Scandale Odebrecht: 55 personnes inculpées par le parquet colombien
Le parquet de Colombie a annoncé jeudi l'inculpation de 55 personnes dans le cadre du scandale Odebrecht, dont un groupe de 22 anciens responsables et lobbyistes de l'entreprise de BTP...
Le parquet de Colombie a annoncé jeudi l'inculpation de 55 personnes dans le cadre du scandale Odebrecht, dont un groupe de 22 anciens responsables et lobbyistes de l'entreprise de BTP brésilienne, et 33 ex-fonctionnaires de l'Etat.
Le parquet a indiqué sur son site internet qu'il formulera les inculpations pour "appropriation de biens publics". L'ancien président d'Odebrecht - aujourd'hui appelé Novonor -, Marcelo Odebrecht, figure parmi les accusés.
"Durant au moins huit ans (2009-2016) la multinationale Odebrecht (...) s'est appropriée des biens publics pour son propre bénéfice" et a versé "80 milliards de pesos" (17,9 millions d'euros) à des fonctionnaires qui ont choisi Odebrecht pour construire une route de 528 kilomètres entre le centre du pays et la côte caribéenne, a détaillé le parquet.
M. Odebrecht a été condamné à une peine de 19 ans de prison ramenée à dix, qu'il purge à domicile, pour un autre scandale de pots-de-vin impliquant la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras.
Le parquet a aussi indiqué avoir émis un mandat d'arrêt international contre Eder Paolo Ferracuti, Amilton Hideaki et Marcio Marangonni, de hauts responsables brésiliens de l'entreprise Odebrecht, déjà inculpés en mars 2021 dans le cadre du scandale entourant le groupe de BTP.
Rouvrir" les dossiers
Ces annonces surviennent un jour après que le président de Colombie, Gustavo Petro, a demandé au parquet de "rouvrir" ces dossiers, en sollicitant l'aide du Brésil et des Etats-Unis pour sanctionner les cerveaux de ce système de corruption.
Il a fustigé l'impunité dont bénéficieraient les principaux auteurs de ce système.
Fin 2020, la surintendance de l'Industrie et du Commerce de Colombie a infligé 50 millions de dollars d'amende à Odebrecht, mais l'entreprise de BTP "n'a pas payé un peso", selon M. Petro, cité dans un communiqué de la présidence.
Le président a affirmé que le bureau du procureur avait "permis" aux dirigeants d'Odebrecht de quitter le pays, afin qu'ils ne dénoncent pas les responsables politiques ayant reçu les pots-de-vin.
"Nous savons qui ils ont soudoyé" et "qui ont été les intermédiaires. Mais nous ne savons pas où est allé l'argent parce qu'il est allé à ceux qui ont le pouvoir politique", a lancé Gustavo Petro.
Contrairement à d'autres pays d'Amérique latine, la Colombie n'a jugé aucun haut-fonctionnaire de l'Etat dans cette affaire.
Luis Fernando Andrade, ex-directeur de l'Agence nationale des infrastructures (ANI), un organisme public, est cependant cité dans la liste des inculpés. Cet ancien fonctionnaire, le plus gradé de la liste, a fui aux Etats-Unis en 2018, accusant le parquet de persécution.
Au Pérou, trois anciens présidents sont sous le coup d'enquêtes et un quatrième, Alan Garcia, s'est suicidé le 17 avril 2019 alors qu'il allait être arrêté dans le cadre du même scandale.
Le parquet a aussi assuré qu'Odebrecht avait contribué à hauteur de 800.000 dollars à la campagne de l'ex-président Juan Manuel Santos (2010-2018), sans que celui-ci ne fasse partie de la liste des inculpés diffusée jeudi.
Odebrecht a été condamnée à payer des amendes dans plusieurs pays, dont 2,6 milliards de dollars aux gouvernements du Brésil, des Etats-Unis et de Suisse.
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