Roman Polanski : l'enfance de l'art
En bientôt soixante ans de carrière, Roman Polanski a signé quelques-uns des films les plus intenses et les plus mémorables de l'histoire du cinéma – Chinatown, Tess, Le Pianiste. Carlotta Films réédite ses trois premiers films dont l'oppressant Répulsion avec une jeune comédienne nommée Catherine Deneuve...
Influencé par Plein Soleil (1960) de René Clément et par le cinéma d’Orson Welles, Le Couteau dans l’eau (1962) est le premier long-métrage de Roman Polanski, et le seul film qu’il tournera en Pologne dans sa langue maternelle. L'histoire d'Andrzej et son épouse Krystyna qui décident de partir en croisière. Sur une route de campagne déserte, ils prennent en stop un jeune étudiant et lui proposent de les accompagner en mer. La différence sociale entre le couple et leur invité va rapidement provoquer quelques frictions… Coécrit avec le scénariste et réalisateur Jerzy Skolimowski, Le Couteau dans l’eau marque l’entrée du cinéma polonais dans une nouvelle ère, loin des préceptes de l’art socialiste, et porte l’énergie débordante d’une jeunesse qui refuse de se conformer à la norme.
Après Le Couteau dans l’eau, Roman Polanski signe avec Répulsion (1965) le premier volet de sa «Trilogie des appartements maudits» qui comprendra Rosemary’s Baby (1968) et Le Locataire (1976). Le film suit les pas de Carol qui travaille et vit à Londres avec sa sœur Helen. Introvertie, la jeune femme éprouve des problèmes relationnels avec les hommes. Elle repousse Colin, qui la courtise, et n’apprécie pas Michael, l’amant de sa soeur. Alors que le couple part en vacances et qu’elle se retrouve seule dans leur grand appartement, Carol sombre progressivement dans la folie… Filmé dans un somptueux noir et blanc et baignant dans une atmosphère oppressante, le film marque aussi la rencontre du réalisateur avec Catherine Deneuve, plus troublante que jamais. Fascinant, ce premier chef-d'oeuvre de Polanski évoque autant le cinéma d’Alfred Hitchcock que le mouvement surréaliste.
Fort du succès de ce long-métrage, Roman Polanski et son coscénariste Gérard Brach donnent alors libre court à leur vision pessimiste de la société en signant avec Cul-de-sac (1966) une comédie noire et absurde, délibérément théâtralisée. L'histoire de George et Teresa, un couple de petits bourgeois : lui est un homme d’âge mûr, plutôt fantasque. Elle, beaucoup plus jeune, est sensuelle et mystérieuse. Ils vivent sur une île, à l’écart des autres habitants. L’arrivée de deux gangsters en cavale va bouleverser leur existence... Ce huis clos au suspense décalé, d’une liberté de ton incroyable, est l’une des oeuvres les plus libres du cinéaste où explose tout le talent de la sublime Françoise Dorléac.
Carlotta Films.