Soulagement et attente d’une stratégie

Après plusieurs années de turbulences, celle que l’on appelle « La Maison D. Porthault », spécialisée dans le linge de maison haut de gamme et de luxe, a retrouvé une zone de calme. Le repreneur se montre rassurant.

De gauche à droite : Thomas Ponsada, directeur général ; François-Xavier Villain, président de la Communauté d’agglomération de Cambrai ; Jean-Michel De Tarrazi, futur président de la SAS ; Philippe Nguyen, président de la société Héritage Collection.
De gauche à droite : Thomas Ponsada, directeur général ; François-Xavier Villain, président de la Communauté d’agglomération de Cambrai ; Jean-Michel De Tarrazi, futur président de la SAS ; Philippe Nguyen, président de la société Héritage Collection.
De gauche à droite : Thomas Ponsada, directeur général ; François-Xavier Villain, président de la Communauté d’agglomération de Cambrai ; Jean-Michel De Tarrazi, futur président de la SAS ; Philippe Nguyen, président de la société Héritage Collection.

De gauche à droite : Thomas Ponsada, directeur général ; François-Xavier Villain, président de la Communauté d’agglomération de Cambrai ; Jean-Michel De Tarrazi, futur président de la SAS ; Philippe Nguyen, président de la société Héritage Collection.

Ce vendredi 5 juin, dans la cafétéria de l’entreprise Porthault, à Fontaine-Notre-Dame (ZA Cantimpré), à côté de Cambrai, l’heure était au soulagement. Celui-ci est venu d’un jugement du tribunal de commerce de Bobigny : le 29 avril, il a autorisé la cession de la société au groupe “Héritage Collection” que préside Philippe Nguyen. Le 5 juin, les élus, le personnel, la représentante de la sous-préfecture, la presse, ont été invités à écouter et rencontrer le repreneur…

Soulagement. Dans le public, il y avait aussi Delphine Lubrani et Benoît Boussemart, experts-comptables et Stéphane Ducrocq, avocat. En aparté, ils ont confié que ce jour-là l’entreprise sortait de six années éprouvantes pour les salariés : trois dépôts de bilan, autant de redressements et d’administrateurs, interventions d’actionnaires et repreneurs aux intentions incertaines, voire aventureuses, vingt-deux audiences au tribunal de commerce…

Maryvonne Bavais, secrétaire du CE et déléguée syndical CGT, constatait, elle, que le personnel, en grande majorité féminin, avait ressenti plusieurs fois un “sentiment d’abandon”. Soulagement, oui, car, selon les déclarations du jour, les emplois et le savoir-faire sont préservés. À les écouter, c’était ce qui pouvait arriver de mieux à l’entreprise.

 Enseigne de prestige. À l’approche de l’été, la “Maison D Porthault”, créée en 1920, dont le siège est à Paris et dont l’usine était auparavant installée à Rieux-en-Cambrésis, comptait 76 salariés. 56 dans cette usine moderne de la zone d’activités Cantimpré. Rappelons que l’arrivée sur ce site, il y a environ huit ans, était le résultat d’une première reprise par un couple d’investisseurs américains… Les vingt autres salariés se répartissent entre une unité à Argentan et une boutique de luxe rue du Boccador à Paris…

Le nom de Porthault est attaché au luxe, au prestige, dans ce domaine du linge de maison. Ses clients sont grandes fortunes (célèbres ou pas), la “haute société”, les ambassades et présidences, les grands comptes, les palaces, restaurants étoilés…

Comme l’explique Thomas Ponsada, directeur général depuis 2012, Porthault réalise du “sur-mesure” dans le “très haut de gamme“. A 80 % pour de riches “clients étrangers“, venant à Paris, du Moyen-Orient ou des Etats-Unis. Le savoir-faire de Porthault fait bien sûr penser à celui de la dentelle toute proche, autre niche de luxe.

Un repreneur qui veut rassurer. Le repreneur, Philippe Nguyen, est président d’un groupe appelé Héritage Collection qui s’est spécialisé dans la reprise d’entreprises ayant un savoir faire dans le luxe et le patrimoine. Il affiche l’ambition de les développer à l’international et d’organiser entre elles des “synergies”. Le groupe en compterait une quinzaine dans les domaines des arts de la table, de la décoration, de la haute couture…

Devant les élus et le personnel, il a assuré qu’il dirigeait une “holding industrielle” ayant une vision culturelle, sur le long terme, et non un “fonds d’investissement“. On lui prête l’intention d’investir 5 millions d’euros et a voulu rassurer sur ses capacités financières et la reprise de tout le personnel. A ses côtés, ce jour-là, Jean-Michel De Tarrazi, qui vient du groupe Héritage Collection, qui se présentait comme futur président de la SAS Porthault.

L’heure est maintenant à l’élaboration d’une stratégie qui n’exclut pas la demande d’une aide publique à l’investissement et qui prévoit notamment du renouvellement dans la gamme des produits proposés et un développement du marketing à l’international.