Sénat: l'hémicycle prend forme, avec une érosion à droite et une poussée à gauche

La droite toujours aux commandes malgré quelques pertes: la composition des groupes parlementaires du Sénat, officialisée mardi, va confirmer la stabilité de la chambre haute avec un léger rééquilibrage favorable à la gauche...

Une vue générale du Sénat lors d'un débat, à Paris, le 1er février 2023 © Ludovic MARIN
Une vue générale du Sénat lors d'un débat, à Paris, le 1er février 2023 © Ludovic MARIN

La droite toujours aux commandes malgré quelques pertes: la composition des groupes parlementaires du Sénat, officialisée mardi, va confirmer la stabilité de la chambre haute avec un léger rééquilibrage favorable à la gauche et au centre, au détriment des Républicains.

Depuis les élections sénatoriales du 24 septembre, les tractations s'étirent en coulisses: les indécis sont courtisés, le décompte est revu à la hausse ou à la baisse, chaque signature d'un sénateur nouvellement élu est célébrée comme une petite victoire au sein des groupes.

Mais les négociations vont prendre fin. La présidence de la Haute Assemblée attend à 16h00 la liste des membres de chaque formation parlementaire afin d'arrêter la composition de l'hémicycle.

Réélu sans surprise à la présidence du Sénat lundi, Gérard Larcher va pouvoir mesurer l'érosion des Républicains, à l'aube de débats intenses au Parlement sur l'immigration et le budget. 

La droite sénatoriale reste largement maîtresse de la "chambre des territoires" grâce à un fort ancrage local, mais elle risque de perdre une douzaine de membres, avec un décompte estimé à 133 sénateurs, contre 145 avant les sénatoriales, sur 348 au total.

Faut-il y voir un signal faible ? "Notre famille politique, elle n'est pas au mieux de sa forme. Mais le groupe LR va rester de très, très loin le premier groupe du Sénat", balaye le président des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Divergences

Divisée et minoritaire à l'Assemblée nationale, la droite peut encore se satisfaire au Sénat d'une nette domination, qu'elle doit pour partie à une alliance solide avec l'Union centriste.

Le groupe, positionné au centre droit et qui rassemble des élus très divers (UDI, Les Centristes, MoDem, sans étiquette...), espère rester "à peu près à l'équilibre" avec 57 sénateurs, selon son président Hervé Marseille. Le sénateur des Hauts-de-Seine souligne que les nouveaux rapports de force "renforceront notre influence au sein de la majorité sénatoriale".

Celle-ci sera particulièrement scrutée sur certains textes d'importance, comme la loi immigration attendue début novembre au Sénat: le gouvernement se heurte à la "ligne rouge" des LR sur les régularisations dans les métiers en tension, mais Hervé Marseille veut toujours croire à un "compromis".

Le patron de l'UDI n'a d'ailleurs pas manqué, ce week-end, d'apparaître aux Universités de rentrée du MoDem dans le Morbihan, alors que le positionnement de son mouvement pour les européennes du mois de juin n'est pas encore arrêté.

"C'est normal qu'il y ait des divergences, mais je crois qu'on partage avec Hervé Marseille et Gérard Larcher cette idée que l'on tient l'institution sénatoriale", insiste Bruno Retailleau.

Le cap des 100 à gauche ?

La majorité présidentielle, sans surprise, va rester très minoritaire au Sénat. Le groupe macroniste (RDPI) a essuyé des pertes aux sénatoriales mais va sauver les meubles en maintenant plus de 20 sénateurs (24 avant le vote), grâce notamment à la signature de dernière minute d'élus ultramarins, selon plusieurs sources parlementaires.

Le groupe des Indépendants, proche du parti Horizons d'Edouard Philippe, va grandir de quelques sièges selon ses derniers décomptes internes (autour 18 membres contre 14 avant la recomposition). Il est notamment parvenu à enrôler la sénatrice de l'Essonne Laure Darcos (LR).

De quoi satisfaire le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester, qui a décrit auprès de l'AFP une "majorité présidentielle globalement élargie et renforcée au Sénat", déterminée à "travailler de façon constructive avec la majorité sénatoriale".

La gauche sort aussi gagnante de ce renouvellement par moitié du Sénat. Les groupes communiste, écologiste et socialiste, alliés dans une quinzaine de départements aux sénatoriales, vont "tutoyer" leur objectif de 100 sénateurs de gauche (contre 91 avant les sénatoriales), selon le chef de file socialiste Patrick Kanner. 

Ils pourraient même l'atteindre en fonction du choix de quelques sénateurs indécis, selon les décomptes des uns et des autres, avec 64 sénateurs socialistes, 17 ou 18 communistes et 16 à 18 écologistes.

Lundi, les candidats de gauche opposés à Gérard Larcher pour la présidence ont d'ailleurs récolté 102 voix à eux trois.

Une fois recomposé, le Sénat s'attellera mercredi au renouvellement de son bureau et de ses commissions, avec là aussi d'intenses négociations dans les couloirs.

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