Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère, condamné à un an de prison avec sursis

Une "action militante" ayant dépassé l'"admissible": Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, a été condamné vendredi à un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour...

Rodrigue Petitot, le 16 octobre 2024 à Fort-de-France, en Martinique © Philippe LOPEZ
Rodrigue Petitot, le 16 octobre 2024 à Fort-de-France, en Martinique © Philippe LOPEZ

Une "action militante" ayant dépassé l'"admissible": Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, a été condamné vendredi à un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour des "actes d'intimidation" envers le préfet du territoire.

Le tribunal a également condamné M. Petitot, leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), à 500 euros d'amende.

Le militant, qui était en détention provisoire, est sorti du centre pénitentiaire de Ducos peu avant 10H30 locales (15H30 à Paris), selon un de ses avocats, Me Max Bellemare.

Entouré de ses proches, Rodrigue Petitot - sous bracelet électronique pour une autre affaire - s'est rendu dans le quartier populaire de Sainte-Thérèse à la rencontre de ses sympathisants avant de regagner son domicile.

Il était reproché à Rodrigue Petitot, surnommé "le R", de s'être introduit sans autorisation avec trois autres militants dans la résidence préfectorale le 11 novembre, en marge d'une visite ministérielle, et de s'en être pris verbalement au représentant de l’État, Jean-Christophe Bouvier.

Ces faits intervenaient dans un contexte de mobilisation contre la cherté de la vie en Martinique, où les denrées alimentaires sont en moyenne 40% plus chères que dans l'Hexagone. 

Le tribunal "tient compte de ce qu'une partie des faits s'inscrit dans le cadre d'une action militante, mais ne sauraient pour autant être banalisés car s'ils sont d'une gravité modérée, ils sont susceptibles de donner l'idée que l'intrusion dans le domicile privé (du préfet) constitue un mode de revendication acceptable".

"Lorsque l'action militante prétend constituer une pression sociale mais devient en réalité une méthode d'intimidation (...), elle excède ce qui est admissible au titre de la liberté d'expression", ajoute la cour.

Si l'examen des caméras de vidéosurveillance à l'audience avait pu montrer que les barrières de sécurité étaient levées, la cour a considéré que Rodrigue Petitot avait "contourné à plusieurs reprises la barrière physique constituée par les policiers en uniforme, en n'obtempérant pas aux injonctions de quitter les lieux".

Rodrigue Petitot s'était ensuite approché à quelques centimètres du préfet, exigeant d'obtenir un rendez-vous avec le ministre des Outre-mer d'alors, François-Noël Buffet. Le tout dans une ambiance houleuse, filmée par d'autres militants qui diffusaient la scène en direct.

 - Autre condamnation -

Le ministère public avait requis une peine de quinze mois de prison ferme, assortie d'un sursis probatoire de deux ans et d'un maintien en détention contre Rodrigue Petitot. Trois autres militants mis en cause dans l'incident seront jugés le 31 mars.

S'adressant à la foule réunie devant le palais de justice, son avocat, Me Georges-Emmanuel Germany, a rappelé que les parties ont dix jours pour faire appel et dit attendre de voir "ce que fera le procureur de la République, ce que feront les parties civiles qui ont toutes menti", avant de décider quoi faire.

En décembre, Rodrigue Petitot avait déjà été condamné à 10 mois de prison ferme aménageable pour s'être rendu coupable d'intimidation envers les maires de l'île, leur réclamant dans une vidéo diffusée en direct sur TikTok de fermer leurs mairies sous peine d'être "attaqués" par ses partisans.

"On va vous attaquer. On va faire un grand nettoyage, de l'extérieur comme de l'intérieur", avait déclaré le militant, apprécié de ses partisans pour sa faconde autant qu'il est critiqué pour ses méthodes et les émeutes urbaines qui ont accompagné la mobilisation anti-vie chère, notamment dans son fief du quartier populaire de Sainte-Thérèse.

Les deux jours d'audience marathon au tribunal correctionnel de Fort-de-France, mardi et mercredi, ont été suivis par de nombreux soutiens de Rodrigue Petitot qui s'étaient massés devant les grilles du tribunal. Encore nombreux, ceux-ci ont accueilli comme une demi-victoire la décision du tribunal vendredi.

"Il a vraiment été malmené. Il n'y a pas de raison sérieuse de le garder en prison", a déclaré à l'AFP Jen Flo, une sympathisante de 40 ans devant le tribunal.

Encore inconnu l'été dernier, Rodrigue Petitot s'est fait connaître par ses diatribes sur TikTok après la création du RPPRAC et par les blocages de supermarchés pour dénoncer les prix de l'alimentaire, même si les manifestations organisées par le mouvement n'ont pas rassemblé les foules.

Des négociations découlant de la mobilisation et regroupant militants, distributeurs, élus locaux et l'Etat, ont débouché sur un accord pour faire baisser les prix d'environ 6.000 produits alimentaires à la mise en oeuvre toutefois encore aléatoire.

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