SeaFrance attend la délivrance :Liquidation ou coopération ?
La der des der ? Lundi prochain, le tribunal de commerce de Paris dira si l’offre de la scop est recevable et si les conditions de reprise de l’entreprise Sea France sont réunies par les promoteurs du projet de coopérative. Dans ce cas de figure, ce sera la plus grande scop de France. Une expérience à regarder de près dans ces temps économiquement troublés.... Ce serait une victoire retentissante pour les salariés et une défaite totale pour une direction qui n’aura cessé d’entraver le projet. Dans le cas contraire, la liquidation de la société ouvrira la porte à des reprises d’actifs partiels ou totaux. Et à la perte de près de 900 emplois. Un drame social et économique, une nouvelle semelle de plomb sous les pieds de la Côte d’Opale.
Noël sous pression sur la Côte d’Opale. Le tribunal de commerce de Paris a décidé d’attendre la rentrée pour statuer – définitivement ? – sur le sort de la compagnie maritime SeaFrance. L’examen de la seule offre déposée (celle d’une scop composée majoritairement des salariés) devait se tenir le 19 décembre dernier à Paris. 300 marins issus des rangs de la CFDT avaient fait le déplacement. Les juges ont décidé de faire connaître leur décision le 3 janvier prochain. Les administrateurs judiciaires ont réclamé la liquidation totale de la société lors de cette audience “technique” et à huis clos. Les juges n’ont pas donné suite à cette demande et en redébattront le 3 janvier prochain. A cette date, il faudra probablement attendre encore quelques jours pour savoir quel avenir attend les 900 derniers salariés en CDI et CDD de la filiale maritime de la SNCF.
Intox et contre-manifestation
Le ton est encore monté après la manifestation du 9 décembre dernier où un millier de personnes avaient défilé dans les rues de Calais accompagnés des élus de tous bords. Une contre-manifesttaion a eu lieu le 19 décembre dernier pour dénoncer “l’emprise de la CFDT” sur le sort de SeaFrance. S’ils n’étaient qu’une petite centaine au port de Calais, les anti-scop se sont montré virulents contre la seule offre déposée auprés du tribunal de commerce de Paris. Majoritaire depuis des décennies dans l’entreprise, la CFDT est trés critiquée en cette fin d’année : le fait d’avoir refusé de rencontrer les dirigeants du consortium DFDS/LDA qui avaient déposé une offre trés inférieure au plan social (460 emplois préservés sur 900 et 5 millions pour les navires) ne les a probablement pas aidés. Selon des “fuites” dans la presse locale, une nouvelle offre aurait été présentée à la direction de SeaFrance : DFDS se serait engagé à reprendre plus de 600 personnes et aurait apprécié son offre de cash pour les actifs. Mais aucun document ne l’atteste, aucun témoin et aucune confirmation de DFDS ne viennent conforter ce bruit…
Des bateaux à prendre
Le 21 décembre dernier, les 4 autocars affrétés par la CFDT amenaient les marins venus entendre la décision du tribunal de commerce de Paris qui devait statuer sur le sort des navires, bloqués à quai pour d’obscures raisons de sécurité (voir nos éditions précédentes). Au moment de boucler notre édition, la décision avait été repoussée au 23 décembre. Si les navires restaient encore à quai, le manque à gagner pèserait encore plus dans la trésorerie déjà défaillante de l’entreprise. S’ils reprennaient la mer, ce serait un signe extrêment positif pour l’offre de la scop. Comment imaginer que le tribunal donne le signal de la reprise effective de l’activité quelques jous avant une liquidation pure et simple ? La décision se joue aussi chez les collectivités qui soutiennent le projet de scop: les villes du littoral, le Conseil régional (prêt à prendre 25% du capital), le conseil général du Pas-de-Calais qui étudie le plan de reprise de la scop… Si cette offre est repoussée, la liquidation sera prononcée d’ici le 28 janvier, date de la fin de la poursuite d’activité octroyée par le tribunal en octobre dernier. L’histoire du pavillon maritime français s’arrêtera alors sur le transmanche et les restes de SeaFrance feront bien l’affaire d’armateurs venant faire leur marché devant les regards tournés de la SNCF. Et de l’Etat qui vient justement de se voir doter d’un dividende exceptionnel (230 millions d’euros) de la part de son entreprise publique.