Sanofi visé par une enquête judiciaire pour manipulation de cours
Le géant pharmaceutique Sanofi est visé par une enquête de la justice française pour manipulation de cours et diffusion d'information fausse ou trompeuse dans sa communication financière...
Le géant pharmaceutique Sanofi est visé par une enquête de la justice française pour manipulation de cours et diffusion d'information fausse ou trompeuse dans sa communication financière autour de son médicament vedette Dupixent.
Le Parquet national financier (PNF) a ouvert en mars une enquête préliminaire visant Sanofi pour "diffusion d'information fausse ou trompeuse et manipulation de cours, confiée à la brigade financière" et portant "sur la communication financière du groupe Sanofi", a indiqué mardi une source judiciaire, confirmant des informations de La Lettre.
Sollicitée, cette source judiciaire n'a pas indiqué si des perquisitions ou gardes à vue avaient eu lieu à ce jour.
L'enquête concerne un "problème d’estimation des ventes du Dupixent", produit phare du groupe pharmaceutique français, a-t-on ajouté de source proche du dossier.
Selon La Lettre, c'est la communication financière autour du lancement de la molécule fin 2017 qui est dans le collimateur de la justice.
Pas au courant" de l'enquête
Interrogé par l'AFP, Sanofi affirme ne pas être "au courant d’une quelconque enquête préliminaire du Parquet national financier sur ses comptes 2017 ou autre" et "se réserve le droit d’agir en justice contre toute allégation mensongère ou diffamatoire".
"En tant que société cotée, les informations financières que Sanofi publient sont exactes, précises et sincères, et sont par ailleurs dûment auditées par deux cabinets de commissariats aux comptes", assure le groupe dans une réaction écrite transmise à l'AFP.
A la Bourse de Paris, l'action Sanofi a clôturé mardi en baisse de 0,61% à 84,42 euros.
Développé depuis 2009 par Sanofi et son partenaire américain Regeneron contre l’asthme et l’eczéma sévère, et lancé sur le marché en 2018, Dupixent s'est imposé rapidement comme le moteur de croissance de Sanofi.
Il est venu compenser la baisse des ventes du précédent blockbuster, le Lantus, dans le traitement du diabète, concurrencé par les génériques depuis l'expiration du brevet en 2015.
Le Dupixent - de son nom scientifique dupilumab - est un anticorps monoclonal approuvé pour traiter diverses maladies, comme la polypose nasosinusienne (pathologie des sinus), le prurigo nodularis (maladie de la peau) ou encore l'œsophagite à éosinophiles (maladie chronique de l'œsophage).
La pépite Dupixent
Plus de 750.000 patients dans le monde sont traités par ce médicament, approuvé dans une ou plusieurs de ces indications dans plus de 60 pays, selon Sanofi.
Dès son arrivée au poste de directeur général du groupe en 2019, le Britannique Paul Hudson a misé sur le potentiel du Dupixent, avec l'objectif d'élargir les ventes et d'obtenir de nouvelles autorisations thérapeutiques.
Les résultats sont fulgurants: les ventes, qui étaient de l'ordre de 380 millions d'euros au troisième trimestre 2019 grimpent à 2 milliards d'euros fin 2019. Et le médicament est commercialisé dans 34 pays contre 18 pays à l'arrivée de Paul Hudson.
Entre 2020 et 2021, elles passent de 3,5 à 5 milliards d'euros.
Au troisième trimestre, Dupixent "s'approche des 11 milliards d'euros de ventes en rythme annuel", a indiqué fin octobre M. Hudson lors de la présentation des résultats trimestriels.
Les investisseurs s'interrogent toutefois sur la dépendance du groupe à cette pépite médicamenteuse dont le brevet tombera en 2031.
Fin octobre, Sanofi a cherché à les rassurer en annonçant renforcer ses investissements dans la recherche et développement pour mettre au point des médicaments innovants susceptibles de devenir des nouveaux moteurs de croissance. Mais ces investissements vont peser sur la rentabilité et le groupe a dû abandonner son objectif de marge pour 2025, ce qui a fortement déplu au marché.
Pour soutenir ces dépenses en R&D, le groupe, qui veut se concentrer sur des médicaments et les vaccins innovants, a annoncé un plan d'économies d'un montant total pouvant aller jusqu’à 2 milliards d'euros entre 2024 et fin 2025.
Il a donné rendez-vous aux investisseurs le 7 décembre à New York, avec le nouveau patron de la R&D monde Houman Ashrafian, pour leur apporter des précisions sur la répartition des investissements dédiés à la recherche.
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