Industrie

Rockwool construit son second site industriel français

Le groupe d'origine danoise Rockwool, spécialiste de la fabrication de laine de roche, débute depuis plusieurs mois la construction de son second site industriel français près de Soissons. Un projet industriel d'envergure pour l'Aisne qui doit permettre de créer 130 emplois directs et créer et soutenir jusqu'à 1 000 emplois indirects et induits. Le projet critiqué localement poursuit sa route et l'usine pourrait être opérationnelle à la fin de l'année 2026.

Thomas Saillard, chef de projet et directeur du site Rockwool de Courmelles.
Thomas Saillard, chef de projet et directeur du site Rockwool de Courmelles.

Le projet Rockwool poursuit son chemin à Courmelles, près de Soissons. Ici, le groupe danois souhaite créer depuis 2018 son second site de production français après celui de Saint-Éloy-les-Mines (Puy-de-Dôme). Après de nombreux recours devant la justice dont certains sont encore en cours, le chantier de construction a pu débuter en novembre dernier sur la ZAC du Plateau. « Il s'agit d'un projet industriel d'envergure comme il n'y en a pas d'autres dans l'Aisne aujourd'hui, explique Thomas Saillard, ancien responsable de production du site auvergnat de Rockwool et futur directeur de celui de Courmelles. Le site va produire de l'isolation pour les bâtiments. Il répondra à plusieurs objectifs nationaux parmi lesquels celui de la réindustrialisation du pays mais va aussi permettre à la France qui est déficitaire en capacité de production d'isolation par rapport à ses besoins, de réduire ses importations en la matière. La France a aussi un parc immobilier vieillissant et peu isolé et on estime que 40% du parc est à rénover. »

110 000 tonnes de laine de roche par an

Si en 2018 et 2019, la présentation du projet Rockwool n'avait suscité que peu d'oppositions et questions, la méfiance a gagné du terrain au sein d'une partie de la population soissonnaise. La future usine est accusée de consommer énormément d'eau, d'électricité, de rejeter d'importantes quantités de CO2 ou encore de produits chimiques et autres perturbateurs endocriniens. Des manifestations contre le projet ont réuni plusieurs centaines de personnes et un festival contre l'implantation de l'usine est encore prévu à la mi-juin. « Il y a vingt ans, construire une telle usine aurait été vu comme une très bonne nouvelle pour le territoire mais depuis cette date, on n'a plus construit d'usines en France et l'image déjà négative s'est encore détériorée, on a parlé de l'industrie en termes de licenciements, de fermetures et de délocalisations », rappelle Thomas Saillard.

La future usine Rockwool de Courmelles dimensionnée pour produire 110 000 tonnes de laine de roche par an, n'aurait rien à voir avec les anciennes usines en terme de process de production. « Le choix a été fait d'avoir un four de fusion électrique permettant de réduire de 70% les émissions de gaz à effet de serre qui seront au maximum de 22 000 tonnes par an et pas 80 000 tonnes comme je l'ai lu, plaide le chef de projet soissonnais. Nous allons consommer de l'électricité oui mais cette énergie est largement décarbonée en France. Concernant l'eau, nous serons un petit consommateur par rapport aux industries agroalimentaires axonaises, à des blanchisseries industrielles ou à des cartonneries. Nous allons utiliser 4% du réseau d'eau de la ZAC et nous allons récupérer les eaux pluviales du site grâce à des bassins de récupération qui vont couvrir au moins 50% de nos besoins en eau. »

Une future usine 4.0

Rockwool rappelle que la future usine ne sera pas classée en site Seveso puisqu'elle ne stockera pas de produits chimiques dangereux notamment utilisés pour le liant puisque les colles et liants ne seront pas fabriqués sur place et rappelle qu'elle n'émet pas de substances reconnues comme perturbateurs endocriniens.

La future usine se veut digitalisée, aux nouvelles normes et 4.0. « Ce sera déjà un énorme chantier que de la construire, aujourd'hui nous n'en sommes qu'au début du terrassement mais dans les deux années qui viennent, il y aura des pics de 300 à 400 personnes sur le site, souligne le responsable. La campagne de recrutement n'a pas encore véritablement commencé mais nous avons déjà reçu plus de 500 candidatures spontanées. Nous aurons besoin de 60 opérateurs de production à plusieurs niveaux de qualification, 25 personnes dans le département maintenance ainsi que des personnes en fonctions support. Nous ferons appel aussi à des fournisseurs locaux et à des transporteurs locaux que nous commençons à identifier. » Rockwool travaille avec l'IUT et Promeo pour recruter sa future main-d’œuvre et accueillera prochainement des alternants. L'usine pourrait être opérationnelle à la fin de l'année 2026.

Thomas Saillard sur le chantier du futur site de production de laine de roche à Courmelles.