Soigner, photographier, témoigner...

© : Khaled Habchi @karlavicenne
Les photos de Khaled Habchi apparaissent presque d’un autre temps ! Il faut l’espérer, un bon conseil : sortez masqué !
© : Khaled Habchi @karlavicenne Les photos de Khaled Habchi apparaissent presque d’un autre temps ! Il faut l’espérer, un bon conseil : sortez masqué !

Nom : Habchi. Prénom : Khaled. Signe particulier : médecin urgentiste au CHR de Metz-Thionville. La première vague de l’épidémie de la Covid-19, il l’a vécue au plus près avec ses consœurs et collègues soignants. Photographe passionné, chevronné et diplômé, il a souhaité témoigner, à sa façon en images, de cet épisode inédit.

Son boîtier d’appareil photo est toujours attaché à sa ceinture sous sa blouse blanche, prêt à servir, à immortaliser. «C’est un prolongement de moi-même ! J’ai le stéthoscope et mes boîtiers et objectifs.» Khaled Habchi est médecin urgentiste au CHU de Metz-Thionville depuis huit ans, il a toujours quasiment fait son métier accompagné de son fidèle compagnon photographique. «Les gens ont pris l’habitude de me voir avec mon appareil photo.» Le modèle est adapté histoire de ne pas être encombrant et son grand frère n’est toujours pas très loin dans la salle de garde, au cas où. «La médecine urgentiste est une discipline difficile, exigeante, fatigante, parfois ingrate mais vraiment passionnante, valorisante et fondamentalement humaine. J’ai trouvé une analogie avec la photographie. J’en suis passionné depuis de nombreuses années et je l’exerce de manière «professionnelle» depuis trois ans.» Diplômé en la matière après une formation poussée, il fige l’instant avec une forte appétence pour les portraits. «C’est le regard humain qui m’a attiré vers cette discipline artistique. J’essaie de l’exploiter quotidiennement aux urgences.» De là à faire entrer la photographie dans le protocole des soins, il n’y à qu’un pas ! À l’instar de ses consœurs et collègues soignants, le bientôt quadra a été au cœur de la première vague de coronavirus.

7 000 clichés au total

Des urgences messines, en passant par le transfert de patients de réanimation lors des convois sanitaires vers d’autres hôpitaux hexagonaux, le médecin urgentiste a shooté pour témoigner. «Je veux être sincère en avouant que le médium photographique a été un moyen de «protection », il me fallait prendre une certaine distance. Jamais je n’aurais cru être témoin et acteur d’une telle crise sanitaire. Le premier réflexe a été une espèce d’état de sidération, d’expectative, d’interrogation mais aussi de crainte.» Alors, il photographie. 7 000 clichés au total, une petite centaine (sélectionnés grâce notamment aux conseils du Docteur François Braun, président de Samu-Urgences de France) sont aujourd’hui présents au cœur de l’ouvrage «Dans l’œil du soignant» (voir encadré). Par ses clichés, Khaled Habchi témoigne du métier de soignant au plus près car il en fait partie. «Chaque acteur s’est investi à 100 %. Personne ne s’est posé de question quant à son investissement individuel pour la communauté. Le mot qui est souvent revenu très souvent dans la bouche des soignants, c’est celui de sens du métier. Nous avons réellement retrouvé un sens à notre action au quotidien. Au-delà de la résilience, au-delà des sacrifices, chacun a eu le sentiment d’être indispensable.» Plus que légitime de braquer la lumière sur ces blouses blanches applaudies à foison hier mais beaucoup moins maintenant. «Elles le méritent car leur vocation première est la prise en charge de l’humain. Certaines images peuvent paraître dures, difficiles parfois même irréelles mais elles témoignent d’une cohésion inédite qui au final est rassurante pour notre avenir.» L’avenir ? Khaled Habchi le voit toujours aux urgences et à l’hôpital avec son fidèle boîtier pour d’autres projets photos. Un sujet sur la diversité à l’hôpital est en maturation dans la tête du médecin urgentiste et photographe. Merci et bravo, l’artiste !

Dans l’œil du soignant

C’est le titre de l’ouvrage de Khaled Habchi, témoignage poignant des équipes des urgences du CHR Metz-Thionville pendant le plus fort de la crise sanitaire. Son édition a été rendue possible par la BPALC (Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne) qui a cru à la démarche entreprise par le médecin urgentiste. Tiré à 4 500 exemplaires, l’ouvrage est disponible (selon la limite des stocks) sur demande au : contact@sudf.fr.