Somme : Enedis prépare la montée en puissance des ENR

« Là nous sommes en train de creuser une tranchée entre Le Quesnel et Glisy pour alimenter un poste de livraison éolien. Il y a 25 kilomètres entre les deux points, c’est un gros chantier », sourit Jean-Guy Deigny, chef de chantier au sein de la société LTP. Chaque jour, les travaux avancent de 500 mètres à un kilomètre. Bientôt, le groupe de huit sera épaulé par une seconde équipe qui partira de Glisy pour les rejoindre. Si ce chantier peut paraître anodin, il incarne cependant parfaitement la stratégie énergétique définie par Emmanuel Macron en février dernier à Belfort. À l’horizon 2050 il faudra produire 40% d’électricité de plus qu’aujourd’hui pour répondre aux besoins énergétiques du pays tout en atteignant la neutralité carbone. Pour cela, l’État mise sur la relance du nucléaire mais aussi sur les énergies renouvelables.

Décarboner les usages

Pour accélérer le déploiement des ENR, la relation collectivités-Enedis va jouer un rôle clé, puisqu’au-delà des simplifications administratives qui devraient rassurer les élus, ces derniers vont pouvoir prendre conseil auprès du gestionnaire du réseau, un interlocuteur qu’ils connaissent bien, avant de se lancer dans de nouveaux projets. « La force d’Enedis c’est d’être identifié comme un véritable acteur de proximité, défend Cédric Boissier, directeur du projet Accélération des énergies renouvelables au sein d’Enedis. Nous gérons le réseau pour le compte des collectivités, ce qui nous permet d’entretenir avec elles une véritable relation de confiance. »

« Nous connaissons bien le réseau et ses capacités, nous pouvons présenter les données utiles aux communes afin de faciliter les décisions d’implantation ou d’exclusion des EnR », précise Véronique Pauly, directrice régionale Picardie d’Enedis. « L’objectif maintenant est de faire vite et mieux », résume-t-elle. Terre historique d’ENR, le territoire compte actuellement 3,4 GWh d’énergie solaire et éolienne raccordés. Un très bon chiffre qui place la Picardie parmi les bons élèves. « La région est en avance et les ENR lui permettent même d’être autonome 1/ 5 du temps. Même si nous pouvons observer un ralentissement des projets éoliens, le photovoltaïque se développe beaucoup. L’ambition est d’atteindre cinq GWh d’ENR d’ici mi-2024 en Hauts-de-France », souligne Véronique Pauly.

Elle rappelle d'ailleurs que les équipes locales d’Enedis peuvent notamment aider les acteurs soumis à l’obligation de solariser leurs parkings extérieurs dans la mise en œuvre de leurs projets photovoltaïques. Quelque 1 100 structures seraient concernées en Picardie par cette nouvelle règle issue de la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables.

Des investissements massifs

Ce grand basculement vers l’énergie verte nécessite des efforts sans précédents, aussi bien sur le plan financier, qu’humain. « Pour accompagner cette montée en puissance, Enedis va réaliser des investissements très importants de l’ordre de 96 milliards d’euros d’ici 2040, confie Cédric Boissier. L’accélération des ENR a déjà démarré, elle s’inscrira dans le temps et nous nous donnons les moyens d’y parvenir. » Enedis mise aussi sur le recrutement de nouveaux talents. En 2023, au niveau national, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité table sur l’intégration de 2 900 personnes. « Enedis est une entreprise d’avenir qui est au cœur de la transition énergétique ; travailler dans cette grande maison a vraiment du sens », pointe Cédric Boissier. En Picardie aussi Enedis se mobilise et prévoit l’embauche de 33 personnes, dont douze dédiées aux métiers des énergies renouvelables. « Les opportunités sont nombreuses, c’est un secteur qui connaît une croissance exponentielle et cela ne devrait pas s’arrêter », assure Véronique Pauly.