Innovation
Somme : Hékia met l’intelligence artificielle au service de la détection de tumeurs
Entité du groupe Arteka, Hékia met l’intelligence artificielle au service de la médecine. Après avoir lancé des essais cliniques au printemps dernier autour de la détection du cancer de la vessie, l’entreprise amiénoise travaille sur la maladie de Crohn.
Il aura suffi d’un heureux hasard. Après avoir lu un article sur le développement d’Artéka (voir encadré), le Pr Fabien Saint, chirurgien-urologue au CHU d’Amiens prend contact avec Cyrille Chaidron, fondateur de l’entreprise. Le professionnel de santé cherche une structure capable de modéliser en 3D une tumeur, travail qui n’a jamais été réalisé jusqu’ici. « Cela a été une semi-réussite, mais j’ai bon espoir que l’on puisse y arriver cette année », assure Cyrille Chaidron. Cette première collaboration entraîne un second projet : l’utilisation de l’intelligence artificielle pour détecter des tumeurs dans la vessie. Une véritable révolution puisque jusqu’ici il fallait se remettre à l’œil humain pour déceler une masse potentiellement cancérigène.
Un essai clinique en cours
Un travail collaboratif qui a rapidement donné des résultats très encourageants, à tel point que des essais cliniques piloté par le Pr Fabien Saint ont débuté au CHU d’Amiens en avril 2022. « Nous avons aujourd’hui une base de données constituée de plus de 50 000 images, ce qui doit en faire la base la plus importante au monde », sourit Cyrille Chaidron. Cette source précieuse d’information permet d’entraîner l’intelligence artificielle à identifier toute sorte de tumeurs et favoriser une meilleure détection du cancer de la vessie.
« Les cancers de la vessie sont très présents en Hauts-de-France, mais notre outil peut apporter une aide supplémentaire à un médecin qui est peu habitué à rencontrer ce type de pathologie »,
pointe Cyrille Chaidron qui voit Hékia aussi comme une solution pour les pays qui ne disposent pas de matériel de pointe. « C’est une solution accessible qui fonctionne avec une simple tablette, des caméras endoscopiques et sans connexion internet », poursuit-il.
Aller vers d’autres pathologies
La start-up amiénoise travaille aujourd’hui avec le Pr Mathurin Fumery, service gastro-entérologue et hépatologue au CHU d’Amiens, sur la maladie de Crohn. « Nous avons plus de 60 000 images qui vont être traitées et analysées et nous avons réalisé un premier POC [ndlr, Proof of Concept]. L’idée est ensuite d’engager des essais cliniques », souligne Cyrille Chaidron qui a noué des contacts avec le Groupement de recherche et d'études en chirurgie robotisée (Greco) ou encore le laboratoire Modélisation, information & systèmes (MIS) de l’UPJV.
« C’est presque de la télémédecine puisqu’il suffit de brancher la tablette et de sélectionner le modèle voulu. Nous devrions avoir la capacité de proposer une solution commercialisable d’ici deux ans », professe Cyrille Chaidron. En 2023, Hékia va également lancer des projets autour du cancer du sein, de la peau et s’intéresser au domaine de l’ophtalmologie.
2023, une année charnière pour Artéka
Avec sa solution d’IA embarquée et d’images multispectrales, Artéka apporte une solution simple et concrète à l’industrie, au secteur militaire, patrimoniale, mais aussi aux projets environnementaux pour déceler des éléments invisibles. « Je pense que l’on ne prend pas encore la mesure de la révolution qu’est l’IA », s’enthousiasme l’entrepreneur qui souhaite avant tout développer une intelligence artificielle au service de tous. Avec ses associés Sebastien Lermenier et Thomas Hedoux, Cyrille Chaidron espère concrétiser plusieurs projets en 2023, dont une levée de fonds auprès d’un investisseur britannique. « Cela fait un an que nous discutons, il croit en notre projet et les choses avancent bien »,confie Cyrille Chaidron.