Solidaire-Assur, la mutuelle citoyenne

Guillaume Delecourt et Joël Vernier
Guillaume Delecourt et Joël Vernier

C’est un nouveau concept collaboratif de mutuelle, mise en place à l’échelle d’une commune. Il vient d’être testé à Lompret (Métropole européenne de Lille) avec succès : les citoyens ont réussi à se regrouper pour obtenir un contrat de mutuelle plus adapté et surtout moins cher.   

 

Anne Henry-Castelbou

Guillaume Delecourt et Joël Vernier

Cette idée est née d’un besoin. Joël Vernier, président de LompretSolidaires, se souvient : «Notre association regroupe des citoyens de Lompret pour diverses activités locales. Nous avons constaté que trop de Lomprétois n’avaient pas de mutuelle (seniors, retraités, veuves …). Nous avons alors cherché une solution.» Avec le soutien du maire, il se tourne vers ID Neuves Assurances. C’est la première société de courtage d’assurances, labellisée “Economie sociale et solidaire”, basée sur la métropole lilloise. Son cofondateur, Guillaume Delecourt, explique le principe : «Nous avons développé la marque Solidaire-Assur pour tous les exclus des assurances complémentaires santé, soit près de 5% de la population et 12% des retraités. Dès qu’un besoin est ressenti à l’échelle d’une commune, nous rencontrons les élus ou le CCAS (Centre communal d’action sociale), puis les citoyens. Il s’agit de définir avec eux leurs attentes en matière de contrat de mutuelle. Puis ID Neuves Assurances lance un appel d’offres auprès de différents mutualistes pour trouver le meilleur contrat en matière de garanties, de conditions tarifaires et conditions de mises en place.» 

Généralement, le coût moyen annuel d’une mutuelle est de 1 500 euros, soit l’équivalent de plus d’un mois de pension de retraite (autour de 1 300 euros). Selon notre courtier, avec Solidaire-Assur, l’économie moyenne obtenue se chiffre autour de 300 euros par an, soit 20% d’économie.

 

A l’origine. Guillaume Delecourt avait déjà un autre cabinet classique de courtage d’assurances à La Madeleine. Il connaît bien ce secteur et pense que l’on peut faire à l’échelle d’une commune ce qui se fait déjà à l’échelle de grands groupes d’entreprises qui proposent une mutuelle négociée à leurs salariés. «Mais la différence est que ce n’est pas la mairie qui gère ce contrat, c’est avant tout une association locale de citoyens. On ne veut pas impliquer les mairies juridiquement, car le marché de l’assurance est un marché réglementé, avec un certain nombre de contraintes. La mairie ou le CCAS ne sont  que des facilitateurs.» Si les citoyens n’ont pas d’association locale pour porter le projet Solidaire-Assur, ils peuvent rejoindre une autre association multicommunale, Assurance et Solidarité. Elle est présidée également par Joël Vernier et regroupe des citoyens de plusieurs communes. Sa vocation est de mettre en place Solidaire-Assur dans les villes où les citoyens en ressentent le besoin. Pour le président d’Assurance et Solidarité, «les villes  de Lambersart, La Madeleine, mais aussi du versant Nord-Ouest ou des Weppes sont en train d’y réfléchir». 

Est-ce à une mairie de s’occuper d’un tel service, qui est normalement de l’ordre du privé ? Oui, selon Joël Vernier : «Beaucoup d’administrés n’ont pas le bénéfice comme les salariés de pouvoir s’adresser à un comité d’entreprise ou un syndicat pour accéder à une mutuelle. Les mairies peuvent donc aider tous ceux qui sont isolés des complémentaires santé, pour retrouver à un accès aux soins.»

 

Diversification de la démarche. A Lompret, les citoyens ont finalement retenu M comme Mutuelle, acteur régional de la protection sociale, avec trois formules de garanties et un tarif mensuel variant entre 41 et 125 euros selon l’âge. Joël Vernier fait le constat suivant : «Sur 320 personnes qui faisaient partie du panel, une cinquantaine ont souscrit au 1er janvier 2016. La Sécurité sociale se désengageant de plus en plus, l’objectif est de leur permettre de souscrire à une mutuelle qui permettra le remboursement de certains médicaments. En 2016, nous devrions avoir de nouvelles souscriptions.» Avec Solidaire-Assur, Guillaume Delcourt souhaite demain toucher d’autres profils de population comme les étudiants, les auto-entrepreneurs, les chômeurs : «Regroupez-vous pour acheter dans les meilleurs conditions possibles ! On est convaincu qu’il y a des solutions à apporter à tous ceux qui sont isolés dans l’accès aux complémentaires santé.» Son objectif : 10 000 adhérents d’ici trois ans et devenir une référence de la silver économie.