RN ou front républicain: le vote commence pour un second tour historique

Le "front républicain" formé pour contrer le Rassemblement national fonctionnera-t-il ? Les Français ont commencé samedi à donner leur réponse, dans les outre-mer et en Amérique, pour un...

Cartes montrant dans quelles circonscriptions le RN va affronter en duel le NFP et ses alliés, le camp présidentiel, LR ou des candidats d'autres nuances, et qui est arrivé en tête au premier tour © Nalini LEPETIT-CHELLA
Cartes montrant dans quelles circonscriptions le RN va affronter en duel le NFP et ses alliés, le camp présidentiel, LR ou des candidats d'autres nuances, et qui est arrivé en tête au premier tour © Nalini LEPETIT-CHELLA

Le "front républicain" formé pour contrer le Rassemblement national fonctionnera-t-il ? Les Français ont commencé samedi à donner leur réponse, dans les outre-mer et en Amérique, pour un week-end d'élections législatives aux enjeux historiques.

A Saint-Pierre-et-Miquelon, où les électeurs ont voté les premiers, comme en Guadeloupe et en Martinique, la participation à la mi-journée était stable par rapport au premier tour et plus élevée qu'au même moment aux législatives de 2022.

"Je n'ai pas voté en 2022" mais "cette fois-ci, l'enjeu est gros quand même", a affirmé à l'AFP, Nina, salariée dans les ressources humaines de 31 ans, qui votait dans la commune du Lamentin, dans la 3e circonscription de Guadeloupe.

La Guyane fait exception avec 10,8% de participation à midi, contre 16,1% au premier tour et 13,14% en 2022. Ce désintérêt s'explique par les "faibles enjeux", du scrutin qui s'est joué dès le premier tour selon Louis, un électeur de 39 ans, les deux députés sortants étant arrivés largement en tête.

En Polynésie, la participation, faible comme lors des précédentes législatives, s'élevait à 18,9% à midi. "J'attends une baisse des prix, c'est pour ça que je vote, pour remplir le caddie", a expliqué à l'AFP Ferdinand Mairoto, un électeur tahitien de 54 ans.

Les Français vivant sur le continent américain et en Nouvelle-Calédonie ont eux aussi commencé à voter. Ceux de métropole et des autres territoires d'outre-mer voteront dimanche.

A l'échelle du pays, rarement des élections législatives auront déchaîné autant les passions, suscité l'anxiété des uns ou l'espoir de ceux qui, en votant pour le parti de Marine Le Pen, veulent donner à sa famille politique la possibilité de gouverner.

Un gouvernement issu de l'extrême droite en France serait une première depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Quelques heures avant la fin de la campagne électorale vendredi à minuit et le début d'une période de réserve, plusieurs sondages semblaient montrer un resserrement entre les trois blocs: le RN et ses alliés, l'alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP) et les macronistes.

Le bloc d'extrême droite obtiendrait ainsi une majorité relative: 200 à 230 sièges selon Elabe, 205 à 230 pour OpinionWay, 175 à 205 pour Ipsos, 170 à 210 pour Ifop, 185 à 215 pour Harris Interactive, une progression spectaculaire par rapport aux 88 députés RN sortants mais insuffisante pour atteindre seul la majorité absolue (289 députés).

Parti unique

Dimanche dernier, après le premier tour remporté avec 33,2%, le parti lepéniste semblait en capacité d'obtenir une forte majorité relative, voire une majorité absolue.

Malgré un léger tassement, il avait réédité sa victoire des élections européennes du 9 juin, qui avait poussé le président Emmanuel Macron à renverser la table en prononçant la dissolution de l'Assemblée nationale.

Pour Marine Le Pen, si les derniers sondages se confirmaient, ce serait le triomphe d'un "parti unique" de "ceux qui veulent conserver le pouvoir contre la volonté du peuple". Le fruit de "magouilles", a renchéri l'un de ses lieutenants Jean-Philippe Tanguy.

Dans les heures qui ont suivi le premier tour, plus de 200 candidats de la gauche et du centre se sont désistés. Et des dizaines de triangulaires, qui semblaient favorables au RN, se sont transformées en duels beaucoup plus incertains.

Partisan de l'union à gauche malgré son opposition à La France insoumise (LFI), l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, ex-tête de liste des socialistes aux européennes, a mis en garde contre une démobilisation des électeurs et affirmé que la possibilité d'une majorité absolue pour le parti lepéniste ne pouvait pas être écartée.

"Contrairement à la petite musique qui s'installe, ce n'est pas du tout garanti au moment où on se parle", a-t-il déclaré vendredi soir.

Si le Rassemblement national franchissait la barre des 289 élus, ou s'en approchait, c'est Jordan Bardella, 28 ans, qui entrerait à Matignon. Il deviendrait le plus jeune Premier ministre de l'histoire et mettrait en place le programme anti-immigration prôné depuis des décennies par son parti.

Mais si la gauche et les macronistes parvenaient, avec leur front républicain, à faire échec au RN, il leur faudrait proposer aux Français une solution pour gouverner le pays.

La carpe et le lapin

L'idée d'une large coalition rassemblant une partie de la gauche, le bloc central et la droite hostile à un accord avec le RN, a donc émergé. Mais sur quel programme cette alliance décrite par les politologues comme "baroque" ou "de la carpe et du lapin" pourrait-elle s'entendre?

Entre les socialistes qui refusent d'être des "supplétifs" du camp présidentiel, les écologistes qui considèrent qu'une telle coalition doit appliquer le programme du NFP, et des macronistes qui appellent à "faire un pas vers l'autre", l'équation s'annonce complexe et les discussions ardues.

Gabriel Attal a déclaré vendredi que son gouvernement pourrait assurer la continuité de l'Etat "aussi longtemps que nécessaire", c'est-à-dire expédier les affaires courantes en attendant la formation d'un nouveau gouvernement. La question se pose d'autant plus que Paris accueillera les Jeux Olympiques du 26 juillet au 11 août.

La tradition veut que le gouvernement présente sa démission après des élections législatives. Gabriel Attal a fait savoir qu'il s'exprimerait dimanche soir sur ses intentions.

La fin de campagne, dans un climat de grande tension, a été marquée par des agressions et violences envers des candidats ou militants. Face à d'éventuels débordements dimanche soir, 30.000 policiers seront mobilisés, dont 5.000 à Paris.

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