Retour sur l'événement à Boulogne-sur-Mer

Semaine de l’industrie : un secteur en tension... mais en mouvement

Pour la seconde fois, Nausicaá, à Boulogne-sur-Mer, a accueilli la semaine de l’industrie. L’occasion de faire le point sur un secteur en tension.

A Nausicaá, les acteurs de la formation et de l’industrie rassemblés. © Aletheia Press/Morgan Railane
A Nausicaá, les acteurs de la formation et de l’industrie rassemblés. © Aletheia Press/Morgan Railane

C’est la seconde fois que la semaine de l’industrie se déroulait au sein de Nausicaá, à Boulogne-sur-Mer. Le Centre national de la mer a eu les honneurs de l’événement qui a mobilisé l’ensemble des partenaires intéressés : l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) en chef d’orchestre avec l'Association de formation professionnelle de l'industrie (AFPI), Pôle Emploi, l’Association Mission Insertion Emploi (Amie), le Conseil régional et des entreprises emblématiques du boulonnais. «Nausicaá permet de montrer les métiers de l’industrie - et notamment la maintenance - dans un cadre touristique», explique Christophe Sirugue, son directeur général. Nous avons vingt personnes ici qui s’occupent de la maintenance. Huit salariés de notre prestataire Dalkia et 12 de nos salariés».

Autour de la table, les dirigeants de l’AFPI sont confiants. Avec 154 contrats d’apprentissage en 2023 (dont 25 en CAP) et 250 apprentis à Boulogne-sur-Mer, ils connaissent leur meilleure rentrée. «Le maître-mot, c’est l’attractivité», déclare David Skrzypczak, directeur régional de l’AFPI. «Il nous faut montrer les vecteurs de la maintenance ailleurs que dans l’industrie. Dans nos formations, notre taux de présentéisme en formation est de 75% contre 65% en moyenne» ajoute-t-il. En général, les absents ont été embauchés par les entreprises manquant de personnel qualifié. L’AFPI développe ses outils pour accompagner les entreprises dans leur recrutement avec de nouveaux locaux et du matériel dédié à la maintenance.

L’industrie au féminin ou rien

Du côté des entreprises, les besoins en main d’œuvre sont tels que leurs stratégies en sont modifiées. Chez Eviosys Packaging France à Outreau, on emploie 150 personnes pour un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros par an, qui regroupe la production de 700 millions de boîtes de conserve pour des grandes enseignes comme Bonduelle ou Continental Nutrition. «Nous étions à 20 à 25% d’intérimaires parmi nos salariés. Nous sommes passés à la titularisation. Cariste, opérateur, pilote et mécanicien de ligne… tous ces postes sont concernés. Neuf personnes seront titularisées prochainement» explique Arnaud Debeir, chef de projet logistique et environnement chez Eviosys Packaging France.

A la Socarenam, Marie-Valentine Gobert, responsable des ressources humaines, alerte : «Nous sommes dans l’apprentissage depuis vingt ans. Aujourd’hui, nous avons 20 apprentis, du CAP au BTS. Mais depuis cinq ans, cela devient compliqué.» Alors l’entreprise teste des solutions alternatives. «Nous expérimentons le recrutement par simulation avec Pôle Emploi. Comme nous avons des métiers très spécifiques, nous formons ensuite en interne. Mais nous manquons de tuteurs. Et de gros programmes sont à venir…»

A l’Amie, on pointe une autre difficulté stratégique : «La réindustrialisation dans le dunkerquois est compliquée au vu des recrutements. Il ne faut pas assécher les autres territoires». De son côté, le Conseil régional rappelle qu’il a consacré 1,2 million d’euros pour financer les formations dans l’industrie. «Ce sont 162 personnes en 2023. Il reste des modules», indique la conseillère boulonnaise Mireille Hingrez-Céréda. 

En conclusion, le sous-préfet de Boulogne-sur Mer Patrick Leverino a félicité chacun en restant lucide : «Avec l’arrivée des gigafactories, j’entends parler d’évasion de main d’œuvre, je me dis que ce sont des problèmes de riches». Le problème a peut-être sa solution. Pour Marie-Hélène Joly Paillet, secrétaire générale de l’UIMM 62, «l’industrie ne se fera pas sans les femmes. Cela fait dix ans qu’elles ne représentent que 28% des effectifs dans les écoles d’ingénieurs