Somme Numérique : 100e atelier de médiation numérique mobile pour @utonum

« Nous allons chercher les horaires des films qui passent au cinéma Gaumont à Amiens », lance Alison Chrétien, animatrice d’@utonum et très officiellement aidante numérique. Aussitôt, les six participants à l’atelier de médiation numérique organisé au Centre communal d’action sociale (CCAS) de Camon s’emparent de leurs claviers. Mais que taper exactement ? Pas à pas, l’animatrice les oriente. Les plus aguerris scrollent déjà frénétiquement sur la page du Gaumont pendant que d’autres cherchent encore les mots justes pour mieux cibler leur recherche.

« J’ai fait des études supérieures, dans ma vie j’ai même accompagné des gens dans leur apprentissage de la lecture, mais dès qu’on parle de numérique, je me retrouve dans la position d’un enfant de 6 ans », confesse Nicole. Handicapée quotidiennement par son illectronisme, elle a cherché pendant deux ans des ateliers comme celui-ci. « C’est le 4^e que je suis. Alison nous accompagne comme une maîtresse de CP qui apprend à lire à ses élèves. Elle a un don pour ça ! », s’enthousiasme-t-elle. 

D’après une étude de l’Insee, au moins 20% de la population n’utilisent pas ou peu Internet. Dans la Somme quelque 115 000 personnes seraient concernées par ces difficultés. Depuis son lancement au printemps 2021, l’équipe de médiation numérique a animé 237 heures d’atelier, accompagné plus de 500 personnes et visité 31 communes de la Somme.

Être au plus près des besoins

« Lorsque nous avons imaginé ce projet de médiation numérique, nous pensions accompagner des gens dans leurs démarches administratives. Mais nous nous sommes rendu compte que le premier besoin était de reprendre les bases : la manipulation de la souris, la découverte du clavier, la fonction des touches… Nous avons donc rédigé un mémo pour apporter un véritable support aux personnes touchées par l’illectronisme », explique Nicolas Roger, directeur adjoint de Somme Numérique. Avec @utonum, Somme Numérique a voulu écarter tous les freins pour toucher le public le plus large possible.

« La camionnette nous permet d’avoir une connexion à Internet depuis n’importe où et dans les valises, nous avons des tablettes et des ordinateurs portables. Les ateliers se déroulent de façon générale dans des salles communales, parfaitement identifiées par les habitants », résume Jérôme Deprés, chef de projet e-éducation et réduction de la fracture numérique.

Développer le service

Pendant 1 h 30, Alison Chrétien accompagne, répond aux questions, encourage et donne confiance aux participants. « Cela dépend évidemment du niveau de départ, mais il faut en moyenne une dizaine d’ateliers pour qu’ils se sentent à l’aise. Le plus gros frein finalement c’est la peur de se tromper et de ne pas pouvoir revenir en arrière », confie-t-elle. Si elle rencontre majoritairement des seniors lors de ces interventions, elle aide également des plus jeunes, entre 30 et 40 ans, qui rencontrent des difficultés, notamment lorsqu’ils doivent accomplir des démarches administratives en ligne.

« La dématérialisation est un plein développement, il y a donc des enjeux très fort autour du numérique. Le succès des ateliers montre qu’il y a un vrai besoin de médiation, notre objectif est de développer ce service. Cela passe notamment par un changement de grille tarifaire qui devrait nous rendre plus attractif auprès des petites communes », souligne Nicolas Roger.