Sept morts, dont quatre mineurs, dans un incendie criminel à Nice

Sept morts, dont trois enfants de 5, 7 et 10 ans et un adolescent de 17 ans: une famille d'origine comorienne a été décimée dans la nuit de mercredi à jeudi, à Nice, dans un incendie criminel...

Un membre de la police scientifique devant l'immeuble résidentiel où un incendie a fait sept morts, le 18 juillet 2024 à Nice © Valery HACHE
Un membre de la police scientifique devant l'immeuble résidentiel où un incendie a fait sept morts, le 18 juillet 2024 à Nice © Valery HACHE

Sept morts, dont trois enfants de 5, 7 et 10 ans et un adolescent de 17 ans: une famille d'origine comorienne a été décimée dans la nuit de mercredi à jeudi, à Nice, dans un incendie criminel, possiblement "sur fond de trafic de stupéfiants". 

Quelques heures à peine après l'alerte reçue par les sapeurs-pompiers, à 2h28, l'enquête avait déjà bien progressé sur les causes de ce sinistre qui a ravagé un appartement du septième et dernier étage d'un immeuble du quartier populaire des Moulins, dans l'ouest de Nice, classé "politique de la ville".

Les investigations "confortent totalement la piste criminelle" a ainsi assuré le procureur de Nice, Damien Martinelli, en fin d'après-midi, dans un communiqué, en évoquant "trois départs de feu aux 1er, 2e et 3e étages" et en détaillant les images de vidéosurveillance de la ville qui semblent incriminer "trois jeunes hommes aux visages non dissimulés, vêtus simplement de tee-shirts et de shorts".

A 2h24, les caméras voient ainsi ces trois suspects "casser la porte d'entrée de l'immeuble à l'aide d'un élément récupéré sur place", puis en ressortir "très peu de temps après" et "prendre la fuite", juste avant que le feu se déclare. 

"Les images démontrent très clairement que des gens cagoulés ont dispersé de l'essence dans cette cage d'escalier", avait affirmé dès jeudi matin le maire de Nice Christian Estrosi, en évoquant une "famille innocente victime d'une guerre qui n'est pas la sienne", celle des trafiquants de drogue qui minent le quartier.

Tout en demandant "une particulière prudence sur le mobile" de cet acte criminel, M. Martinelli a également confirmé qu'était "explorée la piste de faits intervenant dans le cadre d'un conflit sur fond de trafic de stupéfiants", mais "sans lien avec les victimes et leur famille" a-t-il insisté.

Sur la base de ces nouveaux éléments, l'enquête ouverte jeudi matin et confiée à la police judiciaire a été élargie et couvre désormais les chefs de "destruction volontaire par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort" et d'"association de malfaiteurs", a précisé le magistrat. Des faits passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.

"Ce qui s'est produit ici est absolument terrible, abominable", avait commenté à la mi-journée le Premier ministre Gabriel Attal sur place, au côté du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en parlant déjà de "trois individus recherchés".

"Nous sommes tous choqués par le nombre de victimes", a réagi de son côté dans la matinée le président Emmanuel Macron, en déplacement au Royaume-Uni.

Le bilan est en effet terrible. Parmi les victimes, appartenant toutes à la même famille, six ont perdu la vie dans l'appartement: quatre mineurs et deux adultes, deux femmes de 22 et 46 ans. 

Le dernier mort, un homme de 45 ans décédé des suites de ses blessures, s'était lui défenestré pour fuir le brasier, alors que des voisins avaient placé des matelas pour tenter d'atténuer la violence des chutes.

Selon des membres de la communauté comorienne locale, deux membres de la famille ont survécu: un adolescent de 17 ans, jumeau de celui décédé dans l'appartement, et son grand frère de 19 ans. "Ils sont détruits", a dit Nadjim Maecha, président de l'association de solidarité comorienne. 

Appelés à 2h28 du matin, les pompiers sont arrivés sur place "une dizaine de minutes plus tard", à 2h40, a assuré le procureur de Nice, Damien Martinelli. "Ce sont des héros, ce sont nos héros", a insisté le Premier ministre.

Assise sur un lit pliant, pendant que ses quatre filles de 4 à 10 ans dessinent avec des bénévoles de la Protection civile, Soibrata, qui habitait au 5e étage, fait partie de la quinzaine de familles évacuées dans la nuit de l'immeuble et accueillies dans une salle municipale voisine, dans l'attente d'un relogement.

Auprès de l'AFP, elle a évoqué sa panique dans la nuit.

"J'ai entendu du bruit, j'ai vu des gens qui couraient dehors. Il y avait le feu dans la cage d'escalier, la fumée entrait sous la porte. J'ai réveillé les enfants, on a appelé les pompiers, ils nous ont dit de mettre des serviettes mouillées sous les portes et d'aller sur le balcon. Finalement, on a été évacués sur l'échelle, d'abord les filles et puis nous", raconte-t-elle.

Cet incendie est le plus grave en France depuis le sinistre du 9 août 2023 qui avait fait 11 morts dans un gîte de vacances accueillant des personnes handicapées mentales légères près de Colmar (Haut-Rhin).

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