«Sexisme, femmes et responsabilités» au menu du deuxième dîner de l'Égalité

Le dîner de l’Égalité du 27 février dernier, organisé par le Cercle de Theia, a réuni 25 décideuses samariennes réunies à la brasserie Jules à Amiens pour débattre de «Sexisme, femmes et responsabilités». Une deuxième édition pour témoigner, élaborer des constats et s’engager à mettre en place des actions concrètes et mesurables.

Le sexisme demeure aujourd'hui une problématique centrale dans nos sociétés et dans les déclarations des décideuses invitées au dîner-débat du Cercle de Theia.
Le sexisme demeure aujourd'hui une problématique centrale dans nos sociétés et dans les déclarations des décideuses invitées au dîner-débat du Cercle de Theia.

«Parce que l’Égalité ne se décrète pas, mais se construit chaque jour, le dîner de l’Egalité se veut un espace d’échange, de réflexion et surtout d’actions concrètes. L’objectif est de formuler ensemble des solutions applicables pour combattre le sexisme sous toutes ses formes et bâtir une société véritablement égalitaire». C’est par ces mots d’introduction que Marie-Thérèse Boutemy, présidente du Cercle de Theia, a lancé le débat qui réunissait 25 femmes aux parcours inspirants. Elles sont avocate, médecin urgentiste, dirigeante d’entreprise, docteur en chirurgie dentaire, directrice départementale de la Banque de France, présidente de la Chambre d’Agriculture de la Somme, conseillère départementale, ancienne députée, enseignante-chercheuse, journaliste, magistrate, directrice des finances publiques ou sous-préfète.

Toutes ont d’abord pu découvrir ou redécouvrir le constat alarmant fait par le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes qui révèle que 70% des femmes déclarent ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères dans la sphère familiale. «Ce chiffre rappelle une réalité persistante : l’inégalité s’installe dès l’enfance et façonne tout le parcours des femmes. Ces discriminations s’enracinent dans trois sphères fondamentales que sont la famille où les rôles genrés et les attentes inégalitaires sont encore trop présents ; l’école où les stéréotypes influencent l’orientation scolaire et professionnelle. Et l’espace numérique où le harcèlement et les violences sexistes prennent une ampleur alarmante. Il est urgent d’agir. Chaque jour compte dans la lutte contre ces inégalités systémiques», souligne Dominique du Paty, membre du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Le dîner de l’Égalité a réuni 25 femmes engagées.


Aurélie, Brigitte, Maryse, Arianne, Dominique et les autres

En 2024, le sexisme demeure omniprésent. Il s’exprime sous différentes formes : écarts salariaux, sous-représentation des femmes dans les postes de pouvoir, violences sexistes et sexuelles. Les stéréotypes, profondément ancrés, freinent encore l’évolution des femmes, tandis que les inégalités entre jeunes femmes et jeunes hommes restent marquées. «Ce dîner dépasse le stade du constat. Il est une invitation à l’action, visant à proposer des solutions concrètes pour faire avancer la cause féministe, à l’échelle individuelle et collective. Mais je regrette que parfois les femmes, elles-mêmes, jouent contre elles en décidant de privilégier leur vie de famille au détriment de leur vie professionnelle. J’observe cela dans mon univers professionnel», témoigne Brigitte Lamy, magistrate honoraire, ancienne procureure générale de la Cour d’Appel d’Amiens, une des premières femmes à occuper un poste de procureur de la République.

Lors de la soirée, la parole a circulé très librement entre ces femmes aux horizons très divers qui ont trouvé là une occasion d’apporter leurs expertises et expériences pour enrichir la réflexion et tracer ensemble des perspectives d’avenir. «Le dîner de l’Égalité est conçu comme un laboratoire d’idées et un tremplin vers l’action. C’est un espace où les paroles se libèrent, où les engagements prennent forme, et où l’impact se dessine au-delà des discussions. Nous sommes dans une période où nous pouvons nous inquiéter des signaux défavorables. Lorsque j’ai débuté ma carrière, nous étions vingt femmes et deux cents hommes. Aujourd’hui, sur 700 affectations, 115 sont pour des femmes. Il faut de l’acharnement», confie Christine Royer, sous-préfète de l’arrondissement d’Abbeville qui présidait le dîner.

Le deuxième rapport du Haut Conseil à l'Égalité met en lumière la fracture croissante dans la perception du sexisme et ses implications sur les clivages sociaux.

Un mois de mobilisation qui culmine avec la nuit de l’Égalité

Après le dîner de l’Égalité, qui ouvrait le mois de l’Égalité, la nuit de l’Égalité le 20 mars prochain à la Bodega du Stade Crédit Agricole d'Amiens, viendra en clôture pour célébrer les avancées et élargir la mobilisation. «Après l’intensité des échanges du dîner de l’Égalité, cette troisième nuit de l'Égalité ouverte à toutes et tous rassemblera 30 associations engagées pour une immersion totale dans l’action. Au programme, à partir de 17h, il y aura des performances artistiques percutantes et des débats pour agir et transformer les idées en engagement concret pour un avenir plus juste», invite Marie-Thérèse Boutemy, présidente du Cercle de Theia.