmanuel Macron un référendum sur la proposition de loi constitutionnelle sur l'immigration déposée par LR au printemps, lors d'une réunion prévue mercredi avec le chef de l'Etat et les dirigeants des partis afin de travailler à des décisions transpartisanes.

"Nous devons redonner sans délai la parole au peuple par le référendum!", a-t-il exhorté devant des militants qui saluaient chaleureusement les propositions sur l'immigration, suppression de tous les "droits pour les clandestins" ou des allocations pour "les parents ayant manqué à leurs devoirs" en tête.

La succession "ouverte

"Nous ne jouerons pas les premiers violons de la symphonie de l'immobilisme !", a prévenu le chef de LR alors que son parti joue un rôle pivot pour former des majorités à l'Assemblée nationale.

Au contraire, il a réservé quelques flèches au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, un ex-LR qui ne cache plus ses ambitions pour la présidentielle de 2027, et qui effectuait lui aussi sa rentrée dimanche à Tourcoing.

"Avant de songer à la succession, qu'ils songent à gouverner!", a-t-il déclaré, voyant dans "les divisions et les querelles d'ambitions qui agitent le gouvernement (...) une forme d'indécence face à la gravité du moment".

Bien que passé à la macronie, Gérald Darmanin chasse sur les terres de sa famille d'origine et il a reçu les encouragements de l'ex-président de la République Nicolas Sarkozy.

"C'est une appréciation personnelle. J'ai d'ailleurs entendu aussi des messages du président Sarkozy de soutien à notre famille politique", a relativisé Eric Ciotti.

Pour sa part, Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR a vu dans la rentrée politique de M. Darmanin à Tourcoing "une menace pour le camp présidentiel" et non pour la droite.

"Ça ouvre déjà la succession, tout juste un an après la réélection d'Emmanuel Macron. Cela ajoute à la division", a-t-il estimé.

Pour 2027, le patron de LR a réitéré son soutien à Laurent Wauquiez, malgré les réserves exprimées par Nicolas Sarkozy qui le juge insuffisamment combatif. "L'espérance, cher Laurent, tu l'incarnes par ton talent, ta vision et ton courage", a-t-il assuré.

L'intéressé, qui a multiplié les selfies avec les militants, a refusé de s'exprimer devant la presse: "Aujourd'hui, c'est Eric", a-t-il répondu à l'AFP.   

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