Énergies

Saint-Riquier : le méthaniseur alimente 4 500 foyers

Depuis fin octobre, le méthaniseur de la SAS Bioénergie centuloise est en fonctionnement à Saint-Riquier. Le projet a été porté par neuf associés sur cinq fermes. Il fonctionne grâce au lisier et au fumier des élevages bovins. Le gaz produit est revendu à Engie.


Dominique Dengreville devant les cuves de fermentation.
Dominique Dengreville devant les cuves de fermentation.

Peu de foyers d’Abbeville le savent mais il y a de grandes chances que le gaz qui alimente leur maison provienne du méthaniseur de Saint-Riquier. Le projet remontant à 2017 est né de la volonté de neuf associés, soit cinq exploitations. Aménagé sur les hauteurs, au lieu dit La Prêle, il se développe sur 3,5 hectares à plus de trois kilomètres des premières maisons. Il ne dégage ni odeurs, ni bruit.

« Nous avons une source d’énergie dans nos élevages d’environ 800 bovins qui est le lisier et le fumier, explique Dominique Dengreville, le président de la SAS Bioénergie centuloise. Nous sommes partis sur de la méthanisation car c’est un système biologique, naturel. D’ailleurs le digestat qui en ressort pourrait être utilisé pour les cultures biologiques. Pour moi, le méthaniseur est une grosse panse de vache. Ce qui est introduit dans les trois digesteurs fermente à une température de 40 °C quasi comme dans le ventre d’une vache. »

Les digestats sont ensuite répandus dans les cultures.

Concrètement, tout ce qui arrive sur place est pesé. Les matières liquides sont ensuite déposées dans deux pré-fosses et les matières solides dans deux trémis. Au fur et à mesure, elles sont poussées dans les trois cuves de fermentation ou digesteurs de 5 000 m3. Elles y restent entre 90 et 100 jours avant de rejoindre une grande cuve de déstockage de 10 000 mpour les matières liquides et une plateforme de 1 000 m² pour les matières solides. Ces digestats, qui sont sans odeurs, sont épandus au fur et à mesure dans les cultures des associés. Là aussi, toute remorque chargée est pesée avant de quitter les lieux. C’est dans les trois cuves de fermentation que le gaz se forme, il est ensuite acheminé vers un épurateur puis part vers un poste d’injection, loué à GRDF, et enfin vers une canalisation de 3,5 kilomètres de long, installée jusque Bellencourt, aux portes d’Abbeville. Ce gaz est revendu à Engie et alimente 4 500 foyers.

Un investissement pour une dizaine d’années

« Le contrat avec Engie a été signé pour 15 ans et les prix fixés en 2021, informe Dominique Dengreville. Notre investissement de 6 millions d’euros devrait être rentabilisé au bout de dix-douze ans, d’autant que nous avons la matière pour mettre dans notre méthaniseur. Nous avons bénéficié d’une aide de l’Ademe de 10%. C’est vraiment un beau projet, certes, la rentabilité est à venir mais nous sommes à neuf dont six jeunes, parmi eux, il y a mon fils. Cela nous permettra d’avoir des revenu réguliers. Les méthaniseurs sont dans l’air du temps, il y a une une volonté des autorités que ces projets bons pour l’environnement avancent. »

L’épurateur de gaz.

Outre ses propres effluents et fumier, la SAS Bioénergie centuloise accepte, gratuitement après mise en contact et s’ils sont réglementaires, divers déchets - comme les déchets verts, les pulpes de betteraves, ou le seigle - ce qui peut être source d’économies non négligeables pour les entreprises spécialisées dans les entretiens extérieurs ou dans l’agroalimentaire. Un salarié est d’ailleurs dédié à l’installation.

Indépendante en gaz, la SAS Bioénergie centuloise espère le devenir rapidement en alimentation électrique. Elle vient de déposer un permis de construire pour faire installer des panneaux photovoltaïques sur le futur bâtiment qui couvrira la plate-forme de digestats solides. Ils devraient permettre faire fonctionner l’épurateur de gaz.