Roubaix : Clayrton's bourgeonne de projets

On y accorde souvent moins d'importance qu'aux fleurs en elles-mêmes mais l'emballage d'un bouquet est aussi indispensable que la composition florale. Comme pour la mode, il suit les tendances et les envies des consommateurs. Et c'est à Roubaix que l'entreprise familiale Clayrton's, quatrième acteur européen, dessine, imagine et produit les emballages de demain.

Une partie du stock des rouleaux qui servent à la fabrication des emballages.
Une partie du stock des rouleaux qui servent à la fabrication des emballages.

Quand le père de Tristan-Guirec Lepoutre imagine Clayrton's en 1968 – après avoir déjà eu une première affaire dans le textile –, l'entreprise est spécialisée dans les manchettes, ces cache-pots en accordéon placés autour des plantes qui venaient, à cette époque, essentiellement d'Allemagne. La société arrive plus tard sur un site de 10 000 m2 à Roubaix, que Clayrton's occupe encore aujourd'hui. Un site dédié à la logistique, d'une dizaine de collaborateurs, est implanté à Tourcoing. Depuis sa création, l'entreprise a bien évolué et compte aujourd'hui 75 salariés, dirigés depuis une petite vingtaine d'années par Tristan-Guirec Lepoutre et son frère Alban-Josse.

Tristan-Guirec Lepoutre dirige l'entreprise avec son frère depuis une vingtaine d'années.

«J'ai toujours eu envie de reprendre l'entreprise, j'ai baigné dedans, on parlait tout le temps des produits, des problématiques... Il y a 20 ans, Clayrton's s'adressait uniquement aux distributeurs. Aujourd'hui nos clients sont aussi des grossistes qui revendent à leurs clients fleuristes ou cavistes», détaille Tristan-Guirec Lepoutre. Si la grande distribution représente encore 20% de l'activité, Clayrton's réalise la majorité de son CA auprès des fleuristes (65%), des jardineries (10%) et enfin des pure players web (5%).

Aujourd'hui l'entreprise affiche un chiffre d'affaires de 20 M€, en croissance de 25% par rapport à 2019. Evidemment, l'année Covid a été difficile avec la fermeture des commerces, suivie d'une lente reprise vers les rassemblements familiaux et donc du retour chez les fleuristes. «Nous exportons 35% de notre activité. Naturellement, Clayrton's a toujours fait de l'export, nous avons commencé à commercialiser aux Pays-Bas en 2003 et aujourd'hui nous y avons un bureau.»

Des collections comme dans la mode

Quatrième acteur européen – devant les Pays-Bas, pays historiquement bien implanté sur ce marché –, Clayrton's fabrique ses emballages comme on pourrait coudre une robe. Ils suivent les tendances tout en nécessitant des qualités techniques de résistance à l'eau, d'où leur fabrication actuelle en polypropylène. «Nos designers choisissent 15 nouveaux décors par collection, sur les 45 qu'ils ont dessinés au départ. Cette année, on mise beaucoup sur le terracotta, le kaki...»

En 2015 et pour étoffer son offre de services, Clayrton's a fait l'acquisition de Creastyl, une société du nord de Lyon spécialisée dans les emballages pour vins et spiritueux. Si un seul salarié sur les 23 a choisi de s'exiler dans le Nord, l'ensemble des moyens de fabrication a rejoint Roubaix ; 25 nouveaux collaborateurs ont été recrutés pour compléter l'équipe de Creastyl.

L'usine de 10 000 m² à Roubaix.

Pionniers dans le développement durable

Le développement durable est une longue histoire chez Clayrton's. Bien loin des communications qui ne seraient pas suivies d'actes, dans l'entreprise roubaisienne, on a le développement durable chevillé au corps. «Je suis arrivé à la direction avec de vraies convictions écologiques. On a donc posé les bases, suivies d'un changement de logo et d'une nouvelle base line en 2011. Nous sommes aujourd'hui les seuls à être certifiés encres à eau (sans solvants, ndlr). Quand on a initié cette technique en 2006, on ne parlait pas de développement durable. Aujourd'hui c'est indispensable.»

Et encore plus sur des produits qui ont des durées de vie très courtes : «L'emballage participe à sublimer la valeur du cadeau ; les matériaux et les process doivent être les plus vertueux possible.» Cela passe donc par une démarche interne (ruches, plantations d'arbres, 600 m2 de panneaux photovoltaïques, travail avec des organismes de réinsertion...), mais aussi par une production réalisée en interne à 65%. Sans compter la revalorisation des déchets : 70 tonnes de papier sont revalorisées chaque année par Baudelet environnement ainsi que 70 tonnes de polypropylène.

Dès la rentrée prochaine, Clayrton's prévoit de passer à la vitesse supérieure : terminé l'importation de sacs en papier des pays de l'Est ! Ils seront désormais fabriqués depuis Roubaix, et ce, malgré des coûts de production forcément plus élevés. A la clé, des investissements dans de nouvelles machines mais aussi l'embauche d'une dizaine de salariés (notamment des opérateurs machines). «Jusqu'au premier trimestre 2023 nous allons investir 3 millions d'euros dans l'achat de machines pour la fabrication de sacs à poignées torsadées, mais aussi de nouvelles imprimantes pour la fabrication d'housses en papier pour l'emballage des bouquets», détaille Tristan-Guirec Lepoutre, qui poursuit : «Il y a un bel alignement des planètes. On a toujours fabriqué en France, mais on va le faire davantage.»

En septembre et après deux ans de R&D, Clayrton's lancera une manchette en 100% papier avec l'ambition d'être en 100% de produits biosourcés à 2030 et une diminution de 50% des émissions carbone. Actuellement l'entreprise est la seule à produire des housses en papier pour les emballages de bouquets. Parmi les petits secrets de l'entreprise, un papier réalisé à partir de déchets de betteraves ou encore à partir d'herbes... De la terre à la fleur, un cycle vertueux que Clayrton's continue de semer.