Environnement

Somme : Wakae lance une gamme de tenues de sport en polyester recyclé

En 2013, Marie Jagrik prend un congé sabbatique et entreprend un tour du monde de six mois. De son périple elle revient avec une idée : donner une seconde vie au plastique, qui jonche plages, forêts et fonds marins des pays qu’elle a traversés. Une idée qui germe au fil des ans pour se concrétiser fin 2020 avec Wakae, basée à Brie, dans la Somme. Le concept : créer des tenues de sport en polyester recyclé pour préserver l’environnement.

Marie Jagrik a imaginé des tenues de sport écologiques aux couleurs rappelant les océans.
Marie Jagrik a imaginé des tenues de sport écologiques aux couleurs rappelant les océans.

Choquée par l’abondance des déchets plastiques, Marie Jagrik qui travaillait à l’époque dans le marketing pour l’agroalimentaire, commence à s’intéresser de près à l’écologie et opte pour une garde-robe plus écoresponsable.

Férue de running et de marathons [ndlr, elle en a déjà couru six], c’est en cherchant à s’équiper avec du textile durable qu’elle tient enfin l’idée qui germait dans son esprit depuis quelque temps : « En creusant le sujet, je me suis aperçue qu’il était possible de fabriquer du polyester à partir de bouteilles en plastique, une alternative durable au polyester classique, un dérivé du pétrole qui a certes l’avantage de sécher très vite mais dont la conception consomme beaucoup d’énergie et rejette de grosses quantités de CO2. »

Un polyester deux fois moins énergivore

Ne trouvant pas son bonheur en France, elle s’associe avec un fabricant de fils polyester recyclé espagnol, trouve des ateliers qui tissent ou tricotent ces fils pour les transformer en tissu élastique et résistant, et un autre spécialisé dans la confection de vêtements de sport*. « Les bouteilles sont d’abord récupérées par des pêcheurs en Méditerranée ou Atlantique, mélangées ensuite à des bouteilles issues du tri sélectif. Les transformer en fil, après les avoir préalablement broyées et fondues, permet d’obtenir un polyester deux fois moins énergivore et qui rejette 32% de CO2 en moins », explique la créatrice de Wakae [ndlr, qui signifie "Rester" en swahili, clin d’œil à l’un de ses premiers défis sportifs, l’ascension du Kilimandjaro].

La créatrice de Wakae, heureuse d'avoir déjà séduit une communauté sportive et partageant ses valeurs.

Déjà près de 400 précommandes

Après avoir remporté le trophée Perle de lait**, qui lui a permis de décrocher une bourse et un mentorat de six mois pour l’accompagner dans le lancement de son entreprise, Marie Jagrik lance une campagne de crowdfunding fin 2020.

Résultat : près de 400 précommandes de tee-shirts, shorts et leggings, ce qui correspond à 8 350 bouteilles en plastique, et qui lui ont permis de lancer la production des 1 000 premiers exemplaires. Si la première gamme a été pensée à la base pour le running, les vêtements sont aussi adaptés compatibles à d’autres pratiques sportives.

Ces débuts prometteurs sont pour la créatrice la confirmation que ces vêtements plus responsables répondent à une vraie demande. « J’aimerais dans un premier temps vendre une trentaine d’articles par mois, sur mon site pour le moment, mais je vais prochainement me rapprocher d’enseignes de sports indépendantes et de celles qui proposent des vêtements écoresponsables », sourit la jeune femme, qui réfléchit à des solutions recyclées pour les accessoires (zips, cordons et élastiques).

Les étiquettes des vêtements, emballés dans des sachets en résidu de maïs biodégradable et compostable, sont eux déjà en coton recyclé made in Portugal. « Nous proposons également l’envoi dans des colis recyclés, réutilisables et consignés d’Opopop, ou dans des colis en carton recyclé, et recyclable », précise Marie Jagrik. Son objectif : donner une seconde vie à plus de 100 000 bouteilles en plastique d’ici à trois ans.

*Tous les fournisseurs de Wakae sont certifiés OEKO-TEX, les tissus et fils sont garantis Global Recycled Standard.

**Le trophée met à l’honneur des femmes portant un projet stimulant, engagé ou novateur, qui enrichit les facettes de leur quotidien et grâce auquel elles ont trouvé une nouvelle source d’épanouissement.