Sécurité à l'école: l'Education nationale cherche la parade face aux menaces

Vagues de menaces via les ENT, départ précipité d'un proviseur de lycée parisien menacé de mort: l'Education nationale et sa ministre cherchent la parade pour rétablir...

 © Thomas BERNARDI
© Thomas BERNARDI

Vagues de menaces via les ENT, départ précipité d'un proviseur de lycée parisien menacé de mort: l'Education nationale et sa ministre cherchent la parade pour rétablir la sérénité dans les établissements scolaires.

"Les enseignants ne sont pas seuls et nous formons tous un bouclier autour d'eux, autour de nos établissements", a assuré vendredi la ministre de l'Education Nicole Belloubet lors d'un déplacement dans un lycée de Bordeaux visé par des "menaces". 

"Tout ce qui touche à l'école en termes d'actes malveillants est vraiment inacceptable", a-t-elle ajouté après plusieurs jours de menaces d'attentats contre des dizaines de collèges et de lycées à travers la France via la messagerie des espaces numériques de travail (ENT).

Depuis le milieu de la semaine dernière, plus de 150 établissements situés dans vingt académies, ont été visés, selon le ministère.

Un mineur de 17 ans sera présenté samedi à un juge d'instruction parisien pour une éventuelle mise en examen portant sur l'envoi de messages via les ENT, a annoncé la procureure de Paris Laure Beccuau.

Les procédures sur les cyberattaques ayant visé les collèges et lycées en France sont désormais centralisées à Paris, a-t-elle précisé.

Un lycéen de 16 ans, suspecté d'être l'auteur de menaces envers l'établissement bordelais visité par la ministre, a été placé en garde à vue vendredi pour "menace de mort" et "apologie publique d'un acte de terrorisme".

En Alsace, un adolescent de 15 ans a été arrêté et placé sous contrôle judiciaire après avoir reconnu quatre fausses alertes à la bombe visant cette semaine deux collèges de Mulhouse (Haut-Rhin) et sa banlieue, selon une source policière.

Après avoir indiqué jeudi qu'elle suspendait les messageries des ENT, Mme Belloubet a annoncé vendredi la création à la rentrée prochaine d'une "force mobile scolaire" nationale, composée d'une vingtaine de personnes, qui pourra être envoyée dans les établissements scolaires en cas de "difficultés". 

En cas d'"actes de cyber-malveillance" ou "d'attaques physiques" contre des établissements, "désormais l'Etat se portera systématiquement partie civile lorsqu'une plainte sera déposée", a-t-elle ajouté.

Une réunion aura lieu jeudi sur la sécurisation des établissements scolaires associant les ministres de l'Education, de l'Intérieur et de la Justice avec les préfets, recteurs et procureurs généraux.

Plein soutien

La ministre a affiché aussi son soutien au proviseur du lycée Maurice-Ravel de Paris, après l'annonce en début de semaine de son départ pour "raisons de sécurité". Il a été menacé de mort sur les réseaux sociaux après une altercation fin février avec une élève scolarisée en BTS, pour qu'elle enlève son voile.

Son départ, quelques mois avant sa retraite, a causé une vague d'émoi et d'indignation au sein de la classe politique, jusqu'au Premier ministre Gabriel Attal qui a annoncé mercredi une plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre la jeune femme.

"L'intransigeance est totale de notre part. Il ne peut pas y avoir d'attitudes qui vont à l'encontre de ce principe fondateur de la République qu'est la laïcité", a souligné la ministre de l'Education. "Le proviseur a remarquablement fait son travail, nous sommes en plein soutien à ses côtés".

Le principal syndicat des chefs d'établissements, le SNPDEN-Unsa, s'est exprimé pour la première fois vendredi après ce départ.

"Nous sommes debout, pour dire qu'on ne reculera pas", a déclaré son secrétaire général Bruno Bobkiewicz, lors d'une conférence de presse. "C'est intolérable d'être obligé de se mettre en retrait et de devoir être protégé quand on est chef d'établissement."

Echec du dialogue

Une cinquantaine de personnes, dont une quinzaine d'élus, ont également manifesté leur soutien vendredi matin devant la cité scolaire Ravel, à l'appel du Parti socialiste, a constaté un journaliste de l'AFP.

Quelques parents d'élèves ont aussi participé à ce rassemblement sans prise de parole, avec une forte présence policière.

Depuis un mois, "les élèves étaient un peu agités" et il y a eu "beaucoup de rumeurs, de fake news", a indiqué à l'AFP Frédéric, 44 ans, parent d'un élève de 6e, qui n'a pas voulu donner son nom.

Après le départ du proviseur, "tous les parents ont commencé à avoir une culpabilité, on s'est demandé si on avait assez manifesté notre soutien", a-t-il ajouté.

"On n'arrive pas à mettre à l'abri les chefs d'établissements de ce type d'attaque, c'est un échec du dialogue autour de la laïcité", a déploré Martin Raffet, président de la FCPE Paris, une des deux grandes fédérations de parents d'élèves. 

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