Seconde vie pour le textile régional

Paris, New York et… Tourcoing. Le leader européen de la vente de vêtements et d’accessoires de luxe et de mode d’occasion en ligne Vestiaire Collective vient d’inaugurer un troisième hub logistique dans le quartier de l’Union. A terme, plus de 110 salariés et une future plaque tournante européenne pour le site qui enregistre une croissance de 50% chaque année.

A terme, 119 salariés devraient travailler sur le site.
A terme, 119 salariés devraient travailler sur le site.

Dior, Hermès, Louis Vuitton, Chanel… Ce lundi 4 décembre, il flottait un air de luxe et de haute couture dans l’immeuble dit «Le Champ libre». Cet ancien magasin de laine de la Tossée, d’une surface de 7 200 m2, abrite depuis juillet 2017 les 2 000 produits journaliers reçus via le site Internet de Vestiaire Collective. Créé en octobre 2009 par Sébastien Fabre, vestiairecollective.com compte plus de 6 millions de membres dans 48 pays. Le principe ? La revente de vêtements et d’accessoires très haut de gamme. «Je trouvais frustrant de voir des produits désirables traîner dans des placards. On peut trouver des pièces incroyables dans les dressings ! Nous avions envie d’une approche éthique de la mode, sur un principe d’économie circulaire», explique le CEO, Sébastien Fabre. S’il avoue modestement que Tourcoing lui était inconnu avant d’y implanter ce troisième hub logistique – le plus important en termes de superficie –, il a rapidement été séduit par cette ancienne tête de file du textile où les savoir-faire persistent. «Ce berceau du textile et de la vente à distance nous fait gagner du temps. Nous recherchions un bâtiment avec une capacité logistique capable de répondre à notre croissance, ainsi que des compétences humaines.» Accompagné par Lille’s Agency, l’agence de développement économique de la MEL (qui a versé une subvention de 250 000 €, comme la Région), Vestiaire Collective a donc préféré Tourcoing à Reims, l’autre ville de la short list du groupe. Et a inauguré en grande pompe ce bâtiment, en présence de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, et de Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, toujours très impliqué dans le développement de son ancienne ville de mandature. «Vous allez réussir à transformer ces friches industrielles en pourvoyeuses d’emplois», a tenu à souligner Bruno Le Maire en visitant les locaux de ce «dépôt-vente 2.0». 50 emplois ont d’ores et déjà été créés avec un objectif de doubler l’effectif d’ici trois ans.

Intertitre

110 M€ de chiffre d’affaires en 2016

D’ici trois ans, le hub tourquennois devrait recevoir jusqu’à 10 000 produits journaliers. Sacs à main, bijoux, vêtements, montres… toutes les pièces griffées proposées par des consommatrices – la clientèle du site est féminine à 90% – passent entre les mains expertes des spécialistes de la contrefaçon. 30% des produits ne passent pas la première barrière de la modération sur Internet, soit parce qu’ils ne sont plus dans l’air du temps, soit parce qu’ils sont contrefaits. Reste ensuite la vérification «physique» par une équipe dédiée de commissaires-priseurs ou d’anciens salariés du milieu du luxe. Tout est passé au crible : coutures, matières, boutons, étiquettes… Un travail minutieux où les cinq sens doivent être en alerte : «Il faut avoir le produit en main pour dénicher les contrefaçons. Les cuirs Hermès ont par exemple une odeur particulière. Sur des sacs contrefaits, il y a une odeur de pétrole», explique Justine, spécialiste de la conservation textile, arrivée en juillet dernier et qui a suivi une formation très poussée de cinq mois. A l’issue de ces minutieuses vérifications, seul 0,5% des articles relève de la contrefaçon. C’est la vendeuse qui fixe son prix – «elle est accompagnée par nos équipes dans l’estimation du prix» précise Sébastien Fabre –, sur lequel Vestiaire Collective prélève une commission d’environ 25%. Vestiaire Collective compte six bureaux dans le monde (Paris, Berlin, Londres, Milan, New York et Hong Kong), pour un effectif global de 300 salariés. Avec cette implantation à Tourcoing, l’entreprise poursuit clairement son objectif exponentiel de croissance, permettant aussi au quartier de l’Union de continuer sa transformation.

Phrase à mettre en gros entre guillemets

«Ce berceau du textile et de la vente à distante nous fait gagner du temps»

Sébastien Fabre, CEO de Vestiaire Collective, explique que le produit peut être vendu quatre fois sur le site.

Victor Mahieu

Au premier plan, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, et Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances.

 Jean-Louis Carli - Photographe

Vestiaire Collective occupe le bâtiment “Le Champ libre”, dans le quartier de l’Union à Tourcoing.

 Jean-Louis Carli - Photographe

A terme, 119 salariés devraient travailler sur le site.