Stratégie

Roye : Deceuninck va introduire du PVC recyclé dans ses profilés

À partir du mois de juin, l’unité de production de Roye inaugurera deux nouvelles lignes dédiées à la production de profilés comprenant 42% de PVC recyclé. Une évolution qui répond à une stratégie de groupe et qui a nécessité un premier investissement de 2,5 millions d’euros.

Les deux nouvelles lignes du site de Roye seront pleinement opérationnelles en septembre. ©Deceuninck
Les deux nouvelles lignes du site de Roye seront pleinement opérationnelles en septembre. ©Deceuninck

L'industrie change décidément... et tout le monde apporte sa pierre à l'édifice. C'est le cas de l'entreprise Deceuninck, qui va dès le mois de juin intégrer du PVC recyclé dans ses lignes de production. Créé en 1985 à Roye, Deceuninck France SAS fait partie des 17 sites de production du géant belge qui figure dans le top 3 mondial des concepteurs et fabricants de menuiseries. L’unité de production française, qui fabrique essentiellement des profilés PVC, compte actuellement 26 lignes de production et emploie 150 salariés, dont 17 intérimaires.

Conscient de la nécessité pour les industriels à faire évoluer leurs pratiques pour limiter leur impact environnemental, le groupe Belge a développé un process de coextrusion qui permet d’allier de la matière vierge et de la matière recyclée. « Nous avons en Belgique un site qui recycle et regranule 45 000 tonnes de matière par an », explique Mickael Areias, directeur du site arrivé il y a tout juste un an à Roye.

Mickael Areias, directeur industriel du site de Roye depuis un an. ©Deceuninck

Une stratégie de groupe

Si la production d’éléments recyclés est déjà en vigueur dans le Benelux, le procédé n’était jusqu’ici pas appliqué en France. « À partir du mois de juin nous aurons deux nouvelles lignes qui nous offrirons la possibilité de produire des profilés dont 42% du corps sera recyclé », poursuit-il. Un pourcentage précis qui garantit la stabilité du produit et qui répond à la règlementation en vigueur, puisqu’actuellement il n’est pas possible en France de produire des éléments 100% recyclés.

« Deceuninck est le plus grand recycleur de PVC dur dans le Benelux, le groupe a d’ailleurs développé la gamme Phoenix, dont les profilés sont 100% recyclés. Ici pour le moment, ce n’est pas possible », détaille Mickael Areias qui a supervisé la mise en place des deux nouvelles lignes qui ont nécessité un investissement de 2,5 millions d’euros. « Elles seront mises en route en juin et monteront en puissance jusqu’en septembre. Deux autres suivront en 2024 et deux autres encore en 2025, ce qui demandera un investissement de 10 à 15 millions d’euros sur cinq ans », annonce le directeur du site d’extrusion.

Le site de Roye produit des profilés mais aussi des lames de terrasses composites. ©Deceuninck

Monter en compétence & recrutements

Une évolution de l’activité qui va également être synonyme d’une montée en compétence des opérateurs, puisque si le principe d’extrusion reste identique, il faudra désormais gérer deux flux matières (la matière vierge et la matière recyclée). Outre ce besoin de formation interne, Deceuninck France SAS se prépare à vivre un autre mouvement chez ses collaborateurs, dû à la pyramide des âges. « Dans les quatre ans qui viennent nous allons devoir faire face au départ de 30 à 35 salariés à la retraite. Nous anticipons dès maintenant en misant sur la transmission des savoirs puisqu’il n'existe pas réellement d’école capable de répondre à nos besoins, les métiers ici sont trop spécifiques », observe Mickael Areias.

Travaillant exclusivement en B to B, Deceuninck France SAS expédie ses profilés à des négociants, des menuisiers ou encore des fermeturiers. En 2022, l’unité de production a réalisé un peu moins de 100 millions de chiffre d’affaires. « Notre objectif est de dépasser ce chiffre de 100 millions l’année prochaine », confie Mickael Areias. Celui-ci prépare également l’avenir du site. Si ce dernier produit déjà des lames de terrasses composites en plus des profilés, le directeur souhaite aller plus loin dans la diversification. « Nous avons effectivement des projets. Savoir évoluer est toujours une bonne chose », sourit-il.