Signer pour s'exprimer

Stéphanie Nigita enseigne la langue des signes à tous ceux qui le souhaitent
Stéphanie Nigita enseigne la langue des signes à tous ceux qui le souhaitent

Stéphanie Nigita, malentendante de 28 ans, a créé son entreprise il y a deux ans à Amiens. Avec l’aide de la BGE, cette jeune femme dynamique s’est lancée dans l’aventure de l’entrepreneuriat en créant son centre d’enseignement de la langue des signes.

Stéphanie Nigita enseigne la langue des signes à tous ceux qui le souhaitent

J’ai appris à signer au collège, cela m’a énormément plu, alors je me suis lancée dans l’apprentissage de la langue des signes et j’ai passé un diplôme. » Avec le PE, (Préparation à l’enseignement), Stéphanie Nigita peut apprendre à signer à qui le souhaite. En 2005, elle décide de créer son entreprise : « La BGE m’a aidée à me lancer et comme j’ai la reconnaissance de travailleur handicapé, j’ai bénéficié d’une aide auprès de l’Agefiph. » Formalités administratives, conseils, la jeune formatrice a été guidée par la BGE pendant un an. « Avec l’aide budgétaire, j’ai passé mon permis de conduire, j’ai acheté une voiture de fonction et des fournitures pour exercer ma profession. » Depuis, Nicolas Blimond, sourd profond, a rejoint l’entreprise mais pas totalement. Lui aussi est formateur en langue des signes, mais il est en couveuse via la BGE. La couveuse d’entreprise est un hébergement juridique qui permet de tester l’activité en condition réelle mais sans rejoindre totalement l’entreprise. « Nous attendons un an pour savoir si nous nous associons ou pas » , assure la chef d’entreprise.

Chacun ses besoins

« À partir de six mois, un bébé peut apprendre à signer, assure la formatrice, cela est plus simple pour un enfant qui ne parle pas encore. » Elle ajoute : « Il y a des parents qui viennent partager un instant de convivialité avec leurs enfants, malentendant ou pas, c’est un moment privilégié et fusionnel ». Stéphanie Nigita intervient également dans les entreprises pour apprendre aux personnels à signer : « Je me déplace pour enseigner, il vrai qu’il est compliqué pour un malentendant ou un sourd de se faire comprendre. Par exemple, dans les hôpitaux amiénois, personne ne connaît la langue des signes. » Une difficulté qui semble moins accentuée dans les grandes villes. « À Paris, tous les sourds et malentendants se soignent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, car le personnel sait signer ». Un constat qui ne se limite pas au domaine de la santé. « Les villes ne sont pas adaptées, par exemple, les cinémas d’Amiens ne proposent pas assez de films sous-titrés, cela pourrait déjà nous aider », souligne Stéphanie Nigita.

Signer à Amiens ou partout en France

Les leçons se déroulent au 77, rue Saint Fuscien. L’élève choisit son créneau horaire par Internet, via le site signes-cie.org et se présente au cours. Mais il est possible d’apprendre via des leçons Skype (visiosignes.fr). « Je donne des cours partout en France, il existe différents forfaits, allant de 3 à 5 heures, pour ceux qui souhaitent découvrir les signes, ou des leçons de 15 heures, pour les élèves qui souhaitent maîtriser cette langue ».

Le bilan un an après le début de l’aventure est positif. « J’étais incroyablement surprise, j’espère que ça va continuer, je me suis lancée en juin 2015, et en août c’était parti ! » Stéphanie Nigita proposera bientôt, avec une esthéticienne professionnelle, des ateliers beauté une fois par mois, ouvert à tous.