Roquette : une nouvelle ligne d'engrais biosourcés

La féculerie Roquette de Vecquemont, située à une quinzaine de kilomètres à l'Est d'Amiens, est une usine historique du groupe comme du territoire. Construite il y a presque 70 ans en 1956, elle est surtout la dernière féculerie en France. Elle emploie 125 personnes et 95 saisonniers au plus fort de la campagne qui s'étend de septembre à février. Le site peut travailler jusqu'à 5 000 tonnes de pommes de terre par jour, il transforme environ 600 000 tonnes de pommes de terre en fécules pendant la campagne. Roquette Vecquemont produit ainsi près de 110 tonnes de fécules par campagne, il reçoit aussi de l'amidon de maïs et des pois à transformer, ce qui en fait le quatrième producteur de fécules de pommes de terre en Europe. Les fécules sont ensuite utilisées dans les secteurs de l'alimentaire, la pharmaceutique, les cosmétiques et le papier-carton.

«La coopérative féculière de Vecquemont livre exclusivement le site Roquette, explique le directeur de l'usine, Patrick Poret. Elle rassemble 700 agriculteurs de la Somme, de l'Aisne, de l'Oise, de la Seine-Maritime et du Pas-de-Calais, sur une surface de plantation de 10 200 hectares cette année. Le travail de la pomme de terre présente l'avantage d'avoir un produit plus résilient, elle est ici tout de suite écrasée, nous n'avons pas besoin d'un certain calibre de beauté comme pour la pomme de terre de consommation. La production de pommes de terre et de fécules était cependant en baisse ces dernières années, mais nous avons réussi à juguler le phénomène et à doubler le prix d'achat de la tonne de pommes de terre. Nous avons stoppé l’hémorragie ensemble, mais nous restons vigilants».

Un leader mondial

Patrick Poret présente également le groupe Roquette à travers ses 30 sites de production dans le monde et ses 10 000 salariés, «ce qui en fait le leader mondial des ingrédients d'origine végétale, le fournisseur majeur d'excipients pharmaceutiques pour les secteurs de la santé et de la nutrition», souligne-t-il. [ndlr : l'excipient étant la substance autre que le principe actif dans le médicament, le cosmétique ou l'aliment]. C'est dans cette dynamique que l'entreprise a inauguré, début mars, une nouvelle ligne de production d'engrais biosourcés à partir des pommes de terre, destinés à la fertilisation des cultures, au service d'une agriculture plus durable. Avec un investissement de 4,5 millions d'euros, la nouvelle ligne permet de fabriquer deux nouveaux produits de la marque Solulys : «Ces deux produits sont la rencontre de l'innovation et du marché, fabriqués selon un procédé que nous avons breveté, se réjouit Patrick Poret. Ce sont des fertilisants et des biostimulants d'origine végétale puisqu'ils sont issus de la pomme de terre et du maïs, ils offrent aux agriculteurs une solution naturelle et efficace pour nourrir les sols et renforcer la résistance des cultures car ils sont riches en azote, phosphate, potassium et nutriments rapidement assimilables. Cette initiative ouvre de nouveaux débouchés pour la pomme de terre, elle marque également une avancée significative en matière de fertilisation des plantes, en proposant une solution durable et personnalisée, adaptée aux exigences spécifiques de nos clients industriels».

Depuis la création des deux produits en 2021 dans le laboratoire de recherche et développement de Solulys, une première production test de 100 tonnes avait été lancée en 2022, puis 400 tonnes en 2023 et les premières ventes de 800 tonnes des fertilisants solubles ont été réalisées sur l'année 2023/2024. La nouvelle ligne a été livrée à Vecquemont en octobre 2024, la production a démarré dès le mois de novembre, avec l'objectif de produire 10 000 tonnes par an de solubles filtrés Solulys.