Commerce

Saint-Quentin : quatre restaurateurs maintiennent leurs activités aux halles

Depuis le mois de février, quatre restaurateurs ont pris place dans les halles de Saint-Quentin pour vendre leurs plats à emporter. Une initiative qui leur permet de continuer à travailler, de gagner en visibilité et qui fait du bien au moral.

Gilles Trançois a essayé de faire des prix attractifs, même s’il doit désormais emballer tous ses plats. (©Aletheia Press/Emma Castel)
Gilles Trançois a essayé de faire des prix attractifs, même s’il doit désormais emballer tous ses plats. (©Aletheia Press/Emma Castel)

Cantonné derrière son stand des halles de Saint-Quentin, Gilles Trançois, patron du Toronto, attend ses clients. « Le mercredi, il y a moins de monde et il est encore tôt », lance-t-il. Le restaurateur a sauté sur l’occasion quand l’opération "Place aux Restos" a été lancée conjointement par l’Union des métiers de l’industrie hôtelière et le grossiste alimentaire Metro. Ici, deux jours par semaine, le mercredi et le samedi, Gilles Trançois et trois autres restaurateurs se sont installés dans des stands vides des halles.

Un avenir incertain

« Je suis là depuis février, il fallait bien trouver une alternative à la fermeture, explique-t-il, et puis ça m’occupe, ça me force à me lever le matin ». Et il faut être matinal, car ce dernier arrive à 6h30 aux halles. La veille, il a préparé seul une trentaine de plats du jour. Ses deux salariés sont au chômage partiel : « S’il fallait les faire travailler, ce ne serait pas rentable ». Car forcément, il ne fait pas le même chiffre d’affaires qu’avant la crise, « quand j’ai racheté le restaurant il y a trois ans, c’était florissant, on faisait beaucoup de clientèle de bureau. Mais avec le chômage partiel, le télétravail, il n’y a plus rien », regrette-t-il.

À 57 ans, il envisageait de prendre bientôt sa retraite, « mais mon fonds de commerce ne vaut plus rien, sachant qu’il faut deux à trois ans pour le vendre correctement, donc il faut travailler, travailler, travailler ». Aujourd’hui, avec ces ventes, il maintient la trésorerie, et le chiffre qu’il réalise n’est pas déduit des aides gouvernementales.

Richard Rousseaux a racheté Ô Divin en novembre dernier, une grosse prise de risques pour le restaurateur. (©Aletheia Press/Emma Castel)

Payer quelques factures

Des aides que ne touche pas son voisin de stand, Richard Rousseaux. Il s’est lancé dans l’aventure de la restauration en novembre dernier, quand il a racheté la brasserie Ô Divin. « Je ne touche rien, car je n’ai pas de bilan, pas d’employé, donc c’est zéro. Quand ils disent qu’ils aident tout le monde, ce n’est pas vrai », souffle-t-il amèrement. 

Mais avec cette activité aux halles, il tente de maintenir le cap, malgré les charges qui s’accumulent et le loyer de 3 000 euros par mois, « mon propriétaire ne veut pas étaler les paiements, il a menacé de m’envoyer un huissier ». Alors vendre aux halles ses plats du jour lui permet d’entrevoir le bout du tunnel, « je peux payer quelques factures, même avec le coût des emballages, on arrive à s’y retrouver ». Richard Rousseaux attend la réouverture des terrasses avec impatience, « car avec les cafés, les apéros, les bières, ça fait toujours de l’argent en plus ».

Les ventes sont meilleures le samedi aux halles de Saint-Quentin pour Geoffrey Duprey, qui envisage d’y rester à l’année. (©Aletheia Press/Emma Castel)

Derrière lui, un autre professionnel dit « ne pas se plaindre ». Geoffrey Duprey, à la tête du restaurant Georges, vend entre 90 et 100 plats le samedi, et 40 à 50 le mercredi, sans compter les entrées et les desserts. Mais l’incertitude et ce manque de perspective restent pesants, « j’aimerais juste avoir une date de réouverture, même si c’est en septembre, au moins pour avoir un objectif », conclut-il.